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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Koechlin, Raymond: Quelques ateliers d'ivoiriers français aux XIIIe et XIVe siècles, 3, L'atelier des diptyques de la Passion
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0072

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62

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Carrand, et de telles pièces, assurément si nouvelles dans l’art de
l’ivoirerie, malgré tout ce qu’elles contiennent encore de formule,
donnaient plus que des promesses de renaissance.

Malheureusement, rares furent les ivoiriers qui comprirent de
quel côté leur pouvait venir le salut ; la plupart demeurèrent iné-
branlablement fidèles à leur routine, et l’on est allé même jusqu’à
soupçonner que ces novateurs ne sortaient point des ateliers pari-
siens trop vieux déjà et qu’ils étaient des Anglais. Peut-être l’hypo-
thèse est-elle hasardée et ce que nous savons de la sculpture an-
glaise ne la justifie-t-elle pas absolument 1 ; il est certain pourtant
que ce timide essai de naturalisme ne lit pas fortune; s’il ne passa
pas inaperçu, ce que nous ignorons, il demeura isolé, les ateliers
continuèrent à travailler comme par le passé, suivant leurs vieilles
formules et leurs traditions surannées, et sans doute beaucoup de
pièces que, par leur style, on devrait dater du milieu du xive siècle
ne sont que des monuments attardés du commencement du xv°. De
cette époque en effet, dont les comptes et les inventaires signalent
sans cesse des ivoires, fort peu de pièces se retrouvent qui en por-
tent la marque indubitable; c’est donc évidemment que les habi-
tudes des ateliers du xive siècle se sont prolongées jusqu’à elle, et il
n’y a pas à s’en étonner, si l’on songe que, dans la grande sculp-
ture même, certains ateliers provinciaux, en Normandie par exem-
ple, travaillaient encore, à la fin du xve siècle, dans le style du xiv°2.
Au reste, il ne tarda pas d’arriver ce qui sans doute était fatal, à
savoir que la mode se détourna peu à peu de ces ateliers vieillis; les
os italiens, qui pénétraient sur le marché français dès le temps du
duc de Berri, leur firent une rude concurrence, la production déclina
et l’art ne perdit guère, lorsque la matière première vint à manquer
etqu’ensuite des bouleversements del’Egypte, l’ivoire cessa d’arriver
dans les ports de la Méditerranée 3.

RAYMOND KOECULT N

logue illustré de VExposition rétrospective de Y Art français en 1900, n° 173, etc

1. Molinier, Les Ivoires, p. 199. S’il paraît avéré aujourd’hui (Archaeologia
1902, art. de Saint-John Ilope) que les plaques d’albâtre bien connues représen-
tant d’ordinaire des scènes de la vie de saint Jean ou de la Passion sont d’ori-
gine anglaise, la ressemblance entre ces pièces et nos groupes d’ivoire n’est pas
telle que l’origine en soit forcément la même.

2. Voir la vierge du Louvre provenant du Besneray, près Lisieux (cf. Vitry,
Michel Colombe, p. 75, 1901, in-8°.

3. Il ne paraît pas que l’ivoire ait pénétré en France par Dieppe avant le
xve siècle, et ce n’est que beaucoup plus tard, semble-t-il, que des ateliers d’ivoi-
riers ont fleuri dans cette ville.
 
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