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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 3
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Lechat, Henri: Quelques vues sur l'évolution de la sculpture grecque, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0193

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sujets et de certains types, il y avait à fixer ces sujets et ces types.
Ils n’étaient pas bien nombreux d’abord, et leur petit nombre a eu
pour effet de mieux concentrer l’effort des sculpteurs primitifs et de
Je rendre plus soutenu, plus efficace.

Les deux principaux de ces types, celui de la figure nue, debout,
et celui de la figure vêtue, assise ou debout, qui servaient également
pour les représentations de la vie humaine et de la divinité, nous sont
connus par quantité d’exemplaires de toute provenance et de tout
âge, qui nous en montrent la formation degré par degré, nuance
par nuance. Rien de plus aisé, nous semble-t-il aujourd’hui, pour qui
sait manier les outils du sculpteur, que d’exécuter une figure, drapée
ou nue, qui ait un peu l'apparence de la vie ; elle pourra être ba-
nale et sans intérêt, même incorrecte : il paraît impossible, son auteur
étant un homme du métier,qu’elle n’ait pas au moins quelque liberté
dans le geste, quelque expression dans la physionomie, quelque jus-
tesse dans l’attitude, quelque vérité dans les plis du vêtement sur le
corps. Oui, cela est réellement impossible aujourd’hui, —grâce aux
vingt-cinq siècles de pratique ininterrompue de l’art que nos sculp-
teurs ont derrière eux. Mais les sculpteurs novices de la Grèce, sans
passé artistique, sans guide, réduits à leur seules forces et à leur
seule inspiration devant le bloc de matière, ont éprouvé de longues
difficultés pour rendre, même sous les formes les plus simples, le
mouvement et l’animation de l’être vivant. Si l’on suit le progrès de
leurs tentatives, depuis le xocinon primitif, où la figure, ayant à peine
l’aspect humain, semble tout entière enfermée dans une gaine rigide,
géométriquement taillée, on les voit, avec une prudente méthode et
des précautions infinies, s’enhardir à détacher une jambe de l’autre,
puis à plier un avant-bras, puis à faire mouvoir différemment les
deux bras 1 ; et il faut bien des années et du labeur encore avant
qu'ils fassent circuler plus d’aisance dans ces premiers gestes angu-
leux; une fois maîtres de ceux-là, ils en essaient d’autres plus com-
plexes, et, s’appliquant de la sorte à décomposer les mouvements
naturels du corps, ils se rendent enfin capables de donner à leurs
figures le mouvement. En même temps — plus originaux dans leur
inexpérience que les habiles sculpteurs de l’Egypte, de la Chaldée ou
de l’Assyrie — ils commencent à entrevoir la valeur plastique de la
draperie, ils sentent confusément qu’on la doit traiter, non comme
une « matière morte », étrangère au corps qu’elle recouvre, mais
comme une matière vivante, finement sensible et harmonieusement

1. Cf. Th. Homolle, De antiquissimisDianæ simulacris deliacis, p.65 et suivantes.
 
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