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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0094

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

pas plus qu'il ne pense devoir, avec Chatto, l’attribuer à l’Hindoustan. En
Europe, c’est à l’Allemagne que revient, semble-t-il, l’invention des cartes nu-
mérales, inspirées du jeu d’échecs; elles existaient déjà en 1329, comme
l’atteste une lettre pastorale de l’évêque de Würzbourg, lequel interdit les jeux de
cartes aux moines et aux religieuses de son diocèse. En France, le plus ancien
témoignage qu’on possède sur l’existence des cartes à jouer remonte à 1337 : Du
Cange, du moins, leur applique un passage des statuts de l’abbaye de Saint-Yictor
de Marseille à cette date, défendant certains jeux aux religieux; une ordonnance

du prévôt de Paris, le 22 janvier 1397, défen-
dant aux gens de métier de jouer les jours
ouvrables « à la paume, à la boule, aux dés,
aux cartes et aux quilles », prouve qu’à cette
époque elles étaient déjà très répandues. Il
y a longtemps, d’ailleurs, qu’on a fait justice
de la légende qui attribuait au désir de dis-
traire le roi Charles VI dans ses accès de folie
l’invention des cartes à jouer.

De la France, les cartes passèrent en Es-
pagne, puis en Italie, où, de la combinaison
du jeu de cartes numérales avec le jeu in-
structif, destiné à la jeunesse, des « naïbi »,
où étaient représentés les différents états de
la vie, les Muses, les Vertus et les Planètes,
naquit le tarot. Il apparaît en Lombardie et
à Venise vers la fin du xive siècle, et com-
prend alors, avec une série numérale, une
suite de vingt et un atouts ou ligures, re-
présentant : le Bateleur, la Papesse, l’Impé-
ratrice, l’Empereur, le Pape, l’Amoureux,
le Chariot, la Justice, l’Ermite, la Roue de
carte du «tarot de mantegxa » Fortune, la Force, le Pendu, la Mort, la
(148 5) Tempérance, le Diahle, la Maison de Dieu,

(Cabinet des estampes, Paris.) l’Étoile, la Lune, le Soleil, le Jugement,

le Monde, plus une carte hors série : le Fou.
Le sujet et le nombre des figures se modifient d’ailleurs avec les pays, et l’on
pense quel parti intéressant les artistes pouvaient tirer de ces représentations.

Il existe des jeux de tarots célèbres par le caractère et la beauté de leurs figu-
rations : tels sont, à notre Bibliothèque Nationale, le,jeu dit de Charles VI (dont
M. H. D’Allemagne donne la reproduction en couleurs), et le « tarot de Manlegna »,
gravé en 1485 suivant Passavant, attribué tour à tour au maître padouan, à
l’école vénitienne, à Finiguerra, et, enfin, par Émile Galichon dans une étude
publiée ici même1 (où, à tort sans doute, il se refuse à voir un jeu dans cette suite
de gravures), au graveur Bacio Baldini interprétant des compositions de Botti-
celli. Ce jeu de tarots a excité l’intérêt de Durer : neuf dessins de lui à la plume,
au British Muséum, sont des copies libres des cartes Talia, Philosophia, Jupiter,

1. Gazette clés Beaux-Arts, 1er février 1861, p. 143 (avec deux reproductions, dont une
gravée hors texte).
 
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