VÉNUS A SA TOILETTE
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eux-mêmes taillé dans l’agate, le cristal ou le jaspe des bustes du
même genre,, à l’imitation de l'antique, et il s’en trouve de beaux
échantillons dans la galerie d’Apollon, au Louvre. Il existe bien
aussi, dans les collections d’antiques, de petites têtes en ronde-bosse,
en agate, ou quelque autre belle variété du quartz opaque ou trans-
lucide ; mais qui nous dira si ces débris faisaient partie plutôt d’une
statuette que d’un buste, ou si même elles n’étaient pas tout simple-
ment ajustées sur un corps en une autre matière?
Dans l’ancienne collection Tyszkiowicz, à côté d’une tête de
Vénus qui rentre dans cette catégorie1, je remarque une sorte de
couronnement de sceptre en cristal de roche taillé en ronde-bosse :
c’est un travail d’ancien style grec, représentant la Méduse à corps
de cheval qui saisit par les pattes un lion qui se dresse2. Aucun de
ces monuments, pourtant si justement appréciés des connaisseurs,
n’approche, par ses proportions et sa beauté artistique, de la statuette
de M. E. de Rothschild. 11 en est un, toutefois, qu’il est intéressant
de lui comparer, longo sed proximus intervalle). Je veux parler
d’une statuette en quartz améthyste trouvée, vers la lin du siècle
dernier, dans les Marais Pontins : en 18ii, elle faisait partie de la
collection de M. Pierre Leven, chef de la maison Farina, à Cologne.
Cette figurine, de 9 centimètres de haut, représente une matrone
romaine, vêtue d’une robe talaire et d’un ample manteau ; son front
est encadré d une série de mèches de cheveux calamistrés à la mode
alexandrine, émergeant du voile qui lui couvre la tête; elle retient
des deux mains les plis de son vêtement. Mais ce qui fait, outre ses
dimensions exiguës, l’infériorité de cette charmante statuette, c’est
qu’elle n’est pas monolithe : elle est composée de trois morceaux
juxtaposés ; le bras et une partie du côté gauche, ainsi que la tête,
sont rapportés; ils ont été gravés dans un bloc de quartz améthyste,
moins foncé que le reste du corps3.
Les auteurs anciens nous ont gardé le souvenir de quelques
statues ou statuettes sculptées ou gravées dans une matière plus dure
et plus précieuse que le marbre. L’Égypte, avec ses carrières d’onyx
et de jaspe, paraît avoir produit en ce genre les plus prodigieuses
1. Collection d’antiquités du comte Michel Tyszkiewicz, décrite par W. Frœhner,
n° 234 (Paris, 1898, in-4«).
2. W. Frœhner, op. cit., n° 270.
3. Eine rœmische Bildnissfigur aus Amethyst, par L. Urlichs, dans les
Jahrhücher des Vereins von Alterthumsfreundenim Rheinlande, t.IV, 1844, p. 18b et
pl. V.
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eux-mêmes taillé dans l’agate, le cristal ou le jaspe des bustes du
même genre,, à l’imitation de l'antique, et il s’en trouve de beaux
échantillons dans la galerie d’Apollon, au Louvre. Il existe bien
aussi, dans les collections d’antiques, de petites têtes en ronde-bosse,
en agate, ou quelque autre belle variété du quartz opaque ou trans-
lucide ; mais qui nous dira si ces débris faisaient partie plutôt d’une
statuette que d’un buste, ou si même elles n’étaient pas tout simple-
ment ajustées sur un corps en une autre matière?
Dans l’ancienne collection Tyszkiowicz, à côté d’une tête de
Vénus qui rentre dans cette catégorie1, je remarque une sorte de
couronnement de sceptre en cristal de roche taillé en ronde-bosse :
c’est un travail d’ancien style grec, représentant la Méduse à corps
de cheval qui saisit par les pattes un lion qui se dresse2. Aucun de
ces monuments, pourtant si justement appréciés des connaisseurs,
n’approche, par ses proportions et sa beauté artistique, de la statuette
de M. E. de Rothschild. 11 en est un, toutefois, qu’il est intéressant
de lui comparer, longo sed proximus intervalle). Je veux parler
d’une statuette en quartz améthyste trouvée, vers la lin du siècle
dernier, dans les Marais Pontins : en 18ii, elle faisait partie de la
collection de M. Pierre Leven, chef de la maison Farina, à Cologne.
Cette figurine, de 9 centimètres de haut, représente une matrone
romaine, vêtue d’une robe talaire et d’un ample manteau ; son front
est encadré d une série de mèches de cheveux calamistrés à la mode
alexandrine, émergeant du voile qui lui couvre la tête; elle retient
des deux mains les plis de son vêtement. Mais ce qui fait, outre ses
dimensions exiguës, l’infériorité de cette charmante statuette, c’est
qu’elle n’est pas monolithe : elle est composée de trois morceaux
juxtaposés ; le bras et une partie du côté gauche, ainsi que la tête,
sont rapportés; ils ont été gravés dans un bloc de quartz améthyste,
moins foncé que le reste du corps3.
Les auteurs anciens nous ont gardé le souvenir de quelques
statues ou statuettes sculptées ou gravées dans une matière plus dure
et plus précieuse que le marbre. L’Égypte, avec ses carrières d’onyx
et de jaspe, paraît avoir produit en ce genre les plus prodigieuses
1. Collection d’antiquités du comte Michel Tyszkiewicz, décrite par W. Frœhner,
n° 234 (Paris, 1898, in-4«).
2. W. Frœhner, op. cit., n° 270.
3. Eine rœmische Bildnissfigur aus Amethyst, par L. Urlichs, dans les
Jahrhücher des Vereins von Alterthumsfreundenim Rheinlande, t.IV, 1844, p. 18b et
pl. V.