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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 6
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Jamot, Paul: Les salons de 1906, 2, La peinture à la Société des Artistes Français
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0505

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472

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Là, devant le noble profil romain de Toulouse la rouge, dont les
flots de la Garonne emportent le reflet moiré, une humanité moins
fruste et plus diverse anime les terrains vagues, sablonneux ou ga-
zonnés, de la berge : citadins en vestons sombres ou clairs, en pale-
tots longs ou courts, chapeaux de paille ou feutres mous, seuls ou
en groupes, lisant, causant ou rêvant, les yeux à terre ou le visage
levé vers la clarlé du ciel. Comme un pendant à l’idylle cham-
pêtre de l’autre muraille, un batelier coiffé d’un béret, le torse vêtu
d’une chemise verdâtre, s’avance en tenant par la main une jeune
fille en robe rose. Au second plan, plus près du fleuve, un couple
de fiancés, des bateliers et un groupe assis de trois paysans venus
à la ville.

Comme il était naturel dans un décor où le paysage joue un
rôle prépondérant, c’est la lumière, la divine lumière qui est la
vie, le mouvement et la joie des deux compositions. Dans le poly-
ptyque des Champs, elle obéit à la succession des saisons. Fraîche
et matinale aux deux étroits panneaux du Printemps, elle blanchit
l’eau frissonnante du petit ruisseau et la neige légère qui fleurit les
arbres sans feuilles, et elle caresse doucement la tête nue de la
bergère. Chaude et blonde dans le grand tableau de l'Été, elle rosit
les collines diaprées, auréole le feuillage des grands peupliers,
glisse des coulées d’or parmi l’herbe verte, allume ici la face ou le
bras d’un faucheur, là les cheveux blonds ou la robe rose d’une
fillette, et fait pénétrer jusque dans l’ombre ses jeux de reflets colorés.
Puis, l’automne venu, du ciel plus froid descend sur le bleu assombri
des montagnes et les feuilles jaunies des peupliers une pâle lumière,
qui est clémente à la vieille gardeuse de chèvres. Enfin, plus pâle
encore, elle enveloppe d’un transparent voile gris le petit village
aux toits bruns, que laissent voir, entre leurs troncs dépouillés, les
arbres noircis plantés dans la terre rouge et nue.

Sur la muraille de la Ville, la lumière ne reçoit pas des saisons
ses métamorphoses, les cinq panneaux n’étant que les parties d’un
unique tableau. Mais dans ce large horizon de ciel, plus vaste que
ce que nous pouvons embrasser d’un seul coup d’œil, elle se meut
et se modifie insensiblement, depuis les régions plus proches de sa
source jusqu’à celles que déjà l’ombre gagne. A gauche, le soleil
oblique illumine le bleu magnifique du ciel, où passent de beaux
nuages blancs, au-dessus des façades de brique ou de pierre qui se
colorent d’orange, de rose ou de rouge sang, et ses rayons enflam-
ment, çà et là, la face levée des promeneurs ou les plis de leurs
 
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