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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 5
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Jamot, Paul: Les salons de 1906, 1, La peinture à la Société nationale des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0395

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LES SALONS DE 1906.

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n’est pas une raison pour mépriser l'intelligence. « L'Intelligence
et la Passion sont bien près du Génie », écrivait M. Albert Besnard
dans cette même Gazette il y a quelques années1, et ce mot a une
autre portée que d’être une confidence personnelle de celui qui a
pu si légitimement se l’appliquer à lui-même. Les artistes dont je
vais parler n’ont peut-être pas la « passion » ; mais Whistler
F a-t-il connue davantage?

Parmi eux, il est, plus que toute autre année, juste que je nomme
aujourd’hui M. Charles Collet le premier. Car, arrivé à un point de
sa carrière et à un degré de son succès où tant d’arlistes croient
qu’ils n’ont qu’à continuer et à profiter des forces acquises, il nous
donne le salutaire exemple d’un effort considérable et heureux
dans une direction îioveulle. Il pouvait craindre que le public
refusât de l’y suivre. Les peintres, en effet, comme les écrivains,
sont souvent prisonniers d’un premier succès : le public inconsé-
quent, pour qui c’est comme une clause de style de protester chaque
année contre le « déjà vu » des Salons, s’étonne ou s’irrite dès qu’un
artiste classé dans un certain compartiment se montre désireux d’en
sortir.

M. Cottet a su traduire par des moyens raffinés et expressifs la
poésie désolée que lui inspirèrent les ciels bas, les landes plates,
la mer sombre et mauvaise et le peuple en deuil de Bretagne. Mais
il n’a pas voulu qu’on le crût incapable de peindre sous d’autres
horizons. Sa vue de Pont-en-Royaus dans le Dauphiné, vieux village
dont les étroites masures, serrées les unes contre les autres et in-
crustées dans le roc, surplombent l’eau jaune qui sort d’une gorge
de la montagne, appartient, comme son Avila du dernier Salon, à
une remarquable série qui s’impose par une exécution incisive et
une belle recherche du caractère. Si beaucoup de gens sont déjà
déconcertés quand ils trouvent sous le. nom de M. Cottet, au lieu
de la Bretagne attendue, un paysage de Tolède ou une impression
de montagne, quelle ne sera pas leur stupeur quand on leur dira
que ce peintre expose aujourd’hui trois figures qui ne sont pas
des faces frustes de marins ou de Bretonnes, mais trois grands por-
traits en pied, et trois portraits de femmes! Car, si M. Cottet les
intitule modestement Études d’après Mlle J. L.-B., ce sont bien trois
portraits de la même jeune femme brune dans des attitudes et des
harmonies différentes. Et il ne s’agit pas du tout ici d’un artiste qui

1. Introduction au Salon de 1897 (Gazette des Beaux-Arts, 1er mai 1897, p. 376).

XXXV. — 3e PÉRIODE.

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