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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
qu’il pensait du nouveau venu. Il était attaché depuis l’année précé-
dente à la rédaction de L’Artiste ; mais la fantaisie d’Arsène Houssaye,
qui dirigeait à l’époque cette revue, se plaisait à répartir entre ses
divers collaborateurs la tâche de rendre compte du Salon. A un autre
que Paul Mantz échut le soin de parler — sans discernement,, d’ail-
leurs — des portraits figurant à l’exposition de 1846. C’était la
seconde et dernière fois que Trutat se présentait au public parisien.
La presse de la capitale ne devait plus avoir l’occasion de s’occuper
de lui.
A la veille de l’Exposition universelle de 1900, où un choix
de ses peintures sera, pour beaucoup, une éclatante révélation, ne
convenait-il pas de remettre en lumière ce nom injustement oublié
et si digne cependant d’être inscrit au livre d’or ouvert à la Gazette
des B eaux-Arts ?
Injustement oublié, ai-je dit. Je dois cependant reconnaître
qu’il ne pouvait guère en être autrement. Félix Trutat mourut avant
d’avoir atteint sa vingt-cinquième année et ne parut au Salon qu’en
1845 et 1846, avec un unique envoi chaque fois. Les quarante et quel-
ques tableaux et études qui subsistent de lui sont, à de rares excep-
tions près, disséminés en province, à Dijon principalement, son lieu
de naissance, chez des héritiers ou des amis de sa famille, comme
MM. Guillot, Laguesse, V. Prost1, etc., ou chez des amateurs comme
MM. Albert et Gaston Joliet-, dont le goût sûr, toujours à l’affût
d’acquisitions de choix, n’a laissé passer aucune occasion d’enrichir
leur galerie d’œuvres maîtresses de notre artiste.
La libéralité de MM. Guillot et Gaston Joliet et l’initiative prise,
il y a quelques années, par un autre Dijonnais de remettre haute- 1 2
1. M. Guillot possède le portrait du peintre et de sa mère, du Salon de 1846,
le portrait de Trulat père en garde national (1847), celui de Mme Tétot(vers 1844),
un petit portrait du peintre à l’âge de dix-huit à vingt ans, et diverses études et
copies. M. le Dr Laguesse : les portraits de Mme Laguesse (1841), de Mme Carré
(1841) et de M. Carré (1844). Mme veuve Laguesse : le portrait de M. Carré, une
des premières œuvres de Trutat (1838 ou 1839) et les portraits de Mmes Crepet,
Laguesse et de M. P. Laguesse (1840). M. V. Prost, artiste peintre, qui a pieuse-
ment recueilli naguère le portrait de Trutat père, de 1847, la Femme couchée,
et mainte autre toile de valeur de notre peintre, ne conserve plus de lui aujour-
d’hui qu’une tête de lancier et une étude de torse d’homme, datant des débuts
de Trutat à l’école des Beaux-Arts de Dijon.
2. MM. Albert et Gaston Joliet possèdent le portrait de MIEC Hamon, du
Salon de 1843, une étude de tête de Christ et une autre étude du torse de la
Vénus de Milo (grandeur nature). La Femme couchée appartient à M. Gaston Joliet.
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qu’il pensait du nouveau venu. Il était attaché depuis l’année précé-
dente à la rédaction de L’Artiste ; mais la fantaisie d’Arsène Houssaye,
qui dirigeait à l’époque cette revue, se plaisait à répartir entre ses
divers collaborateurs la tâche de rendre compte du Salon. A un autre
que Paul Mantz échut le soin de parler — sans discernement,, d’ail-
leurs — des portraits figurant à l’exposition de 1846. C’était la
seconde et dernière fois que Trutat se présentait au public parisien.
La presse de la capitale ne devait plus avoir l’occasion de s’occuper
de lui.
A la veille de l’Exposition universelle de 1900, où un choix
de ses peintures sera, pour beaucoup, une éclatante révélation, ne
convenait-il pas de remettre en lumière ce nom injustement oublié
et si digne cependant d’être inscrit au livre d’or ouvert à la Gazette
des B eaux-Arts ?
Injustement oublié, ai-je dit. Je dois cependant reconnaître
qu’il ne pouvait guère en être autrement. Félix Trutat mourut avant
d’avoir atteint sa vingt-cinquième année et ne parut au Salon qu’en
1845 et 1846, avec un unique envoi chaque fois. Les quarante et quel-
ques tableaux et études qui subsistent de lui sont, à de rares excep-
tions près, disséminés en province, à Dijon principalement, son lieu
de naissance, chez des héritiers ou des amis de sa famille, comme
MM. Guillot, Laguesse, V. Prost1, etc., ou chez des amateurs comme
MM. Albert et Gaston Joliet-, dont le goût sûr, toujours à l’affût
d’acquisitions de choix, n’a laissé passer aucune occasion d’enrichir
leur galerie d’œuvres maîtresses de notre artiste.
La libéralité de MM. Guillot et Gaston Joliet et l’initiative prise,
il y a quelques années, par un autre Dijonnais de remettre haute- 1 2
1. M. Guillot possède le portrait du peintre et de sa mère, du Salon de 1846,
le portrait de Trulat père en garde national (1847), celui de Mme Tétot(vers 1844),
un petit portrait du peintre à l’âge de dix-huit à vingt ans, et diverses études et
copies. M. le Dr Laguesse : les portraits de Mme Laguesse (1841), de Mme Carré
(1841) et de M. Carré (1844). Mme veuve Laguesse : le portrait de M. Carré, une
des premières œuvres de Trutat (1838 ou 1839) et les portraits de Mmes Crepet,
Laguesse et de M. P. Laguesse (1840). M. V. Prost, artiste peintre, qui a pieuse-
ment recueilli naguère le portrait de Trutat père, de 1847, la Femme couchée,
et mainte autre toile de valeur de notre peintre, ne conserve plus de lui aujour-
d’hui qu’une tête de lancier et une étude de torse d’homme, datant des débuts
de Trutat à l’école des Beaux-Arts de Dijon.
2. MM. Albert et Gaston Joliet possèdent le portrait de MIEC Hamon, du
Salon de 1843, une étude de tête de Christ et une autre étude du torse de la
Vénus de Milo (grandeur nature). La Femme couchée appartient à M. Gaston Joliet.