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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 3
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Mély, Fernand de: Le sculpteur portugais Boytaca et l'orfèvre italien Aquabove à Belem
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0229

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218

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

« Ce style (il parle de Belem et de Boytaca) est le miroir des pré-
occupations et des faits contemporains de Yimpresa que le roi Don
Manuel ajoute à ses armes ; nous la retrouvons partout, du nord au
midi, au fronton des monuments et jusque dans les chefs-d’œuvre
de l’orfèvrerie U »

Telle est également l'opinion de Ch. de Linas, qui, dans un
substantiel article sur Y Exposition universelle de 1867~, décrit,
comme il savait le faire, et admire dans ses plus petits détails une
œuvre d’orfèvrerie manuéline : l’ostensoir de Belem, que le roi Don
Luis avait confié à l’Exposition de Paris. A quel style appartient cet
ostensoir? Il ne peut répondre. La pièce procède-t-elle du goût ita-
lien? Il ne le trouve pas. A son avis, elle se rapprocherait plutôt de
l’art flamand.

L’inscription gravée sur le pied :

O MVITO ALTO PRINCIPE E PODEROSO SENHOR REI DON MANVEL I A MANDO
FAZER DO OVRO 1 DAS PARTAS DE QVILVA
AQVABOVE CCCCCVI

nous apprend-elle autre chose que l’heureux retour de Vasco de
Gama venant déposer aux pieds de son souverain, le 20 décembre
1506, l’or recueilli par lui dans la province de Quiloa? Car le nom
d’Aquabove, l’artiste qui exécute cette pièce si délicate, a-t-il quelque
autre part laissé trace de son passage? Et Linas de se demander,
avec beaucoup de justesse, s’il ne serait pas italien? C’est plus que
probable, car ce nom s’affilie aux dialectes siciliens ou napolitains,
et nous n’ignorons pas le séjour d’artistes italiens à la cour de Don
Manuel. Mais ensuite ?

Tout cela me revenait en mémoire devant une monstrance
admirée à l’Exposition d’Orvieto : l’ostensoir de Pietro Vanini,
d’Ascoli. Dans l’ostensoir de Belem, je trouvais des réminiscences
très évidentes de cette orfèvrerie italienne du xve siècle, dont deux
expositions d’art sacré viennent de nous permettre d’approfondir
l’examen : mais je sentais aussi, dans ces petits personnages, dans
leur économie, dans leur disposition, des influences flamandes,
comme l’a très bien fait remarquer Linas. En un mot, si le portail
de Belem était le « carrefour des architectures », l’ostensoir des Hié-
ronymites me semblait le « carrefour des styles ».

De là à étudier dans ses moindres détails le portail du couvent,

{. Gazette des Beaux-Arts, 2e pér., t. XXV (4 882), p. 452.

2. Revue de l’Art chrétien, t. XI (1867), p. 275.
 
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