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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
buffets du xvie siècle d'une riche décoration ; une belle armoire du
début du xvie siècle, aux panneaux décorés de parchemins plissés,
aux ferrures élégantes; une autre du xvne siècle, de fabrication lilloise
et d’une sobre ornementation U
Signalons maintenant, dans les arts du tissu, si cultivés égale-
ment dans les Flandres à toutes époques, quelques pièces impor-
tantes : du xive siècle, un devant d'autel, figurant une Annoncia-
tion et provenant de l’église de Noyelles-lez-Seclin ; c’est un curieux
travail de broderie sur étoffes de diverses couleurs, avec des teintes
posées au pinceau2. Du xvie siècle, une grande et belle tapisserie
due aux ateliers bruxellois et figurant Esther devant Assuérus ; enfin
les importantes tentures lilloises du début du siècle dernier; elles
sont signées de G. Werniers, hautelisseur lillois, gendre du Bruxel-
lois Jean de Melter, qui était venu s’établir à Lille.
Le musée possède, à titre de dépôt, deux pièces appartenant à
l’hôpital Saint-Sauveur de Lille3, et représentant, l’une, Baudouin IX,
comte de Flandre, empereur de Constantinople, l’autre la comtesse
Jeanne de Flandre. Ces tapisseries, d’une intensité de coloris vrai-
ment étonnante, sont signées et datées : G. Vernier s, 1703 ; du
même maître, deux compositions importantes, fabriquées en 1735,
pour l’église Saint-Sauveur de Lille, d’une tonalité plus sombre et
représentant des sujets du Nouveau Testament; elles sont également
signées et marquées, aux armes de Lille, d’une fleur de lys d’argent.
Nous ne dirons qu’un mot du musée céramique, maintenant
bien installé, qui complète la collection archéologique proprement
dite. Il contient de bons spécimens de grès allemands, de faïences de
Rouen, de Delft et de cette faïence de Lille dont le décor copie
tantôt des modèles rouennais, tantôt des modèles hollandais ; trop
peu de pièces représentent la porcelaine lilloise, justement estimée ;
dans le nombre cependant, un rare exemple de pâte tendre de Lille,
imitation plus grossière de la porcelaine de Saint-Cloud et de son
1. Ces deux armoires, appartenant aux hospices de Lille et confiées au musée
archéologique, à titre de dépôt, sont reproduites dans les Notes sur les anciens
établissements hospitaliers de la ville de Lille, par A. Ozenfant. Lille, 1883.
2. Reproduit dans van Ysendyck, Documents clés Pays-Bas. Bruxelles, 1880-
1885, au mot Antipendium.
3. Elles sont ainsi désignées dans les comptes de l’hôpital : « Ces deux tapis-
series contiennent 56 aunes de Bruxelles ; elles ont été fabriquées, vendues et
livrées à l’hôpital Notre-Dame, dit Comtesse, par Guillaume Wernier, marchand
tapissier, le 4 février 1704, pour 540 florins. » Voir Houdoy, Les Tapisseries de
haute-lisse. Lille, 1871 (l’analyse de cet ouvrage a paru dans la Gazette).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
buffets du xvie siècle d'une riche décoration ; une belle armoire du
début du xvie siècle, aux panneaux décorés de parchemins plissés,
aux ferrures élégantes; une autre du xvne siècle, de fabrication lilloise
et d’une sobre ornementation U
Signalons maintenant, dans les arts du tissu, si cultivés égale-
ment dans les Flandres à toutes époques, quelques pièces impor-
tantes : du xive siècle, un devant d'autel, figurant une Annoncia-
tion et provenant de l’église de Noyelles-lez-Seclin ; c’est un curieux
travail de broderie sur étoffes de diverses couleurs, avec des teintes
posées au pinceau2. Du xvie siècle, une grande et belle tapisserie
due aux ateliers bruxellois et figurant Esther devant Assuérus ; enfin
les importantes tentures lilloises du début du siècle dernier; elles
sont signées de G. Werniers, hautelisseur lillois, gendre du Bruxel-
lois Jean de Melter, qui était venu s’établir à Lille.
Le musée possède, à titre de dépôt, deux pièces appartenant à
l’hôpital Saint-Sauveur de Lille3, et représentant, l’une, Baudouin IX,
comte de Flandre, empereur de Constantinople, l’autre la comtesse
Jeanne de Flandre. Ces tapisseries, d’une intensité de coloris vrai-
ment étonnante, sont signées et datées : G. Vernier s, 1703 ; du
même maître, deux compositions importantes, fabriquées en 1735,
pour l’église Saint-Sauveur de Lille, d’une tonalité plus sombre et
représentant des sujets du Nouveau Testament; elles sont également
signées et marquées, aux armes de Lille, d’une fleur de lys d’argent.
Nous ne dirons qu’un mot du musée céramique, maintenant
bien installé, qui complète la collection archéologique proprement
dite. Il contient de bons spécimens de grès allemands, de faïences de
Rouen, de Delft et de cette faïence de Lille dont le décor copie
tantôt des modèles rouennais, tantôt des modèles hollandais ; trop
peu de pièces représentent la porcelaine lilloise, justement estimée ;
dans le nombre cependant, un rare exemple de pâte tendre de Lille,
imitation plus grossière de la porcelaine de Saint-Cloud et de son
1. Ces deux armoires, appartenant aux hospices de Lille et confiées au musée
archéologique, à titre de dépôt, sont reproduites dans les Notes sur les anciens
établissements hospitaliers de la ville de Lille, par A. Ozenfant. Lille, 1883.
2. Reproduit dans van Ysendyck, Documents clés Pays-Bas. Bruxelles, 1880-
1885, au mot Antipendium.
3. Elles sont ainsi désignées dans les comptes de l’hôpital : « Ces deux tapis-
series contiennent 56 aunes de Bruxelles ; elles ont été fabriquées, vendues et
livrées à l’hôpital Notre-Dame, dit Comtesse, par Guillaume Wernier, marchand
tapissier, le 4 février 1704, pour 540 florins. » Voir Houdoy, Les Tapisseries de
haute-lisse. Lille, 1871 (l’analyse de cet ouvrage a paru dans la Gazette).