DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Migeon, Gaston: Monuments inédits: notes d'archéologie musulmane
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
tiers du xve siècle? Permet-elle de supposer une antériorité de
fabrication? Est-ce un premier état de fabrication d’une pièce qui
n’a pas encore reçu le décor lustré obtenu par la réduction au four
du protoxyde de cuivre? Je pencherais pour la seconde hypothèse.
On ne saurait admettre tout d’abord l’objection qui consisterait à
prévoir l’usure complète sur cette pièce d’un lustre qui en serait
disparu. Le cas s’est présenté : mais les places où le lustre fut apposé
par suite de réductions subies au four, sont toujours visibles, l’émail
en ayant été à tout jamais légèrement affecté.
Du jour où le lustre fut appliqué dans les ateliers de Valence
avec cette sûreté magistrale qui caractérise les beaux plats à armoi-
ries que l’enquête héraldique de M. van de Put1 lui a permis de
dater du premier quart du xvc siècle, tout le monde voulut posséder
cette belle vaisselle au riche éclat, les grands personnages comme
les pauvres gens. Et l’on fit, pour les humbles, cette vaisselle de
petits plats creux, lustrés, lourde et épaisse, dont tous les caractères
et l’absence constante d’armoiries indiquent bien l’usage populaire.
Le décor de la vasque du Louvre est, au contraire, simple, gran-
diose et primitif, et il semble que les vides réservés sur l’émail
blanc doivent tout naturellement tenter les décorateurs du lustre
qui vont enrichir ainsi les fonds du décor traditionnel qu’ils répètent.
Il est vraisemblable que nous possédons avec cette vasque un
spécimen unique, jamais encore rencontré, de ce que pouvait être
à Valence la céramique locale avant que les potiers ne vinssent
augmenter l’effet de leur décor en bleu habituel de toute la somp-
tuosité du lustre.
GASTON MIGEON
1. Van de Put, Hispano-Moresque Ware of the xvth Century, London, 1904.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
tiers du xve siècle? Permet-elle de supposer une antériorité de
fabrication? Est-ce un premier état de fabrication d’une pièce qui
n’a pas encore reçu le décor lustré obtenu par la réduction au four
du protoxyde de cuivre? Je pencherais pour la seconde hypothèse.
On ne saurait admettre tout d’abord l’objection qui consisterait à
prévoir l’usure complète sur cette pièce d’un lustre qui en serait
disparu. Le cas s’est présenté : mais les places où le lustre fut apposé
par suite de réductions subies au four, sont toujours visibles, l’émail
en ayant été à tout jamais légèrement affecté.
Du jour où le lustre fut appliqué dans les ateliers de Valence
avec cette sûreté magistrale qui caractérise les beaux plats à armoi-
ries que l’enquête héraldique de M. van de Put1 lui a permis de
dater du premier quart du xvc siècle, tout le monde voulut posséder
cette belle vaisselle au riche éclat, les grands personnages comme
les pauvres gens. Et l’on fit, pour les humbles, cette vaisselle de
petits plats creux, lustrés, lourde et épaisse, dont tous les caractères
et l’absence constante d’armoiries indiquent bien l’usage populaire.
Le décor de la vasque du Louvre est, au contraire, simple, gran-
diose et primitif, et il semble que les vides réservés sur l’émail
blanc doivent tout naturellement tenter les décorateurs du lustre
qui vont enrichir ainsi les fonds du décor traditionnel qu’ils répètent.
Il est vraisemblable que nous possédons avec cette vasque un
spécimen unique, jamais encore rencontré, de ce que pouvait être
à Valence la céramique locale avant que les potiers ne vinssent
augmenter l’effet de leur décor en bleu habituel de toute la somp-
tuosité du lustre.
GASTON MIGEON
1. Van de Put, Hispano-Moresque Ware of the xvth Century, London, 1904.