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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

DOI issue:
Nr. 5
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Benoît, Camille: Le triptyque d'Oultremont et Jan Mostaert, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0394

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371

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ments critiques. Mais leur simple énoncé, leur évocation naturelle,
suffisent pour qu’une part de doute tempère l’ardeur et l’empresse-
ment naturels des affirmations, soit dans un sens, soit dans l’autre.

Ce qui est certain, c’est que rien, dans le contexte, n’indique
avec précision si van Mander a vu lui-même le portrait décrit, ou
si sa description est faite d’après des notes transmises, d’après des
rapports écrits ou oraux.

D’autre part, nous ne sommes pas en face d’un cas aussi net
que celui de la Résurrection de Lazare, d’Albert van Ouwater, où la
précision toute spéciale et la parfaite concordance de deux ou trois
détails secondaires suffit à emporter la conviction et à établir l’au-
thenticité de l’attribution.

Ici, nous avons affaire à des concordances entières et à des demi-
concordances. Les premières sont suffisamment nombreuses, et
quelques-unes d’entre elles portent sur des détails bien particuliers
déjà. Les secondes sont d’un caractère si spécial, que leur réunion
avec les premières forme un faisceau de preuves assez compact. La
mémoire de l'historien, ou celle de son correspondant, ont-elles
fléchi sur des points qui pouvaient leur sembler accessoires, et
qui le sont en effet ? Y a-t-il eu confusion ou erreur au sujet de
la personne représentée ?... Ce qui est certain, c’est que texte et
portrait nous présentent séparément deux schémas, dont les grandes
lignes se recouvrent, si nous les superposons.

Donc, à la première, à la plus générale des deux questions —
cette peinture est-elle une œuvre de Jan Mostaert ? — je crois qu’on
peut répondre « oui » sans trop risquer de se tromper. Et j’appor-
terai à l’appui un nouveau témoignage : celui d’un texte qui n’est
plus de la main de van Mander, et qui pourtant nous donne une
description conforme au type des portraits peints par Mostaert, tel
qu’il se dégage de toutes les données et considérations précédentes.
Dans les comptes des dépenses de Marguerite d’Autriche, à la date
de janvier 1521, nous trouvons, publiée par Alexandre Pinchart, la
mention suivante : « A un painctre qui a présenté à Madame une
paincture de feu Nostre Seigneur de Savoye faict au vif, nommé
Jehan Masturd (sic) : xx philippus. » D’après le même archéologue,
voici la description détaillée de ce portrait, telle qu’on la trouve
dans l’inventaire des joyaux de la même princesse, dressé en 1523 :
« Un tableau de la pourtraicture de feu Monseigneur de Savoye,
mari de Madame (que Dieu pardoint), habillé d’une robbe de velours
cramoisy, fourrée de martre, prépoint de drap d or, et séon de
 
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