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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 6
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Guillot, Gaétan: Un dessous de l'atelier de Rigaud
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0539

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502

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

qui présentent avec les deux que nous venons cle signaler les ana-
logies les plus remarquables.

On peut voir au palais de Monaco un tableau de Rigaud repré-
sentant Antoine Ier Grimaldi, ancêtre direct du souverain actuel de
la Principauté de Monaco. Le personnage est posé dans la même
attitude, coiffé de la même coiffure que Yilleroy et notre inconnu.

Cependant, le paysage est tout autre, comme aussi la disposition
des masses de nuages qui forment le fond. La donnée générale de
ce fond a du reste été imposée au peintre, à qui on a commandé de
représenter le rocher de Monaco avec le palais de Son Altesse Séré-
nissime.

On pourrait croire, malgré cette variante, que le portrait de Caen
est une réplique de celui de Monaco. Des circonstances extérieures
pourraient donner ouverture à cette supposition. Antoine Grimaldi
avait une fille qui épousa l’un des seigneurs de Torigni, Jacques de
Goyon, seigneur de Matignon, qui prit, avec l’autorisation du roi de
France, le nom et les armes des Grimaldi.

Louise-Hippolyte, femme de ce Jacques Ier, fit de longs séjours
dans le Cotentin, au château de son mari. Elle y avait apporté les
effigies de ses proches, dont elle avait formé une galerie. Au début
du xixe siècle, le mobilier royal qui garnissait le château de
Torigni fut dispersé au hasard des enchères. L’on trouve encore
à Bayeux, à Sainl-Lô et à Vire des épaves de la collection réunie
par les possesseurs de cette résidence princière. Le tableau de
Caen a pu, non sans vraisemblance, être considéré comme provenant
de cette origine.

Il est vrai que l’argument de probabilité pouvait aussi agir en
faveur de la désignation du maréchal de Villeroy. Celui-ci, oncle
maternel de Louise-Hippolyte Grimaldi, avait joué un rôle actif
dans la négociation du mariage de sa nièce.

Ces considérations accessoires perdent, du reste, toute leur valeur
si l’on confronte les deux personnages.

Au lieu de l’homme du Nord, calme et froid, que nous avons
reconnu dans le portrait caennais, Antoine Ie1' Grimaldi nous apparaît
comme un Méridional au tempérament sanguin, ami des franches
lippées et des joyeux devis, avec un air d’autorité et de superbe qui
cadre parfaitement avec ce que nous savons du physique et du moral
de ce prince, que ses amis appelaient Goliath dans l’intimité.

Ce mot, qui dépeignait exactement le prince de Monaco, jure, au
contraire, avec la physionomie reposée et attrayante du faux Villeroy.
 
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