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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

DOI issue:
Nr. 3
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Rodrigues, Eugène: Un dessin de jeunesse d'Albert Dürer pour la "Sainte famille au Papillon"
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0238

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226

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Car, s’il est malaisé de déterminer l’âge du jeune homme et de lui
donner plutôt vingt ans que dix-sept, la différence d’exécution dans
les mains des deux portraits est si grande, qu'il faut admettre plus
volontiers l’hypothèse d’un écart de sept ou huit ans entre les deux
oîuvres que celle d’un écart de trois ans seulement. Le tracé du doigt
de 1484 est tout à fait puéril ; la facture du dessin d’Erlangen, en
cette partie, fait déjà pressentir le maître. C’est ce qui nous conduit à
penser que ces deux études pour la Sainte Famille au papillon doi-
vent être comptées parmi les derniers dessins tracés par Dürer, sans
date ni monogramme, et attribuées à l’année 1491 ou 1492. Notons
aussi que la position de cette main est exactement la même que
celle du saint Joseph dans la composition qui fait l’objet de cette
étude. Ce qui caractérise encore l’opiniâtreté et la conscience de
l’artiste dans ses recherches préparatoires.

Enfin, nous sommes tenté d’attribuer à un scrupule tou-
chant de l’artiste une différence capitale entre la gravure et le
dessin. Après avoir observé son habileté à dessiner les mains et
le soin qu'il y apporta, on constate qu’elles ne figurent pas
dans la gravure. Celle de Marie est cachée par le vêtement de
Jésus, et celle de saint Joseph, pendant de profil, est réduite à l’insi-
gnifiance. Pourquoi cette abstention, après un tel effort d’étude ?
Ne pourrait-on pas supposer que Durer, déjà expert au maniement
de la plume, s’est jugé trop inexpérimenté dans la direction du
burin pour aborder, sur le cuivre, des difficultés de ce genre?

En même temps, ce détail nous suggère un doute sur l’exac-
titude de la date 1496, assignée par Bartsch et Thausing à l’es-
tampe de la Sainte Famille au papillon. Peut-être, malgré son
monogramme, d’ailleurs archaïque, conviendrait-il de lui donner
une origine un peu plus éloignée, c’est-à-dire se rapprochant de
l’année 1493.

De plus érudits que nous trancheront cette question. Notre seule
ambition est de classer ici un dessin de Dürer inspiré par la genèse
de sa première estampe, et où déjà rayonne l’aurore de son prodi-
gieux génie.

E U GÈNE RODRIGUES
 
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