Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Meier-Graefe, Julius: Hans von Marées: artistes contemporains
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0329

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
300

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

cond de la terre natale. Marées constitue à la règle une exception
lumineuse. Sa patrie résidait dans la puisssance de son intelligence
et de sa sensibilité. Tête haute, dominant les influences qu’il
recherchait, consciemment il a lutté sans cesse pour le développe-
ment de sa personnalité.

Au temps de la jeunesse, l’influence de Rembrandt approfondit
le talent d’improvisation de l’artiste, nourri aux sources de l’art
français. Rembrandt, plus tard, l’empêchera de tomber dans la froi-
deur. A son retour d’Espagne, Delacroix fait impression sur lui; on
s’en aperçoit à la couleur éclatante du Saint Philippe et Veunuque.
Les portraits de Marbach et de Fiedler donnent à penser que d’autres
peintres français plus jeunes le frappèrent également. Rembrandt
de nouveau intervient et accroît l’ampleur du portraitiste. La
recherche de la couleur est tempérée par le sens de l’espace, que le
Français ne possède guère, son ambition se réservant presque
exclusivement aux beautés d’apparence et de surface, si l'on peut
dire. Au second voyage en Italie, Marées apparaît en pleine matu-
rité. Le peintre munichois, qui s’extasiait devant Michel-Ange,
est devenu un maître qui, riche de tous les apports du Nord, passe
en revue les héros d’un autre monde. Dans ses œuvres dernières,
datées de Rome, on voit s’abolir un à un les liens qui l'unissaient à
ses modèles antérieurs et à la peinture française.

On dira sans doute : voici un peintre allemand qui Remporta en
supprimant les limites que s’imposent les Français par la logique
de leur évolution; sans se refuser à profiter de leurs découvertes, il
porte à la perfection ce que négligent, ce que doivent négliger ces
Français. Il faut s’en réjouir, tout en se gardant des conclusions
précipitées. Pour l’artiste qui veut tirer profit de l’exemple de Marées,
la question de savoir comment il réussit importe plus encore que le
fait de sa réussite. Il y aurait danger à généraliser un cas particu-
lier tout aussi rare qu’est en littérature l’apparition d’un Gœthe. Ce
n’est pas en cultivant jalousement sa subjectivité, comme le font
tant d’Allemands d’aujourd’hui, que Marées parvint à la gloire.
Isolé dans la vie, il communiqua toujours avec les grandes œuvres
de l’humanité, et si le destin lui fut donné d’égaler la gloire des
écoles latines, ce n’est qu’après avoir emprunté et parcouru leurs
voies avec un plein succès.

J. MEIER-GR AEFE
 
Annotationen