BIBLIOGRAPHIE
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C'est le cas de dire que, pour se documenter sur un sujet aussi vaste et aussi
séduisant, il n'y a que l’embarras du choix. Les divers départements de la Biblio-
thèque Nationale, les musées du Louvre, de la Ville de Paris, de Versailles, de
Chantilly, de South Kensington, les Monuments du costume et les Œuvres do
Rousseau (1774, in-4°), de Moreau le jeune, les Chansons de Laborde et celles de
Laujon, etc., ont été misa contribution, aussi bien que les collections privées les
plus riches, comme celles de Mme la comtesse de Béarn, de M™ la marquise de
Biencourt, de Mme Georges Duruy, héritière des curiosités rassemblées par Achille
Jubinal et les frères de Saint-Albin, de MM. des Cars, de Castellane, de Fontanges,
d'Haussonville, d’Harcourt, de Lestrange, Germain Bapst, A. Darblay, etc. Vingt
planches hors texte, et près de cinq cents reproductions de tableaux, de dessins,
de gravures, de bustes, de médailles, de meubles, de porcelaines, de bibelots,
semées pour ainsi dire à chaque page, et souvent au recto et au verso du même
feuillet, constituent un ensemble des plus satisfaisants. Toutes ces reproductions,
cependant, ne sont pas également bien venues, et plus d’un portrait, soit d’après
l’original, soit d’après une estampe, a poussé au noir. Il s’est aussi glissé çà et là
quelques attributions erronées et faciles à rectifier lors d’un prochain tirage.
Ainsi, p. 242, la Position du cavalier n’est point de Gravelot, mais un dessin de
Moreau le jeune, gravé par Ingouf junior, pour servir de frontispice aux Essais sur
l’équitation de Mottin de La Balme (Amsterdam et Paris, 1773, in-8°) ; ainsi
encore, p. 291, le portrait au pastel du musée de Tours n’est pas celui de Per-
ronneau par lui-même ; jusqu’à présent on ne peut tenir pour une effigie au-
thentique du peintre que le profil gravé parNicolet, d’après Cochin.
De leur propre aveu, les éditeurs n’ont visé qu’à établir un album, et ils ont
confié à un arrangeur anonyme le soin de découper le texte qui l’encadre dans
les mémorialistes et les épistolaires du temps. C’était M. Émile Bourgeois, maître
de conférences à l’École normale, qui s’était chargé de présenter le Grand Siècle
aux lecteurs. Le Dix-huitième siècle se présente lui-même, et, à part quelques tran-
sitions, d’ailleurs habilement amenées, Voltaire, Diderot, Rousseau, Marmontel,
Mercier, d’Argenson, Weber, Soulavie, Mmesde Staël, du Deffand, de Genlis, Campan,
ont seuls la parole. Une exception a été faite toutefois en faveur de deux écrivains
vivants : M. Lucien Perey, auteur de la célèbre Histoire d’une grande dame,
et M. Gaston Maugras, auteur du Duc de Lauzun et la Cour de Louis XVI. En
revanche, j’ai vainement cherché, dans ces quatre cents pages, une citation
empruntée à MM.de Concourt, qui sont et demeureront cependantleshistoriens
par excellence de l’art et de la femme du xvme siècle. A première vue, rien ne
semble plus conforme à nos idées actuelles en matière de critique historique que
cet emploi des sources elles-mêmes : par malheur, plusieurs d’entre elles sont à
bon droit suspectes, et ni Mme Campan, ni Mme de Genlis, ni Weber (par la
plume de Lally-Tollendal), ni Soulavie, ce mystificateur impudent, ne sauraient
être, pour des motifs qu’il serait trop long d’alléguer ici, considérés comme des
autorités sérieuses. Un autre inconvénient de ces citations, en quelque sorte
classiques, est de faire repasser sous les yeux du lecteur des anecdotes et des
reparties tellement connues qu’il lui arriverait volontiers — je tombe en ce
moment moi-même dans le défaut que je signale — de saluer, non à chaque
vers, comme l’abbé de Voisenon pendantque le marquis deXiménès lui infligeait
la lecture cl’une tragédie, mais à chaque page, une vieille connaissance.
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C'est le cas de dire que, pour se documenter sur un sujet aussi vaste et aussi
séduisant, il n'y a que l’embarras du choix. Les divers départements de la Biblio-
thèque Nationale, les musées du Louvre, de la Ville de Paris, de Versailles, de
Chantilly, de South Kensington, les Monuments du costume et les Œuvres do
Rousseau (1774, in-4°), de Moreau le jeune, les Chansons de Laborde et celles de
Laujon, etc., ont été misa contribution, aussi bien que les collections privées les
plus riches, comme celles de Mme la comtesse de Béarn, de M™ la marquise de
Biencourt, de Mme Georges Duruy, héritière des curiosités rassemblées par Achille
Jubinal et les frères de Saint-Albin, de MM. des Cars, de Castellane, de Fontanges,
d'Haussonville, d’Harcourt, de Lestrange, Germain Bapst, A. Darblay, etc. Vingt
planches hors texte, et près de cinq cents reproductions de tableaux, de dessins,
de gravures, de bustes, de médailles, de meubles, de porcelaines, de bibelots,
semées pour ainsi dire à chaque page, et souvent au recto et au verso du même
feuillet, constituent un ensemble des plus satisfaisants. Toutes ces reproductions,
cependant, ne sont pas également bien venues, et plus d’un portrait, soit d’après
l’original, soit d’après une estampe, a poussé au noir. Il s’est aussi glissé çà et là
quelques attributions erronées et faciles à rectifier lors d’un prochain tirage.
Ainsi, p. 242, la Position du cavalier n’est point de Gravelot, mais un dessin de
Moreau le jeune, gravé par Ingouf junior, pour servir de frontispice aux Essais sur
l’équitation de Mottin de La Balme (Amsterdam et Paris, 1773, in-8°) ; ainsi
encore, p. 291, le portrait au pastel du musée de Tours n’est pas celui de Per-
ronneau par lui-même ; jusqu’à présent on ne peut tenir pour une effigie au-
thentique du peintre que le profil gravé parNicolet, d’après Cochin.
De leur propre aveu, les éditeurs n’ont visé qu’à établir un album, et ils ont
confié à un arrangeur anonyme le soin de découper le texte qui l’encadre dans
les mémorialistes et les épistolaires du temps. C’était M. Émile Bourgeois, maître
de conférences à l’École normale, qui s’était chargé de présenter le Grand Siècle
aux lecteurs. Le Dix-huitième siècle se présente lui-même, et, à part quelques tran-
sitions, d’ailleurs habilement amenées, Voltaire, Diderot, Rousseau, Marmontel,
Mercier, d’Argenson, Weber, Soulavie, Mmesde Staël, du Deffand, de Genlis, Campan,
ont seuls la parole. Une exception a été faite toutefois en faveur de deux écrivains
vivants : M. Lucien Perey, auteur de la célèbre Histoire d’une grande dame,
et M. Gaston Maugras, auteur du Duc de Lauzun et la Cour de Louis XVI. En
revanche, j’ai vainement cherché, dans ces quatre cents pages, une citation
empruntée à MM.de Concourt, qui sont et demeureront cependantleshistoriens
par excellence de l’art et de la femme du xvme siècle. A première vue, rien ne
semble plus conforme à nos idées actuelles en matière de critique historique que
cet emploi des sources elles-mêmes : par malheur, plusieurs d’entre elles sont à
bon droit suspectes, et ni Mme Campan, ni Mme de Genlis, ni Weber (par la
plume de Lally-Tollendal), ni Soulavie, ce mystificateur impudent, ne sauraient
être, pour des motifs qu’il serait trop long d’alléguer ici, considérés comme des
autorités sérieuses. Un autre inconvénient de ces citations, en quelque sorte
classiques, est de faire repasser sous les yeux du lecteur des anecdotes et des
reparties tellement connues qu’il lui arriverait volontiers — je tombe en ce
moment moi-même dans le défaut que je signale — de saluer, non à chaque
vers, comme l’abbé de Voisenon pendantque le marquis deXiménès lui infligeait
la lecture cl’une tragédie, mais à chaque page, une vieille connaissance.