MAURICE-QUENTIN DE LA TOUR
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absorbé sans doute par ses occupations de journaliste, ou peut-être
absent pendant l’impression de son livre, il n’a très probablemement
pas relu les épreuves de l'Imprimerie Nationale, ni les copies trans-
crites pour lui par un scribe distrait ou ignare. Il en est résulté
qu’à tout moment le lecteur est arrêté par un nom estropié qu’il
lui faut mentalement rétablir, à moins qu’il ne soit défiguré au
point de devenir méconnaissable, tel, par exemple, que celui de
l’imprimeur Collombat transformé en Colcondut (p. 99), ou encore
celui du cardinal de Tencin métamorphosé en comte de Tcirsin
(p. 102), ou bien lorsqu’il se prête à quelque invraisemblable
confusion, comme (p. 99) celui de l’illustre Tronc-h in, devenu « le
médecin Tronchet » ! Les graveurs Drullé d’Abbeville (sic, pour
Daullé), Mige (Miger), Balechon (Baléchou), seraient en droit de
réclamer la rectification de leur état-civil, tout comme M. Savalette
de Buchelay (et non Lavalette). Chose bizarre, la malcchance dont
M. Lapauze a été victime a particulièrement sévi dans les appen-
dices, composés pourtant de deux documents déjà imprimés ailleurs.
Dans le premier, l’abbé Soulavie est devenu Sou/aine, l’abbé Régley
est changé en Reglg, et Lerey de Chaumont, intendant des Inva-
lides, en Roy ; mais — ceci est plus grave — M. Lapauze, ou plutôt
son scribe, enrichit la dynastie déjà nombreuse des Cochin d’un
rejeton inconnu et l’affuble d’une dignité que cet être de raison
n’a, et pour cause, jamais portée : La Tour léguait par testament à
toute une série d’amis et de confrères divers portraits et miniatures ;
à la suite du nom de Cochin vient dans cette liste celui de « Pierre,
premier peintre » [du Roi]. Le copiste de M. Lapauze n’a pas hésité :
de ces deux mentions il n’en fait qu’une seule, et voici comment
naquit « Pierre Cochin, premier peintre du Roi » ! Pauvre Jean-
Baptiste-Marie Pierre ! la postérité, déjà si dure aux artistes trop
rentés et trop vantés de leur vivant, lui réservait un coup plus
cruel : le voilà en même temps rayé de l’école française et privé de
la charge qui flattait si fort sa vanité !
Le testament de Jean-François de La Tour, quoique imprimé
un peu partout, n’a pas été mieux reproduit et nous y rencontrons
toutes sortes de nouvelles connaissances : Fosbonais (sic, pour For-
bonnais), Jfas?oh’(Manelli),DzqüOttc/ier(Dupouch), Darchery (Dachery),
Péroniau (Perronneau), Mme de la Popidinière (de la Popelinière) ;
les noms des personnages de la Fable ne sont même plus familiers,
paraît-il, aux correcteurs de l’Imprimerie Nationale, puisqu’ils ont
laissé passer, dans la même page, le portrait de Mlle Clairon « peinte
62
XXI. — 3e PÉRIODE
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absorbé sans doute par ses occupations de journaliste, ou peut-être
absent pendant l’impression de son livre, il n’a très probablemement
pas relu les épreuves de l'Imprimerie Nationale, ni les copies trans-
crites pour lui par un scribe distrait ou ignare. Il en est résulté
qu’à tout moment le lecteur est arrêté par un nom estropié qu’il
lui faut mentalement rétablir, à moins qu’il ne soit défiguré au
point de devenir méconnaissable, tel, par exemple, que celui de
l’imprimeur Collombat transformé en Colcondut (p. 99), ou encore
celui du cardinal de Tencin métamorphosé en comte de Tcirsin
(p. 102), ou bien lorsqu’il se prête à quelque invraisemblable
confusion, comme (p. 99) celui de l’illustre Tronc-h in, devenu « le
médecin Tronchet » ! Les graveurs Drullé d’Abbeville (sic, pour
Daullé), Mige (Miger), Balechon (Baléchou), seraient en droit de
réclamer la rectification de leur état-civil, tout comme M. Savalette
de Buchelay (et non Lavalette). Chose bizarre, la malcchance dont
M. Lapauze a été victime a particulièrement sévi dans les appen-
dices, composés pourtant de deux documents déjà imprimés ailleurs.
Dans le premier, l’abbé Soulavie est devenu Sou/aine, l’abbé Régley
est changé en Reglg, et Lerey de Chaumont, intendant des Inva-
lides, en Roy ; mais — ceci est plus grave — M. Lapauze, ou plutôt
son scribe, enrichit la dynastie déjà nombreuse des Cochin d’un
rejeton inconnu et l’affuble d’une dignité que cet être de raison
n’a, et pour cause, jamais portée : La Tour léguait par testament à
toute une série d’amis et de confrères divers portraits et miniatures ;
à la suite du nom de Cochin vient dans cette liste celui de « Pierre,
premier peintre » [du Roi]. Le copiste de M. Lapauze n’a pas hésité :
de ces deux mentions il n’en fait qu’une seule, et voici comment
naquit « Pierre Cochin, premier peintre du Roi » ! Pauvre Jean-
Baptiste-Marie Pierre ! la postérité, déjà si dure aux artistes trop
rentés et trop vantés de leur vivant, lui réservait un coup plus
cruel : le voilà en même temps rayé de l’école française et privé de
la charge qui flattait si fort sa vanité !
Le testament de Jean-François de La Tour, quoique imprimé
un peu partout, n’a pas été mieux reproduit et nous y rencontrons
toutes sortes de nouvelles connaissances : Fosbonais (sic, pour For-
bonnais), Jfas?oh’(Manelli),DzqüOttc/ier(Dupouch), Darchery (Dachery),
Péroniau (Perronneau), Mme de la Popidinière (de la Popelinière) ;
les noms des personnages de la Fable ne sont même plus familiers,
paraît-il, aux correcteurs de l’Imprimerie Nationale, puisqu’ils ont
laissé passer, dans la même page, le portrait de Mlle Clairon « peinte
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