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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

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Nr. 1
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Goujon, Pierre: Les Salons de 1909, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0092

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LES SALONS DE 1909

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table peintre divinateur et conscient, épris de beaux contrastes, a fait
éclater en fanfare ce manteau orange, éblouissant comme un vête-
ment d’apparat, au milieu de ces pelages blancs et jaunes hardiment
striés de vert, au-devant de ce village, sous ce ciel bleu où virent
des nuages cotonneux ! Voici deux belles manifestations de l'initia-
tive et de la sincérité. Elles attestent beaucoup de science. Elles
respirent au surplus la joie d’avoir vraiment découvert tous les
secrets de la nature et de la vie, toutes les causes d’émoi et do
pensée qui sont en elle et qui passent chez l’artiste qui les observe
et les oblige, à force de patience, à se découvrir et à se confier.

Au terme d’une aussi longue enquête, c’est peut-être par cette
joie qu’elles décèlent que nous devrions définir les œuvres que
nous avons préférées. Si nous pouvions pénétrer les âmes, nous y
lirions une harmonie entre le respect et la tendresse que les artistes
véritables ont pour leur art et le succès qui les récompense. Au-
dessus des qualités réelles du tableau, il y a une sorte de reflet, un
frisson du bonheur intime, sans lequel l’œuvre est incomplète
et qui n’échappe qu’à l’indifférent. Il faut autre chose et plus que
l’intelligence pour le produire et le sentir. Et les qualités mysté-
rieuses de l'œil elles-mêmes n’y suffiront pas. Les œuvres qui
portent la trace ineffaçable de cette félicité sont assez nombreuses
pour qu’on renonce aux récriminations et aux formules d’alarme.
Certes, nous avions prévu plus de fantaisie que de force; à défaut
d’une forte discipline collective, mille tentatives un peu inquiètes
sur mille chemins sans certitude ; sous une apparence de désordre,
un grand désir et quelques promesses de nouveauté. Nous n’avouons
aucune déception. La peinture moderne reproduit les qualités de
notre fonds et les errements de notre habitude. Au total, elle est à
notre honneur, et là, comme ailleurs, nous restons aptes à regagner
les retards, assez riches pour être prodigues.

PIERRE GOUJON

(La suite prochainement.)

II. — Ie PÉRIODE.

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