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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
dans VHistoire de Virginie. La couleur est ce ton brun doré pour
lequel notre anonyme a montré une constante préférence. Nous
avons déjà aussi rencontré cette architecture compliquée, bien que
simplement dessinée, dans la Madone de Mmc Austen, par exemple.
De sorte que, bien que ces panneaux aient avec les peintures que
nous avons déjà discutées plus de points de ressemblance qu’il n’en
faut pour établir qu’elles sont de la même main, ils révèlent pour-
tant certaines particularités que nous retrouverons fréquemment
dans les œuvres postérieures. Ces cassoni sont moins achevés que les
peintures de la première période et ont presque l’air d’avoir été
frottés, comme tant d’autres ouvrages de la dernière manière de
notre peintre. Le paysage, qui est d’ailleurs le meme que celui de la
Madone de Mm3 Austen, est non seulement un peu effacé, mais
comme taché. Nous remarquons ensuite une préférence, on dirait
presque une passion, pour les fonds d’architecture compliquée et
une curieuse prédilection pour les ouvertures, non seulement en
tonne de fenêtres et de portes mais d’intervalle entre des piliers,
que notre anonyme aimait à peindre dans une perspective très
rapide, éclairée, si possible, par des infiltrations de lumière. Mais
la plus singulière et la plus caractéristique de toutes les particularités
que nous observons ici, ce sont les têtes en hauteur, rectangulaires,
et les visages aux arcades sourcilières proéminentes, aux yeux
enfoncés, au nez pointu, avec une expression de grande vivacité.
Nous rencontrerons un ou plusieurs de ces traits dans chacun des
tableaux que nous allons maintenant examiner.
\dAdoration de la National Gallery (n° 1124), qui était désignée
à Hamitton Palace comme l’œuvre de Botticelli, attribution plus
vraisemblable encore que celle qu’on en fait maintenant à Filip-
pino, est presque contemporaine des deux dernières. C’est une œuvre
délicate, charmante et pleine de fraîcheur. Le scène est placée au
premier plan d’un paysage rocheux, d’un dessin vague et indécis et
d’une couleur atténuée. Il est animé par des personnages qui sem-
blent passer et des ermites en contemplation. Un abri à demi ruiné
y est dessiné avec tout le goût de notre auteur pour la perspective
linéaire. A l’exception d’un vieillard, exactement semblable à Dieu
le Père dans le Couronnement de lord Lothian, et d’un jeune roi,
agenouillé à gauche, qui ressemble aux anges du même tableau,
toutes les figures appartiennent au type particulier que j’ai déjà
décrit. Les chevaux sont absolument les mêmes que dans YHistoire
de Virginie. La figure de la Madone est cependant la première que
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
dans VHistoire de Virginie. La couleur est ce ton brun doré pour
lequel notre anonyme a montré une constante préférence. Nous
avons déjà aussi rencontré cette architecture compliquée, bien que
simplement dessinée, dans la Madone de Mmc Austen, par exemple.
De sorte que, bien que ces panneaux aient avec les peintures que
nous avons déjà discutées plus de points de ressemblance qu’il n’en
faut pour établir qu’elles sont de la même main, ils révèlent pour-
tant certaines particularités que nous retrouverons fréquemment
dans les œuvres postérieures. Ces cassoni sont moins achevés que les
peintures de la première période et ont presque l’air d’avoir été
frottés, comme tant d’autres ouvrages de la dernière manière de
notre peintre. Le paysage, qui est d’ailleurs le meme que celui de la
Madone de Mm3 Austen, est non seulement un peu effacé, mais
comme taché. Nous remarquons ensuite une préférence, on dirait
presque une passion, pour les fonds d’architecture compliquée et
une curieuse prédilection pour les ouvertures, non seulement en
tonne de fenêtres et de portes mais d’intervalle entre des piliers,
que notre anonyme aimait à peindre dans une perspective très
rapide, éclairée, si possible, par des infiltrations de lumière. Mais
la plus singulière et la plus caractéristique de toutes les particularités
que nous observons ici, ce sont les têtes en hauteur, rectangulaires,
et les visages aux arcades sourcilières proéminentes, aux yeux
enfoncés, au nez pointu, avec une expression de grande vivacité.
Nous rencontrerons un ou plusieurs de ces traits dans chacun des
tableaux que nous allons maintenant examiner.
\dAdoration de la National Gallery (n° 1124), qui était désignée
à Hamitton Palace comme l’œuvre de Botticelli, attribution plus
vraisemblable encore que celle qu’on en fait maintenant à Filip-
pino, est presque contemporaine des deux dernières. C’est une œuvre
délicate, charmante et pleine de fraîcheur. Le scène est placée au
premier plan d’un paysage rocheux, d’un dessin vague et indécis et
d’une couleur atténuée. Il est animé par des personnages qui sem-
blent passer et des ermites en contemplation. Un abri à demi ruiné
y est dessiné avec tout le goût de notre auteur pour la perspective
linéaire. A l’exception d’un vieillard, exactement semblable à Dieu
le Père dans le Couronnement de lord Lothian, et d’un jeune roi,
agenouillé à gauche, qui ressemble aux anges du même tableau,
toutes les figures appartiennent au type particulier que j’ai déjà
décrit. Les chevaux sont absolument les mêmes que dans YHistoire
de Virginie. La figure de la Madone est cependant la première que