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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 5
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Lafenestre, Georges: Le marquis de Chennevières
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0420

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LE MARQUIS DE CHENNEYIÈRES

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études, les charmantes fleurettes et les utiles arbustes entremêlés
sous les puissants arbres, leurs protecteurs et leurs ancêtres. Dès
ce temps-là, il se plaisait à ressusciter les oubliés, comme il
devait plus tard se faire un devoir de soutenir les jeunes et les
humbles. Lorsqu’il quitta Aix, en 1845, le premier volume des
Peintres provinciaux était préparé.

Chemin faisant, au gré de ses caprices, il avait pris l’habitude,
qu’il conserva toujours, de répandre, à bâtons rompus, en articles,
brochures, plaquettes, volumes, de tous formats et de toutes couleurs,
à tirages restreints, le plus souvent sans nom ou sous des noms
supposés, n’importe où et n'importe quand, le trop plein de ses
rêves, pensées ou trouvailles. La bibliographie de M. de Chennevières
— désespoir des collectionneurs — est un fourré inextricable. Clé-
ment de Ris, son vieil ami, essaya de l’établir en 1876, mais sans
garantie, « l’auteur ignorant le nombre exact » de ses œuvres.
« L’effet produit ou le coup manqué, il n’y songe plus. Le livre
fera son chemin dans le monde, rapide s’il est bon, lent s'il est
médiocre, nul s’il est mauvais ». Avant de rentrer à Paris, le licencié
en droit avait déjà, au moins, publié à Caen des Poésies sous le nom
de François Marc de la Boussardière et des Contes normands sous
celui de Jean de Falaise; à Aix, les Historiettes Baguenaudières, à
200 exemplaires, mais pas pour les Provençaux : cette plaquette, si
amusante, d’une langue si primesautière et si colorée, par un
Normand, ne devait se vendre que chez les libraires de Normandie.
Contes et historiettes eurent un grand succès dans le cénacle
romantique ; l’auteur fut bientôt accueilli à bras ouverts par
Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Baudelaire, les Concourt, etc.,
qui devinrent ses amis.

Malgré ces succès littéraires et ce goût, qu’il ne perdit jamais,
pour les opuscules humoristiques, enjoués, moraux ou moqueurs
(Nouveaux Contes de Jean de Falaise, Contes de Saint-Scintin, le
Petit Saint-Louis devant Bellesme, Mémoires de VAcadémie de Bcl-
lesme, Lettres rurales, Affaires de petite ville, etc., etc.), c'est à
l’étude des artistes et de leur histoire qu'il consacrait dès lors la
plus grande partie de son temps. Retombé à Paris, sans situation,
« un peu désorienté », il était entré, comme surnuméraire, au
musée du Louvre, le 1er janvier 1846. L’année suivante, il fut,
grâce à de puissantes protections, nommé commis de huitième
classe ; le directeur du musée, M. de CailJeux, qui avait d’autres
protégés, lui garda une implacable rancune d’avoir conquis si vite
 
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