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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Bénédite, Léonce: J.-J. Henner, [1]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0055

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tracé lin portrait émouvant après sa mort1 ; il en avait fixé une image
antérieure, que nous reproduisons ici, où la tendresse filiale s’est
manifestée par les scrupules religieux de l’artiste. C’est une de ces
œuvres serrées, naïves et fortes, d’une saveur primitive, qui pré-
lude à la série de beaux morceaux, la plupart peut-être inconnus,
dont le Curé du Luxembourg offre un si typique exemplaire. Quant
à ses frères et à sa sœur, avec plus tard, sa belle-sœur, son neveu et
sa nièce, ils peuplent sa maison, comme ils remplirent sa vie.

De sa sœur, Marie-Anne, on trouve chez lui, à Paris, deux
images; l’une, qui date de la jeunesse d’Henner, ace même accent
un peu âpre et ingénu qui l’avait séduit chez les vieux maîtres
bâlois; l’autre était accrochée à son chevet avec un rameau de buis
bénit : la large clarté austère dans laquelle elle est modelée sans
accident, le profil mystique et absorbé font songer à Philippe de
Champaigne, ou même à l’Holbein qui a peint Erasme.

Des deux frères qui restaient à Henner, le plus jeune eut une
modeste carrière : c’était un des fidèles serviteurs du sanctuaire où,
maître illustre comme jadis débutant, Jean-Jacques Henner n’entrait
jamais que dans un état de fervente dévotion. Grégoire Ilenner prit
sa retraite comme gardien-chef du musée du Louvre.

Parmi les portraits nombreux d’après Grégoire, le dernier, en
date, particulièrement mélancolique et ému, fut exécuté dans une
sorte de concours avec Valadon qui fit, de son côté, une figure assez
sauvage dans le genre des vieux peintres espagnols. Jean-Jacques a
donné une marque touchante de l’affection qu’il gardait pour ce
frère moins avantagé du sort, dans le tombeau élevé à sa mémoire.
Grégoire avait une belle voix et chantait. En souvenir de ce don
naturel qui en faisait, à certain égard, un artiste, Henner fit
sculpter, par M. Peter, sur Je fronton de la stèle, un rossignol sur
une branche, chantant tandis que la lune se lève.

Son frère Séraphin, l’aîné, qui lui servit de père, est là, figuré
de profil, une casquette baissée sur le front, dans sa physionomie un
peu populaire, foncièrement bonne et, elle aussi, songeuse et réflé-
chie, en un portrait si intense d’expression, si simple et si plein de
forme, qu’on peut le compter parmi ses chefs-d’œuvre. Mais, de sa
belle-sœur, qui est représentée tantôt face à face avec son mari,
tantôt seule, et même, au début, en un petit, acte de vie, tricotant
dans le jour de la fenêtre, comme dans un intérieur de Bonvin ou

i. Madeleine Wadel, mère de Henner, est morte le 23 janvier 1837.
 
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