LES PEINTRES ORIENTALISTES FRANÇAIS
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si, éloquemment exprimés par Fromentin sur l’interprétation de
l'Orient étaient appelés, chaquejour, à se dissiper. S'il considère, en
effet, que le sentiment le plus étranger à l’art et le plus funeste est
celui de la curiosité, l’Orient, grâce au prestige de ses incomparables
traducteurs, littérateurs ou poètes, a tellement pénétré chez nous qu'il
ne nous offre plus d’étonnements. Nous sommes depuis longtemps
acclimatés « à la nouveauté de scs aspects, à l’originalité de ses types,
à l’âpreté de ses effets, au
rythme particulier de ses
lignes, à la gamme inusitée
de ses couleurs ».
Les circonstances exté-
rieures n’élaient pas sans
avoir prépare, de leur côté,
l’esprit du public, en tournant
tous les yeux, depuis le début
du siècle, vers la Grèce, l’É-
gypte, la Syrie, ou l’Algérie,
que nous apprenions à con-
naître par de longues et diffi-
ciles conquêtes. Ces circons-
tances se sont renouvelées de
notre temps avec une nou-
velle intensité, depuis que
le mystère impénétrable de
l’Afrique a été violé par tant
de hardis explorateurs, et que
la vieille Europe s’est ruée,
dans un subit élan de con-
voitise, au dernier partage
des mondes inconnus. Toutes
ces conquêtes pacifiques ou sanglantes, tout ce mouvement d’expan-
sion coloniale qui, depuis vingt ans au moins, met en concurrence
ou en conflit tous les États du vieux continent sur le sol afri-
cain ou extrême-oriental, ces considérations d’ordre politique ou
économique, ont sollicité plus impérieusement encore l’esprit de
nos jeunes générations. Les écrivains, les artistes ne se sont plus
trouvés les initiateurs du public dans cette voie ; ils sont nés de ce
désir même du public d’être renseigné, de connaître à fond ces
régions inexplorées qui hantent son imagination, non plus seule-
XXI . — 3e PÉRIODE. 31
ENFANT ARABE (bISKRA), DESSIN DE M. P. LEROY
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si, éloquemment exprimés par Fromentin sur l’interprétation de
l'Orient étaient appelés, chaquejour, à se dissiper. S'il considère, en
effet, que le sentiment le plus étranger à l’art et le plus funeste est
celui de la curiosité, l’Orient, grâce au prestige de ses incomparables
traducteurs, littérateurs ou poètes, a tellement pénétré chez nous qu'il
ne nous offre plus d’étonnements. Nous sommes depuis longtemps
acclimatés « à la nouveauté de scs aspects, à l’originalité de ses types,
à l’âpreté de ses effets, au
rythme particulier de ses
lignes, à la gamme inusitée
de ses couleurs ».
Les circonstances exté-
rieures n’élaient pas sans
avoir prépare, de leur côté,
l’esprit du public, en tournant
tous les yeux, depuis le début
du siècle, vers la Grèce, l’É-
gypte, la Syrie, ou l’Algérie,
que nous apprenions à con-
naître par de longues et diffi-
ciles conquêtes. Ces circons-
tances se sont renouvelées de
notre temps avec une nou-
velle intensité, depuis que
le mystère impénétrable de
l’Afrique a été violé par tant
de hardis explorateurs, et que
la vieille Europe s’est ruée,
dans un subit élan de con-
voitise, au dernier partage
des mondes inconnus. Toutes
ces conquêtes pacifiques ou sanglantes, tout ce mouvement d’expan-
sion coloniale qui, depuis vingt ans au moins, met en concurrence
ou en conflit tous les États du vieux continent sur le sol afri-
cain ou extrême-oriental, ces considérations d’ordre politique ou
économique, ont sollicité plus impérieusement encore l’esprit de
nos jeunes générations. Les écrivains, les artistes ne se sont plus
trouvés les initiateurs du public dans cette voie ; ils sont nés de ce
désir même du public d’être renseigné, de connaître à fond ces
régions inexplorées qui hantent son imagination, non plus seule-
XXI . — 3e PÉRIODE. 31
ENFANT ARABE (bISKRA), DESSIN DE M. P. LEROY