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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 2
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Gabillot, Cyrille: Les trois Drouais, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0170

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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M. Drouais le fils,peintre de l’Académie, vient d’exposer dans une salle
du palais des Tuileries le portrait de M",e de Pompadour en grandeur
naturelle, travaillant au métier dans son cabinet, où l’on voit d’un côté
une large draperie formée par des rideaux, de l’autre des livres, des
instruments de peinture et de musique, etc. Devant le métier est un petit
épagneul regardant sa maîtresse, qui a suspendu son travail et qui paraît
méditer. Ce tableau, qui est un chef-d’œuvre, a été achevé depuis la mort
de cette femme célèbre. La tête était finie dès le mois d’avril 1763. On ne
peut rien ajouter à la grâce de la figure, quoique dans une situation peu
favorable à la peinture, à la richesse et au fini des habits, au goût qui
règne dans l’ensemble : le petit chien m’a paru ce qu’il y a de moins bien.
Tous les maîtres de notre Académie ont peint Mme de Pompadour, mais à
mon gré, Drouais les a tous surpassés. C’est le seul homme qui sache
peindre les femmes, parce qu’il sait les faire ressembler sans nuire à cette
délicatesse, à cette grâce qui fait le charme de leur physionomie. Aussi, je
suis persuadé que toutes nos femmes voudront désormais être peintes
par Drouais.

Le Nécrologe partage l’opinion de Grimm; il dit que le public
vint en foule considérer la favorite et admirer l’art du peintre.

Avec ce portrait de Mme de Pompadour qui, selon Grimm, était
à vendre1, Drouais avait montré aux Tuileries celui d’un petit

1. Le portrait de Mme de Pompadour ne fut pas vendu à cette époque. II est resté
longtemps dans la famille Goupil. Les Concourt ont vu passer ce tableau à la
vente de M. de Cypierre en 1843. A côté de la signature de Drouais, il porte
l’inscription suivante : « La tête a été peinte en 1763 et le tableau fini en 1764. »
A la vente Cypierre, ce portrait fut acheté par M. Beurdeley. D’après les ren-
seignements que j’ai pu me procurer, il serait actuellement en Angleterre, peut-
être chez M. le baron Ferdinand de Rothschild.

Drouais ne voulant pas, dans ce portrait, se montrer inférieur aux grands
artistes qui avaient peint la favorite, étudia particulièrement la tête, et, ayant
trouvé la meilleure attitude, s’en tint là et transporta la tête d’étude sur la
grande toile. M. le comte de I.aborde possède un buste de la marquise, d’origine
certaine, qui nous éclaire sur ce point. La tête seulement a été étudiée, car les
mains sont cachées dans un manchon blanc; même robe à ramages, d’ailleurs,
que dans Je grand portrait. Ce buste fut donné par la marquise elle-même à sa
cousine Marie-Jeanne Darney, etprécède. par suite, leportraiten pied.Mllc Darney,
déjà âgée, épousa le chevalier de Béril, qu’elle fit son légataire universel ; celui-ci
se remaria plus tard avec Mlle Sabatier de Cabre, sœur de la comtesse Alexandre
de Laborde. La seconde Mme de Béril, morte sans enfants en 1859, laissa ce
tableau au marquis Léon de Laborde, père du comte Alexandre actuel.

Ainsi il est établi que le grand portrait a été précédé d’études préparatoires.
La marquise n’étant plus jeune, Drouais s’en tint à l’attitude la plus avantageuse,
et c’est pourquoi tous les portraits de la Pompadour ont la même tête. Le por-
trait de la marquise qui est au musée d'Orléans, avec manchon blanc, et qui
porte sur le fond les mots : « peint par Drouais le fils. La tête retouchée d’après
nature en 1763 », est la même étude que celle de M. le comte de Laborde. M. le
baron Alphonse de Rothschild en possède un troisième exemplaire qu’il a bien
voulu nous laisser reproduire ici, et M, le marquis de Chaponay un qua-
 
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