Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 35.1906)

LES SALONS DE 1906

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Si M. René Ménard ne présente pas au public une exposition
aussi inattendue que celle de M. Coltet, il m’est du moins très
agréable de constater que son envoi de cette année est une de ses
meilleures œuvres. Ces
deux longues frises, Terre
antique (le Temple) — Terre
antique [le Golfe), méritent
de causer un plaisir sans
mélange à ceux qui, dès
ses débuts, ont aimé les
poétiques imaginations de
ce peintre compréhensif et
son amour personnel du
style. Les qualités que tout
le monde lui reconnaît, le
goût des compositions no-
bles et sévères,le sens res-
pectueux et raffiné de l’An-
tique et le don de suggérer
une sorte de parfum d’LIis-
toire, ont trouvé ici le plus
heureux emploi. Certains
critiques grincheux, sensi-
bles pourtant à la séduction
de ses œuvres précédentes,

— mais le métier des criti-
ques, ils le croient du
moins, est souvent de bou-
der contre leur plaisir, —
craignaient que l’artiste,
enfermé dans son rêve, ne
perdît peu à peu le néces-
saire contact avec la nature
vivante, que la belle séré-
nité ne se changeât en froi-
deur et la recherche du

style en artifice. Ils pourront être rassurés ici. Ces colonnes simples
et robustes, qui, du haut du sombre promontoire, dominent la
mer d’argent enfermée par la courbe d’une côte lointaine, peuvent
bien être impassibles, puisqu’elles ont vu tant de siècles, tant

mm.

ETUDE D APRES TVIue .T. L.-B.

PAR M. CHARLES COTTE T

(Société Nationale des Beaux-Arts.)