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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
M. Roy a fait figurer dans son album ainsi que les précédentes,
existaient encore naguère à l’entrée du Grand Rû, près de l’ancienne
porte de Croncels, au sud-ouest; on les a démolies il y a treize ans.
Pénétrons donc sans tarder dans ce qui fut la Cité. Tout de
suite, de quelque côté que nous entrions, mais surtout dans la partie
est, dit le Quartier Bas, le plus ancien et le moins riche de Troyes,
le caractère moyenâgeux de
la ville se manifeste par
nombre de rues étroites, bor-
dées de maisons en bois à
pignons aigus où s’accuse le
plus pittoresque mépris de
l’uniformité et de la ligne
droite, les étages supérieurs
faisant saillie sur le rez-de-
chaussée, appuyés sur des
poutres aux extrémités sou-
vent sculptées, connues à
Troyes sous le nom de lignots,
les façades et les encoignures
parfois historiées ou flanquées
de tourelles, auxquelles s’a-
joutait encore jadis quelque
enseigne aussi curieuse de
nom que de forme (tels Le
Renard bardé, Le Renard qui
pèche, Le Pou volant, La Truye
qui joue aux cartes (enseigne
d’un fabricant de cartes), La
Tour de Lucques, Le Château
de Milan, Les Amours de la Madeleine, Les Nopces d’Architriclin
(nom sous lequel on désignait les noces de Cana), Le Grand et
Le Petit Credo (ayant pour emblèmes les douze Apôtres tenant chacun
une phrase du Credo), Le Comte Henri, Le Cœur royal, etc.). Sauf
la disparition de ces enjolivements, on peut se croire transporté
plusieurs siècles en arrière, et les amateurs de coins romantiques
se délecteront au spectacle de la rue Surgale, de la rue de Nervaux,
de la rue Saint-Aventin et de tout le quartier des Anciens Abattoirs,
de la rue et de la place Saint-Denis, de la rue du Petit-Credo, des
rues de la Grande et de la Petite-Courtine, de la place du Marché-
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
M. Roy a fait figurer dans son album ainsi que les précédentes,
existaient encore naguère à l’entrée du Grand Rû, près de l’ancienne
porte de Croncels, au sud-ouest; on les a démolies il y a treize ans.
Pénétrons donc sans tarder dans ce qui fut la Cité. Tout de
suite, de quelque côté que nous entrions, mais surtout dans la partie
est, dit le Quartier Bas, le plus ancien et le moins riche de Troyes,
le caractère moyenâgeux de
la ville se manifeste par
nombre de rues étroites, bor-
dées de maisons en bois à
pignons aigus où s’accuse le
plus pittoresque mépris de
l’uniformité et de la ligne
droite, les étages supérieurs
faisant saillie sur le rez-de-
chaussée, appuyés sur des
poutres aux extrémités sou-
vent sculptées, connues à
Troyes sous le nom de lignots,
les façades et les encoignures
parfois historiées ou flanquées
de tourelles, auxquelles s’a-
joutait encore jadis quelque
enseigne aussi curieuse de
nom que de forme (tels Le
Renard bardé, Le Renard qui
pèche, Le Pou volant, La Truye
qui joue aux cartes (enseigne
d’un fabricant de cartes), La
Tour de Lucques, Le Château
de Milan, Les Amours de la Madeleine, Les Nopces d’Architriclin
(nom sous lequel on désignait les noces de Cana), Le Grand et
Le Petit Credo (ayant pour emblèmes les douze Apôtres tenant chacun
une phrase du Credo), Le Comte Henri, Le Cœur royal, etc.). Sauf
la disparition de ces enjolivements, on peut se croire transporté
plusieurs siècles en arrière, et les amateurs de coins romantiques
se délecteront au spectacle de la rue Surgale, de la rue de Nervaux,
de la rue Saint-Aventin et de tout le quartier des Anciens Abattoirs,
de la rue et de la place Saint-Denis, de la rue du Petit-Credo, des
rues de la Grande et de la Petite-Courtine, de la place du Marché-