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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Les Sources (g. m.), il comptait rassembler un peuple humain près
des grands monstres des temps paniques.
Cycle du Poète — Ce cycle, ouvert, nous l’avons dit, par deux
chefs-d’œuvre et dévolu aux dieux de la poésie et aux dépositaires bien-
faisants de la lyre divine, fait bien partie intégrante de la série
antique, mais il circonscrit, dans l’œuvre de Gustave Moreau, une
famille de sujets empreints par lui d’une tendresse spéciale. Nous y
classerons, comme variations du thème apollinien : Les Muses quittant
Apollon leur père pour aller éclairer le monde (1868, g. m.), Hésiode et
les Muses (g. m.), L’Amour et les Muses * (Musée du Luxembourg, don
Charles Hayem), La Muse et le Poète, Les Plaintes du PoèteA, « Vcites »,
Le Centaure et le Poète mourant * (g. m.), La Muse et Pégase, Apollon
et Marsyas, Apollon adoré par les satyres, Orphée pleurant Eurydice,
Orphée charmant les animaux, L'Harmonie, Musicci sacra, etc. ;
enfin, de nombreuses Scipho, exprimant les divers instants du délire
et du suicide poétiques.
Nous rapprocherons de la même famille les diverses Chimères,
si chères à Moreau en tant que symbole de l’essor des rêves.
Le cycle se ferme sur Les Lyres mortes, un vaste projet synthé-
tique demeuré inachevé.
Sujets tirés de l’Orient biblique. —Même effort, jusqu’ici sans
exemple, pour tirer de la poésie biblique toute la splendeur qu’elle
contient, en la regardant tantôt sous une face, tantôt sous une autre.
Le sujet de Moïse exposé sur le Nil fut très cherché ; il y a plusieurs
Bethsabéef nombreuses sont les Scdomé, parce que le passage de
l'odalisque dans l’histoire comporte plusieurs scènes se prêtant
toutes à l'image : Salomé au jardin, à la prison, à la colonne, au
léopard, en courtisane hébraïque, etc. Quel thème, en effet, pour
appliquer le Principe de la Richesse nécessaire ! Toute cette série est
d'une extrême beauté de coloris ; les aquarelles de grandes dimen-
sions deviennent des tableaux parachevés et qui lancent des feux.
Puis, sous tous les ciels d’Orient, jusque dans l’Inde et plus loin
encore lui sont apparus Le Triomphe d’Alexandre (g. m.), des Poètes
indiens, des Trouvères persans, des Péris, des Lacs sacrés, des Oda-
lisques. ..
D’ailleurs, la seconde source d’inspiration où il puise avec une
soif spirituelle à peu près égale, la légende sacrée, alimente simul-
1. Nous avons reproduit ce dessin pour émail. Voir Gazette des Beaux-Arts,
2e pér., t. XXXIV, p. 38.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Les Sources (g. m.), il comptait rassembler un peuple humain près
des grands monstres des temps paniques.
Cycle du Poète — Ce cycle, ouvert, nous l’avons dit, par deux
chefs-d’œuvre et dévolu aux dieux de la poésie et aux dépositaires bien-
faisants de la lyre divine, fait bien partie intégrante de la série
antique, mais il circonscrit, dans l’œuvre de Gustave Moreau, une
famille de sujets empreints par lui d’une tendresse spéciale. Nous y
classerons, comme variations du thème apollinien : Les Muses quittant
Apollon leur père pour aller éclairer le monde (1868, g. m.), Hésiode et
les Muses (g. m.), L’Amour et les Muses * (Musée du Luxembourg, don
Charles Hayem), La Muse et le Poète, Les Plaintes du PoèteA, « Vcites »,
Le Centaure et le Poète mourant * (g. m.), La Muse et Pégase, Apollon
et Marsyas, Apollon adoré par les satyres, Orphée pleurant Eurydice,
Orphée charmant les animaux, L'Harmonie, Musicci sacra, etc. ;
enfin, de nombreuses Scipho, exprimant les divers instants du délire
et du suicide poétiques.
Nous rapprocherons de la même famille les diverses Chimères,
si chères à Moreau en tant que symbole de l’essor des rêves.
Le cycle se ferme sur Les Lyres mortes, un vaste projet synthé-
tique demeuré inachevé.
Sujets tirés de l’Orient biblique. —Même effort, jusqu’ici sans
exemple, pour tirer de la poésie biblique toute la splendeur qu’elle
contient, en la regardant tantôt sous une face, tantôt sous une autre.
Le sujet de Moïse exposé sur le Nil fut très cherché ; il y a plusieurs
Bethsabéef nombreuses sont les Scdomé, parce que le passage de
l'odalisque dans l’histoire comporte plusieurs scènes se prêtant
toutes à l'image : Salomé au jardin, à la prison, à la colonne, au
léopard, en courtisane hébraïque, etc. Quel thème, en effet, pour
appliquer le Principe de la Richesse nécessaire ! Toute cette série est
d'une extrême beauté de coloris ; les aquarelles de grandes dimen-
sions deviennent des tableaux parachevés et qui lancent des feux.
Puis, sous tous les ciels d’Orient, jusque dans l’Inde et plus loin
encore lui sont apparus Le Triomphe d’Alexandre (g. m.), des Poètes
indiens, des Trouvères persans, des Péris, des Lacs sacrés, des Oda-
lisques. ..
D’ailleurs, la seconde source d’inspiration où il puise avec une
soif spirituelle à peu près égale, la légende sacrée, alimente simul-
1. Nous avons reproduit ce dessin pour émail. Voir Gazette des Beaux-Arts,
2e pér., t. XXXIV, p. 38.