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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 3
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Bénédite, Léonce: Les peintres orientalistes français
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0262

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LES PEINTRES ORIENTALISTES FRANÇAIS

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patrimoine national, qu’il faut jalousement garder intact. Ils ont
voulu réveiller le respect des monuments, des mœurs, de la physio-
nomie des quartiers indigènes, de tous les spectacles originaux et
attirants qui pourraient faire, à eux seuls, la richesse de nos colonies
et qu’on s’est souvent appliqué à détruire, par ignorance coupable
ou fanatisme occidental. A côté même de ce rôle de propagande et de
conservation, les Orientalistes se sont donné une mission de résur-
rection : ils veulent tenter de réveiller, en les stimulant, les indus-
tries locales de nos colonies, dont quelques-unes, avec un peu
d’efforts logiques et suivis, ne tarderaient pas à se développer.

Le principal moyen d'action de cette société est fourni par les
expositions, soit à Paris, soit dans toute autre ville ayant des intérêts
coloniaux, soit dans les pays coloniaux eux-mêmes, comme l’exposi-
tion spéciale qui eut lieu, en 1896, sous les auspices du gouvernement,
à Tunis. Ces expositions ont pour objet de grouper les ouvrages des
sociétaires et des invités ; de rendre hommage à la mémoire des
glorieux devanciers dont les œuvres réunies offrent un précieux
enseignement; de faire entrer, grâce à des exhibitions rétrospectives
d’art musulman, dans le domaine de la biographie et de l’histoire,
à l’exemple de ce qui a été fait pour les arts de l’Extrême-Orient, ces
arts incomparables du Levant, plus proches de notre esthétique, et
qui ont tant influé sur nos propres arts, à toutes les époques de notre
développement. Ils seconderont ainsi les efforts tentés à Alger par
M. Georges Marye, à Tunis par MM. Gauckler, directeur des antiquités
et des arts, et Sadoux, inspecteur du même service, dans la tache
méritoire qu’ils se sont donnée de recueillir et de sauver les derniers
vestiges des arts indigènes. Un prix annuel, accordé à la meilleure
étude locale exécutée par un peintre né ou domicilié dans nos pays
coloniaux ; des concours institués, grâce au bienveillant appui de
M. le ministre des Beaux-Arts et de M. le directeur des Beaux-Arts,
en vue d’encourager les artisans indigènes d’Algérie ou de Tunisie,
produiront, nous n'en doutons point, d’heureux résultats.

Aces divers titres, les peintres orientalistesd’aujourd’hui se seront
montrés les dignes successeurs de leurs aînés ; ils auront continué à
apporter à l’art un afflux nouveau d’impressions inédites et fortes, et
ils auront, en même temps, servi les intérêts plus immédiats du pays,
en entreprenant, par le prestige de l’art, la fascination de l’image, la
propagande la plus efficace en faveur des nouveaux empires qui pro-
longent notre patrie au delà des mers.

LÉONCE BENEDITE
 
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