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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
du musée du Louvre, sous la dénomination ordinaire d’ « école
flamande » l, je fus frappé d'abord de ses caractères hol-
landais, marqués et multipliés. L’abondance des
motifs et des personnages permettait de pousser
l'étude fort loin. Ici, c’était—dans l'arrangement
un peu gauche et entassé des principaux
acteurs ou simples figurants du drame, dans
la raideur de leurs attitudes et la sévérité de
leurs physionomies, dans la gravité toute
romaine de certaines têtes, dans l’impassibi-
lité presque sculpturale des traits de cer-
tains types masculins -— comme
une tradition déjà lointaine,
mais vivace encore, du style
d’Albert van Ouwater, le chef
de l’école de Haarlem, et de
Dirck Bouts, son concitoyen
et élève probable. Là, dans la
recherche d’une grâce fémi-
nine un peu maniérée, comme
dans celle d’une trivialité
poussée jusqu’au grotesque
chez les gens de bas étage —
et notamment dans l’entente
du fond de paysage qui relie
les scènes extérieures, dans
la disposition pyramidale du
terrain montueux, dans la
façon dont les silhouettes
des figures se découpaient
sur ses hauteurs accidentées
— onreconnaissaitl’influence
voisine, mais infiniment
moins prépondérante, de
Cornélis Engelbrechtsen de
Leyde. La prédominance de
LE COURONNEMENT D EPINES
Triptyque d’Oultremont, intérieur du volet gauche.
ces deux impressions, de la
première surtout, n’était ni
amoindrie ni contrariée par les analogies de deux ou trois person-
1. Ou allemande (vente Chevallier, 1889).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
du musée du Louvre, sous la dénomination ordinaire d’ « école
flamande » l, je fus frappé d'abord de ses caractères hol-
landais, marqués et multipliés. L’abondance des
motifs et des personnages permettait de pousser
l'étude fort loin. Ici, c’était—dans l'arrangement
un peu gauche et entassé des principaux
acteurs ou simples figurants du drame, dans
la raideur de leurs attitudes et la sévérité de
leurs physionomies, dans la gravité toute
romaine de certaines têtes, dans l’impassibi-
lité presque sculpturale des traits de cer-
tains types masculins -— comme
une tradition déjà lointaine,
mais vivace encore, du style
d’Albert van Ouwater, le chef
de l’école de Haarlem, et de
Dirck Bouts, son concitoyen
et élève probable. Là, dans la
recherche d’une grâce fémi-
nine un peu maniérée, comme
dans celle d’une trivialité
poussée jusqu’au grotesque
chez les gens de bas étage —
et notamment dans l’entente
du fond de paysage qui relie
les scènes extérieures, dans
la disposition pyramidale du
terrain montueux, dans la
façon dont les silhouettes
des figures se découpaient
sur ses hauteurs accidentées
— onreconnaissaitl’influence
voisine, mais infiniment
moins prépondérante, de
Cornélis Engelbrechtsen de
Leyde. La prédominance de
LE COURONNEMENT D EPINES
Triptyque d’Oultremont, intérieur du volet gauche.
ces deux impressions, de la
première surtout, n’était ni
amoindrie ni contrariée par les analogies de deux ou trois person-
1. Ou allemande (vente Chevallier, 1889).