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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
graveurs de pierres fines ; nous connaissons l’un d’eux, Athénion,
par deux camées qui portent sa signature. Le premier, au Musée
britannique, représente le roi Eu mène II (197-159 av. J.-G.), dans
un char dirigé par Pallas; le second, au musée de Naples., figure une
gigantomachic inspirée du célèbre bas-relief de l’autel de Pergame.
Attale II (159-138 av. J.-C.) favorisa de tout son pouvoir la
gravure en pierres fines, et il avait en ce genre une collection que
les auteurs anciens citent comme rivale de celles de Ptolémée
Pliiladelphe et de Mithridate. Nous savons enfin qu’à la même
époque le tableau d’Apelle, à Cos, était l’objet de répliques nom-
breuses. La nécropole de Myrina, dont les tombeaux, dans leur
ensemble, se placent dans les deux siècles qui précèdent notre ère,
a fourni toute une série de statuettes en terre cuite inspirées de la
Vénus anadyomène1 et offrant, pour quelques-unes, une frappante
analogie avec celle que nous étudions ici.
Il conviendrait, à présent, de rapprocher la statuette de M. E.
de Rothschild des monuments similaires en glyptique; mais en
existe-t-il? Si les grands camées de Vienne, de La Haye, de Saint-
Pétersbourg, du Cabinet des médailles, peuvent être comparés les
uns aux autres et étudiés par analogies et dissemblances ; si le célè-
bre canthare bachique du Cabinet des médailles, dénommé coupe des
Ptolémées ou vase de Mithridate, peut être rapproché de la tasse Far-
nèse, à Naples, du vase de saint Martin, à l’abbaye de Saint-Maurice-
en-Valais, du vase de Mantoue, à Brunswick, et de quelques autres, je
ne crois pas qu’on puisse citer, dans aucune collection, une statuette
en ronde-bosse taillée dans la pierre fine et approchant des dimen-
sions de celle qui nous occupe. Il y a bien des bustes en ronde-
bosse taillés dans la calcédoine ou l’agate onyx. Sans sortir du
Cabinet des médailles, nous voyons sous nos vitrines un buste d’Au-
guste, un autre d’Annius Verus, plusieurs de Constantin, un autre
enfin de Pempereur Julien. Vienne en a d’analogues ; il s’en trouvait
deux, de Tibère et de Vespasien, dans la collection Tyszkiewicz, ven-
due l’année dernière; Winckelmann cite dans la bibliothèque du
Vatican un buste d’Auguste en calcédoine, d’une palme romaine de
haut : le pape Alexandre VII possédait, de son côté, un buste de Livie
en onyx ; il y avait aussi un buste de Perlinax en pierre fine dans la
collection Campana2. Les artistes de la Renaissance ont souvent
J. E. Pottier et S. Reinaeh, La Nécropole de Myrina, p. 160.
2. Herm. Rollet, dans Bruno Bûcher, Geschichte der technischen Kiinsle, t. I,
p, 318.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
graveurs de pierres fines ; nous connaissons l’un d’eux, Athénion,
par deux camées qui portent sa signature. Le premier, au Musée
britannique, représente le roi Eu mène II (197-159 av. J.-G.), dans
un char dirigé par Pallas; le second, au musée de Naples., figure une
gigantomachic inspirée du célèbre bas-relief de l’autel de Pergame.
Attale II (159-138 av. J.-C.) favorisa de tout son pouvoir la
gravure en pierres fines, et il avait en ce genre une collection que
les auteurs anciens citent comme rivale de celles de Ptolémée
Pliiladelphe et de Mithridate. Nous savons enfin qu’à la même
époque le tableau d’Apelle, à Cos, était l’objet de répliques nom-
breuses. La nécropole de Myrina, dont les tombeaux, dans leur
ensemble, se placent dans les deux siècles qui précèdent notre ère,
a fourni toute une série de statuettes en terre cuite inspirées de la
Vénus anadyomène1 et offrant, pour quelques-unes, une frappante
analogie avec celle que nous étudions ici.
Il conviendrait, à présent, de rapprocher la statuette de M. E.
de Rothschild des monuments similaires en glyptique; mais en
existe-t-il? Si les grands camées de Vienne, de La Haye, de Saint-
Pétersbourg, du Cabinet des médailles, peuvent être comparés les
uns aux autres et étudiés par analogies et dissemblances ; si le célè-
bre canthare bachique du Cabinet des médailles, dénommé coupe des
Ptolémées ou vase de Mithridate, peut être rapproché de la tasse Far-
nèse, à Naples, du vase de saint Martin, à l’abbaye de Saint-Maurice-
en-Valais, du vase de Mantoue, à Brunswick, et de quelques autres, je
ne crois pas qu’on puisse citer, dans aucune collection, une statuette
en ronde-bosse taillée dans la pierre fine et approchant des dimen-
sions de celle qui nous occupe. Il y a bien des bustes en ronde-
bosse taillés dans la calcédoine ou l’agate onyx. Sans sortir du
Cabinet des médailles, nous voyons sous nos vitrines un buste d’Au-
guste, un autre d’Annius Verus, plusieurs de Constantin, un autre
enfin de Pempereur Julien. Vienne en a d’analogues ; il s’en trouvait
deux, de Tibère et de Vespasien, dans la collection Tyszkiewicz, ven-
due l’année dernière; Winckelmann cite dans la bibliothèque du
Vatican un buste d’Auguste en calcédoine, d’une palme romaine de
haut : le pape Alexandre VII possédait, de son côté, un buste de Livie
en onyx ; il y avait aussi un buste de Perlinax en pierre fine dans la
collection Campana2. Les artistes de la Renaissance ont souvent
J. E. Pottier et S. Reinaeh, La Nécropole de Myrina, p. 160.
2. Herm. Rollet, dans Bruno Bûcher, Geschichte der technischen Kiinsle, t. I,
p, 318.