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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 5
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Jamot, Paul: Les salons de 1906, 1, La peinture à la Société nationale des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0393

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des anges ou des premières communiantes, sont assises, drapées
de longues tuniques blanches, couronnées de roses blanches : elles
jouent de la harpe et regardent le joli paysage ensoleillé, la pente
verte des gazons, où s'avance en courbe lente, jusqu’à l’arcade
fleurie qui se profile sur le ciel, une blanche théorie de vierges
sœurs. A gauche, c’est, dans un jardin étagé en terrasses et
qu’anime un jet d’eau, un blanc « quatuor » des mêmes jeunes filles
pareillement vêtues et couronnées; puis, en haut d’un escalier, un
groupe chantant d’enfants de chœur en robes bleues. A droite,
dans une sorte de treille qui s’ouvre sur un délicieux paysage floren-
tin, une des vierges blanches joue de l’harmonium, tandis qu’assises
au-dessous d’elle, d’autres lisent avec une attention ingénue dans
leurs livres de musique; plus loin, c’est une prairie printanière
qu’enferme un rideau de cyprès : pieds nus clans l’herbe, deux jeunes
fi lies dansent, et le mouvement de la danse agite doucement leurs
blanches tuniques; une autre les accompagne sur une guitare et
semble presque gagnée, elle aussi, par le rythme.

Gomment dire maintenant la joie de la lumière et de la couleur,
des tonalités vives et gaies, bleu, vert, lilas, orangé et jaune, qui
cependant se fondent dans une exquise et blanche symphonie?
Unité, variété, harmonie, rythme, agencement heureux des lignes,
choix délicat des détails, facile invention des motifs, grâce ingénue
et vivante des figures, atmosphère de jeunesse et de joyeuse lumière,
paysages délicieux, merveilleux accord de l’humanité et du décor,
allégresse et suavité de la couleur, franchise et saveur de l’exé-
cution, toutes ces qualités, dont une partie suffirait à un décorateur
de premier ordre, font du Salon de musique de Wieshaden une
des œuvres marquantes de notre temps.

Ap rès Carrière, Besnard, Denis, l’attention est naturellement
attirée et retenue par le groupe d’artistes auquel j’ai déjà fait allu-
sion et qu’on appelle familièrement, d’un nom moins spirituel qu’in-
juste, comme la plupart des sobriquets, la « Bande noire ». U y a
là des talents très différents et très inégaux, mais qui ont cependant
entre eux d’autres rapports que ceux d’un âge presque semblable
et d une carrière parallèle : hommes de culture étendue, artistes
intelligents et raffinés. En Jes qualifiant ainsi, je ne pense pas les
diminuer. On a trop souvent essayé de nous faire croire qu’il n’y a
de salut que pour le génie inculte, inconscient comme une force
de la Nature. Je ne nie pas que ce génie-là soit possible. Mais ce
 
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