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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

DOI issue:
Nr. 5
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Valabrègue, Antony: Claude Gillot, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0416

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CLAUDE GILLOT

39o

ment retracé par l’artiste, avec ses détails typiques. Comme person-
nage complémentaire, on aperçoit une vieille femme, qui s’éloigne
appuyée sur des béquilles. Elle a sans doute reçu l’aumône ou sa part
du repas ; Gillot a voulu représenter la charité, l’hospitalité, les ver-
tus modestes que pratiquent les paysans.

Le musée de Langres a acquis trois peintures attribuées à notre
artiste ; une seule de ces œuvres, qui nous semble,, du reste, bien
authentique, peut être citée après celles que nous venons de
décrire. La toile est craquelée; la peinture est usée et a beaucoup
souffert. Ce tableau est toutefois digne d’intérêt et nous donne
aussi, d’une façon assez particulière, la caractéristique du talent de
Claude Gillot.

Scèfie de tréteaux, tel est le titre que nous trouvons inscrit
dans le catalogue du musée1. Nous nous bornons à enregistrer cette
désignation, qui ne nous semble point définitive. Nous n’avons pas
sous les yeux une composition empruntée à d’humbles parades ; le
peintre a voulu rendre une scène de parodie, comme il en avait vu
plus d’une fois au théâtre. Le Cheval de Troie, voilà ce que Gillot
nous a montré, en portant dans cette peinture la bonne humeur et
les bouffonneries de la farce. Les guerriers sortent un à un des
flancs du monstrueux animal de bois qu’Ulysse a imaginé de
consacrer aux dieux protecteurs de la ville. Au haut d’un rempart,
on aperçoit Hélène, Paris, Andromaque, les principaux personnages
de Ylliade. Survenus précipitamment, ils sont effarés et se deman-
dent quel est le mystérieux événement en train de s’accomplir.

La scène de parodie représentée par le peintre est nettement
indiquée par l’intervention de deux acteurs bien connus de la
Comédie italienne. Au premier plan, près de la porte par laquelle
est entré le cheval, Scapin porté sur les épaules d’un camarade, tient
une lanterne à la main ; il se dirige à travers les ombres de la nuit
et veut voir en curieux ce qui se passe. Arlequin s’approche, à peu
de distance de son camarade ; il tient une seringue à la main, il
est chargé d’un vase ; il assiste en ricanant au laborieux et fécond
accouchement du monstre. Nous retrouvons ici, quant à nous, une
sorte de Belle Hélène du xvme siècle. Au moment de la querelle
des Anciens et des Modernes on railla quelque peu à la foire
Saint-Germain et ailleurs, les chefs-d’œuvre les plus nobles de
l’antiquité. Le public applaudissait par exemple Arlequin-Homère.
C’est de quelque comédie de ce genre que Gillot a dû s’inspirer.

\. Hauteur, 0m54 ; largeur, 0m45.
 
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