BIBLIOGRAPHIE
349
lambris étaient couverts Je feuilles guillochées de divers métaux, on comprend
le passage de Y Odyssée (vii, 94-90) que cite M. Perrot, la description du palais,
rêvé par le poète, du roi des Phéaciens :
« C’était comme les rayons du soleil ou ceux de la lune qui brillaient — dans
la haute maison du magnanime Alkinoos. — Des murs de bronze avaient été
menés de l’un à l’autre côté, — depuis le seuil jusqu’au fond de l’appartement ;
une frise de verre bleu régnait surtout le
pourtour. — Des portes d’or fermaient la
maison bien close ; — des jambages d'argent
se dressaient sur le seuil de bronze, — le
linteau était d’argent, et d’or l’anneau qui
tirait le battant ».
Il est évident que « d’or » signifie : cou-
vert d'une très mince feuille d’or. Mais, à
cela près, les débris de clous de bronze à
tête dorée, d'ivoire, d'albàtre, de bronze,
d’émail bleu, de plaquettes d’or guillochées
que Schliemann retira des fouilles sont là
pour prouver que cette description, un peu
enjolivée sans doute, avait été prise dans la
réalité.
M. Perrot n'hésite pas — et il en four-
nit de bonnes preuves — à faire remonter
jusqu’au xve siècle la période la plus floris-
sante de la civilisation mycénienne. C’est
donc aussi à cette époque qu’il faudrait attri-
buer les deux superbes vases en or repoussé,
trouvés dans une tombe de Vapbio, qui
représentent, l'un une chasse au taureau,
l’autre un homme gardant paisiblement,
dans un pâturage, les taureaux pris au piège,
mais où la vérité et la furie du mouvement
semblent indiquer un art qui aurait déjà de
longues racines; par conséquent, une civi-
lisation déjà très vieille. Même remarque,
à propos d’un fragment de vase en or,
trouvé à Mycènes, qui représente le siège
d'une ville ; et, plus encore, à propos de
plusieurs poignards mycéniens en bronze, incrustés de scènes de chasse, où
l’on voit les panthères courir, les oiseaux voler, les gazelles s’enfuir, les lions
et les hommes lutter, tous avec une justesse de mouvements et une variété
d’attitudes inimaginables. Sur quelques pierres gravées de la même époque, il y a
tel lion, tel taureau, dont on ne trouverait l’équivalent que dans les spécimens
les plus parfaits de l'art égyptien ou assyrien. Faut-il vraiment y voir l’œuvre
d’artistes autochtones? Cette opinion et l’opinion inverse ont des défenseurs
également autorisés. Pour notre part, après avoir adopté jadis d’une manière
presque intransigeante l’idée que ces chefs-d’œuvre provenaient d’artistes étran-
OE X O C II O E DU D I P Y L O N
349
lambris étaient couverts Je feuilles guillochées de divers métaux, on comprend
le passage de Y Odyssée (vii, 94-90) que cite M. Perrot, la description du palais,
rêvé par le poète, du roi des Phéaciens :
« C’était comme les rayons du soleil ou ceux de la lune qui brillaient — dans
la haute maison du magnanime Alkinoos. — Des murs de bronze avaient été
menés de l’un à l’autre côté, — depuis le seuil jusqu’au fond de l’appartement ;
une frise de verre bleu régnait surtout le
pourtour. — Des portes d’or fermaient la
maison bien close ; — des jambages d'argent
se dressaient sur le seuil de bronze, — le
linteau était d’argent, et d’or l’anneau qui
tirait le battant ».
Il est évident que « d’or » signifie : cou-
vert d'une très mince feuille d’or. Mais, à
cela près, les débris de clous de bronze à
tête dorée, d'ivoire, d'albàtre, de bronze,
d’émail bleu, de plaquettes d’or guillochées
que Schliemann retira des fouilles sont là
pour prouver que cette description, un peu
enjolivée sans doute, avait été prise dans la
réalité.
M. Perrot n'hésite pas — et il en four-
nit de bonnes preuves — à faire remonter
jusqu’au xve siècle la période la plus floris-
sante de la civilisation mycénienne. C’est
donc aussi à cette époque qu’il faudrait attri-
buer les deux superbes vases en or repoussé,
trouvés dans une tombe de Vapbio, qui
représentent, l'un une chasse au taureau,
l’autre un homme gardant paisiblement,
dans un pâturage, les taureaux pris au piège,
mais où la vérité et la furie du mouvement
semblent indiquer un art qui aurait déjà de
longues racines; par conséquent, une civi-
lisation déjà très vieille. Même remarque,
à propos d’un fragment de vase en or,
trouvé à Mycènes, qui représente le siège
d'une ville ; et, plus encore, à propos de
plusieurs poignards mycéniens en bronze, incrustés de scènes de chasse, où
l’on voit les panthères courir, les oiseaux voler, les gazelles s’enfuir, les lions
et les hommes lutter, tous avec une justesse de mouvements et une variété
d’attitudes inimaginables. Sur quelques pierres gravées de la même époque, il y a
tel lion, tel taureau, dont on ne trouverait l’équivalent que dans les spécimens
les plus parfaits de l'art égyptien ou assyrien. Faut-il vraiment y voir l’œuvre
d’artistes autochtones? Cette opinion et l’opinion inverse ont des défenseurs
également autorisés. Pour notre part, après avoir adopté jadis d’une manière
presque intransigeante l’idée que ces chefs-d’œuvre provenaient d’artistes étran-
OE X O C II O E DU D I P Y L O N