20 GAZETTE DES BEAUX-ARTS
à l’usage de l’enfance, que des recueils d’une facture trop souvent
triviale et lâchée. En 1864, M. J.-P. Hetzel réagit contre cette déplo-
rable inertie. Encore fut-il obligé de recourir, au début, à des
mains étrangères. La Mademoiselle Lili, du Danois Louis Frôlicb, est
trop connue pour qu’il soit nécessaire de la commenter. Son premier
titre de notoriété est d’avoir introduit dans nos albums une note
artistique. Peu après, MM. Hachette s’engageaient dans la même
voie; ensuite, MM. Plon-Nourrit, avec les Chansons de France, de
M. Boutet de Monvel; puis,
venaient les Images de la
maison Quantin, les albums
de Renouard, de Caran
d’Ache, d’Henri Rivière,
enfin toute une série d’œu-
vres variées, souvent d’une
originalité très grande et
d’une observation très vraie,
qui allaient donner à ce
genre de publications, si
longtemps négligé, une im-
portance toute nouvelle.
Les livres de Kate Gree-
naway n’étaient pas étrangers
à ce progrès. Ils avaient
révolutionné, par leur coté
pittoresque et imprévu, les
productions similaires tant
françaises qu’étrangères. Et
même leur action, loin de se limiter aux arts graphiques, s’étendait
encore à d’autres sphères. C’est ainsi que l’archaïsme des costumes
défrayait les chroniques de la mode enfantine et servait à décorer
des objets d’emploi courant : assiettes, tasses, mouchoirs, rideaux,
inspirant même des compositions pour prospectus de grands maga-
sins. Afin de contenter cette sorte de folie, on pillait ouvertement les
œuvres de l’artiste1. Elle en éprouva un grand dommage : le public,
rassasié du « greenawisme », cria bientôt merci. Néanmoins les
efforts étaient orientés, et, une fois les imitations serviles oubliées,
on constatait que les arts d’application prenaient, de côté et d’autre,
1. Voir l’album intitulé Afternoon Tea de J. G. Sowerby et H. H. Emmerson.
Traduction française : Nous deux, Paris, Hachette et Cie.
DANS L’ESCALIER, PAR KATE G R E E N A AV A Y
(Extrait de « Mother Goose ».)
à l’usage de l’enfance, que des recueils d’une facture trop souvent
triviale et lâchée. En 1864, M. J.-P. Hetzel réagit contre cette déplo-
rable inertie. Encore fut-il obligé de recourir, au début, à des
mains étrangères. La Mademoiselle Lili, du Danois Louis Frôlicb, est
trop connue pour qu’il soit nécessaire de la commenter. Son premier
titre de notoriété est d’avoir introduit dans nos albums une note
artistique. Peu après, MM. Hachette s’engageaient dans la même
voie; ensuite, MM. Plon-Nourrit, avec les Chansons de France, de
M. Boutet de Monvel; puis,
venaient les Images de la
maison Quantin, les albums
de Renouard, de Caran
d’Ache, d’Henri Rivière,
enfin toute une série d’œu-
vres variées, souvent d’une
originalité très grande et
d’une observation très vraie,
qui allaient donner à ce
genre de publications, si
longtemps négligé, une im-
portance toute nouvelle.
Les livres de Kate Gree-
naway n’étaient pas étrangers
à ce progrès. Ils avaient
révolutionné, par leur coté
pittoresque et imprévu, les
productions similaires tant
françaises qu’étrangères. Et
même leur action, loin de se limiter aux arts graphiques, s’étendait
encore à d’autres sphères. C’est ainsi que l’archaïsme des costumes
défrayait les chroniques de la mode enfantine et servait à décorer
des objets d’emploi courant : assiettes, tasses, mouchoirs, rideaux,
inspirant même des compositions pour prospectus de grands maga-
sins. Afin de contenter cette sorte de folie, on pillait ouvertement les
œuvres de l’artiste1. Elle en éprouva un grand dommage : le public,
rassasié du « greenawisme », cria bientôt merci. Néanmoins les
efforts étaient orientés, et, une fois les imitations serviles oubliées,
on constatait que les arts d’application prenaient, de côté et d’autre,
1. Voir l’album intitulé Afternoon Tea de J. G. Sowerby et H. H. Emmerson.
Traduction française : Nous deux, Paris, Hachette et Cie.
DANS L’ESCALIER, PAR KATE G R E E N A AV A Y
(Extrait de « Mother Goose ».)