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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 3.1910

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Nr. 1
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Monod, François: L' exposition nationale de maîtres anciens à Londres, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24873#0058

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L’EXPOSITION NATIONALE DE MAITRES ANCIENS 49

Gainsborough deux grands panneaux de valeur inégale, et tous deux
inédits (ils paraissent avoir l’un et l’autre échappé au dernier histo-
rien du maître, sir Walter Armstrong) : un Jeune Berger d’une
pratique superficielle et dépouillée, prêté par le comte de Listowel,
et une charmante figure enfantine de Fagoteu.se qui s’avance dis-
traite, les mains molles de rêverie, dans un crépuscule brumeux
fleuri de lueurs, peinture d’une harmonie sourde et enveloppée, toute
pénétrée de ce lyrisme agreste, de cette contemplation candide et
fuyante, exquise et tendre, qui est le fond même du génie de Gains-
borough1.

Les deux portraits prêtés par lord Iveagh représentent deux
types féminins que l’on retrouve souvent avec des variantes de
détails chez Gainsborough. Peint en 1775, dans les dernières
années du séjour de l’artiste à Bath, le portrait barlong, en buste,
de Mise Jane T y 1er, en écharpe et corsage couleur de prune et de
nuage, brille d’un vif spirituel et tendre et d’un pétillement de
caprice, avec cet air de physionomie exotique et un peu chinois,
qui se rencontre dans plusieurs portraits de Gainsborough. La
peinture a souffert d’un fond bleu vert qui repousse dans les bras
et les mains en teintes cadavéreuses 2. Estompé à fleur de panneau,
dans une tonalité de châtain cendré et de rose sèche à la Perronneau,
teinté de rêverie élégante, avec un léger fondant de mélancolie, le
médaillon ovale de Lady Le Despencer en décolleté d’or paille et
chapeau noir à plumes, date de 17803.

Quel que soit le charme de ces morceaux du plus féminin des
peintres de femmes, la merveilleuse étude du portrait du neveu de
Gainsborough, le graveur Gainsborough Dupont, les efface1.
Enlevée en une heure avec je ne sais quelles touches indicibles de
rose aurore et de nacre fondue, l’esquisse de cette tête d’adolescent
au teint de femme, aux yeux brûlants et chastes enflammés d’un
éclair d’argent

.like nery dews that melt

Into tlie bosom of a frozen bud

révèle qu’à vrai dire on ne comprend Gainsborough qu’en le classant

1. Exposé par le capitaine Abdy.

2. Cf. Armstrong, Gainsborough (Popular édition), t. I, p. 167.

3. Cf. repr. dans Armstrong, Gainsborough, London (s. d.), p. IX.

4. De la collection de sir Edgar Vincent.

o. « Comme une rosée de feu qui fond au cœur d'un bouton gelé. » (Shelley,
Epipsychiclion. )

ni.

46 PÉRIODE.

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