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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0481

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BIBLIOGRAPHIE

TIEPOLO, par P. Molmenti1

école vénitienne, malgré son indépendance et sa profonde
originalité, suit toutes les vicissitudes de la politique
et de la pensée italiennes. La réaction contre la Renais-
sance que provoquèrent les Papes de la contre-Réforme
eut sa répercussion chez elle, comme dans toute l’Italie.
Le jour où Paul Véronèse est traduit devant le tribunal
de l’Inquisition pour se justifier de la façon indécente
dont il traite les sujets religieux marque comme la fin
de la grande école vénitienne et comme l’avènement d’un art nouveau directe-
ment soumis à la pensée romaine. Venise renonce à sa gaieté; la grande ville
de la joie s’attriste; à ces grands maîtres de la lumière qu’étaient les Titien et
les Paul Véronèse succède un art inspiré de l’école de Bologne, l’art des
maîtres que l’on a appelés les Tenebrosi.

Mais cet art ne régna qu’un instant sur Venise et sur l’Italie. C’est la Papauté
elle-même qui renonce à sa trop brusque tentative de réaction. Après l’Église
militante delà fin du xvie siècle, c’est l’Église triomphante du xvue siècle qui fait

réapparaître la joie dans le monde, qui cherche àaltirer et à retenirle peuple dans
les églises, non plus par des sermons et un art trop sévère, mais par toutes les
fêtes, par toutes les séductions qui peuvent agir sur les cœurs. Ce fut la politique
des grandes corporations religieuses, surtout celle des Jésuites; c’est elle qui
inspire à Rome l’art du Bernin et, dans le nord de l’Europe, celui de Rubens. En
Italie c’est par les mains de Pierre de Cortone, du Père Pozzo, du Baciccio, de
l.uca Giordano que se crée l’art qui va régner jusqu’à la fin du xvin0 siècle.

Plus que toute autre, Venise était faite pour se laisser séduire par cet art
nouveau. Pour y briller elle n’avait qu’à reprendre ses traditions, et elle voit naître
un Tiepolo qui, à deux siècles de distance, semble l’élève même d'un Paul
Véronèse. Venise a eu cette bonne fortune de ne pas connaître les ruines
des invasions étrangères. Au xvne et au xvni0 siècle, si elle perd sa suprématie
politique et guerrière, elle ne perd pas ses richesses. Son activité inemployée,
cette activité qu’elle dépensait autrefois dans les guerres et les expéditions loin-
taines, elle la consacre toute au plaisir. Le xvmc siècle vénitien est une chose qui
ne s’était jamais vue : tout un siècle de folie amoureuse, tout un peuple se ruant
au plaisir dans un carnaval ininterrompu. Et elle a les artistes qu’il faut pour chan-
ter ses fêtes :un Longhi, un Piazzetta et une Rosalba Carriera, pour dire la beauté

1. G. B. Tiepolo: La sua vila ele sue opéré, parPompeo Molmenti. Milan, Ulrico Hœpli,
1909. In-4°, xu-360 p. avec 350 figures et 80 planches hors texte.
 
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