Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Chantavoine, Jean: Un humoriste allemand: Wilhelm Busch (1832 - 1908)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0219

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
198

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

haute dans l’opinion et même dans l’art de son pays? Par quels carac-
tères cette œuvre d’amusement léger peut-elle justifier une faveur si
grande? C’est ce qu’on voudrait ici chercher et, s’il se peut, dégager
brièvement, en cette année où notre « Salon des Humoristes » vient
de consacrer à Busch une alvéole de sa ruche joyeuse.

❖ ❖

Wilhelm Busch est né, le 15 avril 1832, à Wiedensahl, village
hanovrien proche Stadthagen, entre Minden et Hanovre. Il était fils
d’un petit mercier et l’aîné de sept enfants. Ses premières années
furent celles d’un bambin campagnard, mêlé à la vie des gens, des
bêles et des choses. Vers 1845, la famille changea de résidence et
s’établit à Lüelhorst. Là, nous dit Busch, dans une courte autobio-
graphie écrite plus tard en guise de préface à son Pater Filucius,
« sous ma fenêtre rmumurait le ruisseau. En face était une maison,
théâtre de la discorde conjugale. Le drame commençait derrière la
scène, se continuait dans la cour et se terminait dehors. Elle se
tenait en haut, devant la porte, et brandissait triomphalement le
halai de ramilles; il se tenait en bas, au bord du ruisseau, et tirait
la langue; et, de la sorte, lui aussi avait son petit triomphe. »
Dans ce souvenir d’enfance, lestement croqué, nous trouvons Busch
tout entier : l’observateur, le dessinateur, l’écrivain. L’intrigue,
comme plus tard ses historiettes des Fliegende Flatter, se découpe en
images successives; le décor est campé en trois mots : une maison,
une cour, un ruisseau ; dans ce c|,écor, voici l’accessoire caractéris-
tique, ce balai brandi par la ménagère triomphante; et, avec l’acces-
soire, la grimace non moins caractéristique de cette langue, qui se
tire en manière de défi penaud. Notez que la querelle n’est pas un
incident isolé : c’est toute la « discorde conjugale » qui s’y joue,
comédie éternelle et universelle; les personnages, l’ustensile même
en ont la généralité impersonnelle: elle, lui, le balai... Et combien
de choses en peu de mots! La sobre précision du trait est bien de
Busch dessinateur; la généralité qu’il y trouve ou qu’il lui donne est
de Busch observateur et, si j’ose dire, philosophe; la concision de la
phrase, de Busch écrivain. Rien qu’à la manière dont se dispose
ainsi dans sa mémoire un souvenir de la quinzième année, nous
voyons que Busch, dès cet âge, était bien un humoriste.

Pourtant, il ne se préparait qu’à devenir ingénieur, quoique,
parmi les matières de ses études, ce futur versificateur s’intéressât
 
Annotationen