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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 2
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Nodet, Victor: Un vitrail de l'église de Brou: Titien et Albert Durer
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0106

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

forme le motif principal, traversé et retraversé par des volutes
de pierre aux courbes souvent gauches, aux terminaisons mala-
droites, et donnant à l’ensemble un aspect désordonné, désagréable.
Malgré la faiblesse qu’on peut avoir pour la richesse exubérante de
ce gothique tertiaire flamand, dans ses extravagances d’ailleurs si
délicates des mausolées et du retable, il est difficile de ne pas être
sévère ici pour la complication assez laide du fenestrage, et pour
l’absurdité de ses pinacles et de ses choux frisés.

Au milieu de cet enchevêtrement, se joue, suivant la tradition,
un peuple ailé d’anges musiciens aux longues robes. Les uns, trois
à trois, chantent des antiennes de la Vierge, que leurs mains
déroulent, notées en plain-chant : Ave regina cœlorum; salve regina
cœli; aima redemptoris. Les autres accompagnent ces chants sacrés
sur les instruments les plus divers : violes et violons, harpes et luths,
tambours et timbales, psaltérion, orgues, triangle, flûte, flageolet,
trompette, cornemuse et vielle; l’un d’eux se contente de frapper
dévotement dans ses mains; l’autre, immobile, les joint et admire.
A travers quelques remplissages plus étroits, des têtes ailées d’anges
bleus regardent le tableau magnifique, peint dans le verre, qui se
déroule au-dessous d’eux.

Deux doubles colonnes superposées, de la plus pure Renaissance,
encadrent la grande scène principale et soutiennent une longue
architrave de marbre, sur laquelle se dessine, en camaïeu rehaussé
de jaune, une longue procession de patriarches et de saints entourant
Jésus-Christ. Didron1 a, le premier, donné une magnifique descrip-
tion, très fantaisiste d’ailleurs, de cette frise, malheureusement un
peu haute pour être bien vue, et que, dans son enthousiasme, il ne
craignait pas de comparer aux Panathénées.

En avant, conduits par un ange, s’avancent Adam et Eve, suivis
des justes de l'Ancien Testament : Abel, Noé, qui soulève son
arche; Moïse et les tables de la Loi; Josué, dont une restauration
a fait disparaître les attributs; Jonas, avec son poisson; Abraham,
la main sur la tête d’Isaac et le glaive levé arrêté par un ange;
David, jouant de la harpe; puis un groupe de Sibylles avec des ori-
flammes; Isaïe, qui tient un phylactère; enfin, les Saints Innocents
(d’autres disent les Macchabées), qui accompagnent le Bon larron
portant sa croix, et qui terminent le cortège de l’Ancien Testament.

Au centre s’élève, au-dessus de tous, Jésus-Christ, le sceptre en

1. Didron, Histoire de Dieu. Paris, Imprimerie Royale, 1843, p. 291.
 
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