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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

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Nr. 2
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Bertaux, Émile: L' art religieux de la fin du Moyen Âge à propos d'un livre récent
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https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0155

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136

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

volume, qui vient de paraître, descend jusqu’au concile de la Contre-
Réforme, qui édicta comme une « séparation » du dogme officiel et de
l’art traditionnel. Ces deux volumes, dont chacun représente dix ans
de recherches et de réflexions, sont deux monuments. Leur archi-
tecture, œuvre savante d’un artiste, a la vie d’un poème. Si le second
des deux édifices n’égale pas le premier pour la simplicité solennelle
de l’ordonnance, les matériaux y sont plus rares et les détails plus
précieux : un Saint-Wulfran d’Abbeville à côté d’un porche de
Chartres.

I

L’auteur a défini son dessein dans l'introduction du nouveau
volume. Il entend négliger l’analyse des « formes », l’histoire des
« écoles d’art, de leurs luttes, de leurs conquêtes », pour dégager
« les idées directrices ». Les formes mêmes ne sont pour lui que
des apparences. Le jour où il voudra s’attaquer à elles sans
détour, il compte leur ravir encore le secret d’une pensée1.

Cette attitude, dont la franchise n’est pas sans fierté, doit être
opposée à celle que prennent aujourd’hui, en face des problèmes de
l’art chrétien, les critiques les plus savants d’Allemagne et d’Italie.
Pour un Morelli, ou, plus près de nous, pour un Berenson, qu’est-ce
que le sujet d’une œuvre d’art? Une ligne de légende au bas d’une
image. C’est à l’œuvre que le critique va tout droit, sans intermé-
diaire ni interprète. Il n’est pas un esprit qui interroge des esprits,
mais un œil exercé à reconnaître des «mains ». L’exégète et F expert con-
templent, dans une même peinture, deux mondes séparés par l’abîme
que Pascal a vu entre le monde de la chair et celui de la « charité ».

En abordant le domaine spirituel que maintenant il a fait sien,
M. Mâle y a retrouvé les traces de précurseurs, qui furent des
apôtres : le jésuite Cahier, le pieux Didron. Le livre admirable qui
nous a montré les cathédrales reflétées dans le quadruple Miroir de
Vincent de Beauvais, était en germe dans un rapport sur la cathé-
drale de Chartres adressé en 1840 au ministre de Salvandy2. Mais
continuer Didron, à la fin du xix° siècle, c’était renouer en France
une tradition rompue. Quand M. Mâle se mit à l’œuvre, ce qui, dans

1. « Au fond la moindre ligne est d’essence spirituelle : le jet d’un draperie, le
contour qui cerne une figure, le jeu des lumières et des ombres peuvent nous
révéler la sensibilité d’une époque tout aussi clairement que le sujet d’un tableau.
Quelque problème que l’historien de l’art essaye de résoudre, il rencontre tou-
jours l’esprit. »

2. Publié en 1870 dans les Annales archéologiques, t. XXVII.
 
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