Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 2.1909)

LE DÉFRICHEMENT, GROUPE EN PLATRE, PAR M. H. BOUCHARD
(Société des Artistes français.)

LES SALONS DE 1909

(quatrième et dernier article1)

s c ü l i> t c r e

e crois qu'il serait tout à fait injuste de faire, à propos de notre
sculpture, une amère profession d’indigence.

Je sais bien que l’emploi d’une sévérité un peu coléreuse con-
fère ou parait conférer au critique le droit d’exercer une magistrature
infaillible. Je sais aussi que n’aimer rien ou peu de chose, et, de
temps en temps, pratiquer quelque idolâtrie, semblent donner l’au-
torité avec un brevet de goût. J’imagine pourtant qu’une renommée
qui risque d’être provisoire sera payée trop cher, si elle doit être
payée par le plaisir qu’on éprouve à choisir et à préférer.

Dans la foule de ces bronzes et de ces marbres, quelques œuvres
ont éveillé notre espérance. Un certain état d’impatience et de fièvre,
qui apparaissait chez nos peintres, est moins visible chez nos sculp-
teurs. Ce sont plutôt gens d’expérience, capables de méthode et de
soin, dociles à la tradition et à la règle, et qui contiennent beau-
coup de sécurité. Je leur reprocherai d’être du même âge, ou, mieux,
d’être sans âge, et je m’en explique. Les hésitations, les belles
erreurs de la jeunesse, les mouvements d’audace et d’empontement,
les résultats un peu grêles, mais où l’on sent que l’étoffe viendra,
l’effort manifeste, même sous un aspect douloureux, même traduit
dans un échec, je les cherche et je ne les trouve pas. Et, à l’autre
bout de la vie, les preuves de pensée profonde, les traces des acqui-

1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1909, t. I, p. 38o et 490, t. II, p. 04.