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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

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Nr. 6
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Bénédite, Léonce: Peintres-graveurs et peintres-lithographes, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0531

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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naire était, du reste, l’aboutissement des efforts tentés systémati-
quement, depuis une dizaine d’années, pour relever le prestige de cet
art et la conditionde ses artistes. Do part et d’autre, en effet, la situa-
tion n’était pas brillante. Par la faute même des lithographes, qui
avaient abandonné les vieilles traditions du beau et franc dessin
sur la pierre, pour rivaliser avec les autres modes de l’estampe, et,
ce qui est pire, avec les apparences de la photographie, ce procédé
si riche et si varié, si glorieux et si populaire, tomba dans une lourde
décadence et dans un délaissement complet. La lithographie n’était
guère plus employée que pour les usages du commerce, et les pro-
cédés mécaniques menaçaient déjà de la chasser de ce dernier
refuge où les survivants des lithographes professionnels trouvaient
du moins leur gagne-pain.

Il était resté, pourtant, à la lithographie quelques rares fervents
isolés qui en gardèrent le souvenir durant cette période néfaste :
les Fantin et les Chéret, les Sirouy, les Vernier et les Chauvel.
Parmi les dessinateurs originaux, Fantin, qui avait débuté en 1861,
s’était laissé rebuter par les premiers tirages, puis, à partir de 1873,
avait repris le crayon gras et y trouvait chaque jour davantage des
délassements heureux à ses autres travaux. Il représentait la
grande tradition. Chéret, de son côté, par l’essor que . son génie
prime-sautier et fantaisiste donnait à l’affiche en couleurs, créait à la
lithographie un débouché prodigieux dans des formats encore inusi-
tés. L’histoire de l’affiche, M. Roger Marx l’a montré, est un des plus
extraordinaires chapitres de l’histoire de la lithographie. Bientôt
Steinlen et Willette suivaient, lui frayant une autre voie, artistique
et commerciale également, avec l’illustration des nouveaux cycles
de chansons populaires des cabarets de Montmartre. Ailleurs, le
mystique Dulac, dans sa solitude, composait de subtiles combinai-
sons chromatiques de tirages pour ses paysages symboliques; et
Lunois, qui devait enlever sa bourse de voyage comme lithographe,
en 1888, s’aventurait déjà dans les audaces du lavis. C’était donc
un réveil lent et sûr, bien que perceptible seulement, à cette heure,
aux yeux clairvoyants.

Parmi les esprits avisés qui distinguèrent la formation discrète
de ce nouveau courant, destiné bientôt à s’étendre si largement, il
y eut un homme du métier, préoccupé d’élever l’art qu’il cultivait
à la dignité des autres arts graphiques, et d’assurer aux dessina-
teurs sur pierre les avantages matériels et moraux dont béné-
ficiaient à peu près exclusivement les artistes graveurs. Paul
 
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