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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Germain, Alphonse: Les œuvres régionales du Musée Rolin à Autun
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https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0453

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

pleinement clans l’admirable Saint Jean-Baptiste de la salle des
séances. OEuvre d’un perspicace aux mains expertes à faire parler la
pierre. Ses caractères particuliers sont mis en relief avec une fer-
meté et une précision délectables, sa personnalité s’accuse artiste-
mcnt jusque dans ses détails. Pâtre à moitié érémitique ou ermite à
demi-rustique? En tout cas, c’est un homme, et très humainement
présenté. Et c’est une statue établie avec une entière convenance,
suivant les lois de la statique. Une telle figure l’emporte sur tous les
Baptiste de Donatello, trop sauvages ou trop fiévreux, par son
équilibre sculptural, sa sérénité d’être robuste et sain.

Une statue de bois peint, le Saint André de la salle du bas, où se
reconnaît également l’empreinte du xv° siècle, montre comment,
grâce aux influences nordiques, notre sculpture achève de s’éman-
ciper des servitudes médiévales. Figuré très expressivement sous
les traits d’un quadragénaire dont la tète rentre dans les épaules,
cet apôtre s’appuie sur sa croix comme sur une béquille. On dirait
le portrait d’un valétudinaire. La contexture de sa tête ne vaut
certes pas celle du susdit Baptiste, mais une flamme intérieure
l’anime; les plis du costume gardent par-ci par-là certaines duretés;
toutefois ils l’enveloppent largement; et, si la main qui tient un
livre laisse prise à la critique, du moins n’outrage t-elle pas l’ana-
tomie. Cette impressionnante figure gagnera en force affective quand
elle sera placée sur un socle et que ses tons dominants, un jaune
ocreux et un ponceau saignant, qui semblent trop frais étalés, se
seront adoucis.

Une statue de pierre de la salle des séances, Sainte Barbe, non
moins réussie que le Saint Jean-Baptiste son voisin, résume les
qualités de ceux qui réagirent, dans les dernières années du
xv° siècle, contre les excès du slutérisme. Elle prouve que de sérieux
progrès ont été accomplis dans l’art de bâtir les corps. Ses galbes
sont construits sûrement et caressés avec amour; sa physionomie,
pure et douce, s’éclaire des reflets d’une vie méditative, et dans
son vêtement comme dans son visage on découvre des recherches
de nuances d’un sentiment tout moderne. Cette harmonie dans les
proportions qui engendrent la beauté, elle l’a et la fait valoir, sans
sortir du naturel, avec un port de reine et une grâce féminine dont
il n’y a pas d’exemple dans les œuvres antérieures. C’est une sœur
très distinguée de la Vierge sauvée par Gabriel Bulliot et du Saint
Genès du musée de Dijon. On croirait volontiers que son auteur
s’était assimilé les principales qualités de l’école tourangelle, si l'on
 
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