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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Gabillot, Cyrille: Les trois Drouais, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0182

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168

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Mayrobert qui raconte celte anecdote, certainement vraie dans le
fond, sinon dans tous les détails1.

Il m’a paru que l’histoire de ce portrait présentait quelque intérêt;
elle jette un peu de jour sur les causes de la démission de Marigny,
et le tableau est l’un des plus importants de Drouais. D'après les
documents que nous avons, il n’en fut fait que deux et peut-être
trois exemplaires : celui du Salon de 1771, une copie faite en 1774
pour le landgrave de ITesse-Cassel, et très probablement pour
M. Beaujon une seconde copie postérieure au mémoire2, car cette

1. V. la notice nécrologique de Cocliin sur le marquis de Ménars (Marigny),
dans le Journal de Paris du U1’ juin 1781. Marraontel, dans ses Mémoires pos-
thumes, reproduit la notice de Cocliin.

Voici l’anecdote racontée par Mayrobert : « Elle vint au Salon de cette année
1773, escortée de l’abbé Terrai, comme nouvel intendant général des Bâtiments,
et d'un grand nombre d’artistes distingués. Ils eurent la douleur de la voir
fronder avec amertume leurs diverses productions et montrer le goût le plus
dédaigneux. 11 est vrai qu’elle développa, dans ses critiques, des connaissances
qui annonçaient bien qu'elle ne parlait pas d’après son sentiment, et qu'elles lui
étaient suggérées par l’envie. Elle sortit fort mécontente; elle se rendit à Choisy
auprès du Roy, auquel elle fit part de son indignation contre les mauvaises
choses qu’elle avait vues. En vain, Sa Majesté essaya de la calmer, en lui faisant
entendre qu’il ne fallait pas mortifier durement les talents, qu’elle les découra-
gerait. Elle ne tint aucun compte des remontrances de Sa Majesté, et continua
d’exhaler son humeur. Elle ne fit grâce qu’à son portrait [par Drouais] et à son
buste [par Pajou]. » (Anecdotes sur la comtesse Dubarry, Londres, 1776.)

2. A la vente de la collection Secrétan, en 1889, furent adjugés un portrait
de Mme Du Barry, sous les attributs d’une Muse, et trois autres Drouais : le por-
trait de Louis-Philippe, duc de Chartres, un portrait de jeune homme, et un
d’enfant. Le portrait de Mmo Du Barry fut acquis 36 090 francs par un amateur
parisien de l’avenus du Bois de Boulogne. Il est ainsi décrit dans le catalogue
de la collection :

« Elle est assise, les cheveux poudrés, la figure de face, vêtue d’une robe
blanche, serrée à la taille par une ceinture bleue à franges d’or. Autour d’elle,
une draperie de soie rose. A ses pieds, un livre, une palette et un buste en
marbre renversé. Vers la gauche, au second plan, un brûle-parfum auprès d’une
colonne de pierre. »

Cette description du portrait actuel se rapporte bien à celui de 1771. Dans
les deux, le personnage est trop long, comme le veut Mayrobert, l’attitude et les
accessoires sont les mêmes; mais c’est le portrait retouché, comme le dit
Drouais dans le mémoire Pichon. L’artiste a rallongé la robe, et le portrait
actuel n’a plus rien d’indécent. On y voit encore un bord inférieur de robe
partant du genou gauche et allant à la cheville du pied droit, laissant à décou-
vert toute la jambe gauche, au-dessous du genou et une partie de la droite; seu-
lement cette nudité des jambes est maintenant masquée par une sorte d étoffe
blanche de dessous, allant de ce bord de robe jusqu’aux pieds.

Ce portrait de la vente Secrétan est-il l’original ou l’une des deux répliques?
11 a figuré à l’Exposition des Portraits nationaux, en 1878, et il est alors donné
comme provenant d’une collection de Saint-Pétersbourg. Ce pourrait être la copie
 
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