Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Goujon, Pierre: Le Salon d'Automne
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0421

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
388

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

*

❖ ^

La sculpture est, comme toujours, peu abondante au Salon d’Au-
tomne. Mais quelques œuvres y contiennent un puissant intérêt.

Revenir à M. Rodin, c’est revenir à un sublime un peu tour-
menté qui ne le fut jamais moins que dans cette femme accroupie qui
laisse un souvenir angoissant de muscles tassés, tendus à rompre,
roulant comme des flots furieux. La lumière tombe dans les creux
de ce bronze comme dans un gouffre et paraît rebondir sur ses sail-
lants. M. Bourdelle n’égale pas cet emportement. Mais la statue qui
représente Carpeaux au travail possède une sorte de majesté inquiète
qui m’a fortement saisi. M. Maillol, qui a le goût des représentations
générales, a souvent exagéré l’esprit de synthèse. Jamais il ne fut
mieux inspiré que dans ce corps de jeune athlète dont la structure
contient, revêtant l’assurance des grandes lignes et des grandes sur-
faces, les preuves de la plus exigeante analyse. Enfin, je dirai l’émo-
tion profonde qu’ont subie tous ceux qui conservent le culte d’Eu-
gène Carrière, à le voir survivre en son fils. M. Jean-René Carrière
reçoit les effets de la plus émouvante hérédité. Découvrons, dans ce
buste un peu repris et recherché, avec les signes d’une religion fami-
liale, des promesses considérables et une nouvelle démonstration
du caractère génial d’une peinture que la sculpture peut aussi natu-
rellement transposer. Mme Yvonne Serruys a le plus agréable talent,
fait de finesse et d’entrain.

Les céramiques de M. André Methey méritent de nouveaux bra-
vos. Il paraissait difficile que son ingéniosité pût être accrue. Il
vient de réaliser un nouveau gain de noblesse. Mme Ory-Robin a
conçu, sur un paravent, une véritable fête de clarté. C’est là une de
ces belles visions de rêve qu’il appartient aux décorateurs de nous
donner. Les perles et les cordes d’argent s’épanouissent en fleurs,
courent comme des veines légères sur l’étoffe écrue. Bien des
peintres peuvent recevoir là l’enseignement des qualités de logique et
d’ordre, d’émotion aussi, indispensables à l’œuvre d’art, en qui
doit se refléter la raison française.

PIERRE GOUJON
 
Annotationen