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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 3.1910

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Nr. 1
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Monod, François: L' exposition nationale de maîtres anciens à Londres, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24873#0061

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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le type individuel et le fades camus de ses personnages, ses carna-
tions de rose bistré, et, avec son délicieux embarras, avec le décor
entassé de sa perspective laborieuse, avec ses longues figures à
draperies appointées, avec sa vive enluminure et sa minutie minia-
turée, elle touche encore aux derniers trécentistes de France et
d’Italie. Deux autres panneaux de Lippi, empruntés à la même
galerie, deux petites figures de saints, très délicatement dessinées
et peintes, datent de sa maturité; elles formaient les volets d’un tri-
ptyque dont la Madone a disparu.

Une des pièces maîtresses de la collection Benson, le panneau
a tempera où il faudrait, d’après l’inscription ancienne, reconnaître
Francesco Sassetta et son fils Théodore, reste, parmi tous les por-
traits mis sous le nom de Domenico Ghirlandajo, celui qu’on peut lui
attribuer avec le plus de vraisemblance, après le Chanoine à l'enfant
du Louvre et le profil de Giovanna degli Albizzi qui a passé de la
collection Rodolphe Kann aux mains de M. Pierpont Morgan. S’agit-
il, en effet, du fondé de pouvoir de Lorenzo de Medici, dont nous
avons conservé l’effigie authentique dans cette fresque de Santa Tri-
nita, où il a fait peindre par Domenico sa laideur ingrate à côté
de la laideur ardente et spirituelle de Lorenzo? L’homme, une tête
de Pierrot bourru, les traits arrondis et gros, sans sourcils, sans
cheveux, est ici plus jeune, et, s’il a an visage la même dureté close
et rusée, on ne reconnaît pas à coup sûr cependant la grosse face
lourde et l’encolure rentassée du vieux caissier1. Le modelé n’a
rien de l’accent viril qui, dès l'origine, comme dans la Vierge de
Miséricorde d’Ognissanti, ou dans les Funérailles de Santa Fina à la
Collegiata de San Gimignano (1473), détache superbement les parties
de portraits dans les fresques de Domenico. Mais l’échappée de pay-
sage maritime et montagneux rappelle les fonds de la Vocation de
saint François à la chapelle Sassetti, de Y Adoration des Innocenti, de
la Vocation des Apôtres à la chapelle Sixtine, et la simplicité raffi-
née du dessin des mains, la touche glissante et sinueuse des boucles
cendrées, la limpidité, la quiétude et l’évidence de la composition et
du caractère moral, sont tout à fait dans l’esprit de Ghirlandajo2.
Le père, coiffé d’un bonnet de velours pourpre foncé, et vêtu de
drap pourpre rosé, assis de face, raide, tout droit, abaisse son
regard sur l’enfant appuyé au bras du fauteuil; le petit blondin, en

\. Dans la fresque de Saint François devant le pape Honorius III, à la chapelle
Sassetti de S. Trinità, à Florence.

2. Cf. Henri Hauvette, Ghirlandajo, (Paris, Plon-Nourrit, s. d.), p. 13f.
 
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