DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Bidou, Henry: Les salons de 1910, 2
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24873#0497
LES SALONS DE 1910
(deuxième article1)
LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES BEAUX-ARTS
(Suite.)
n goûte, en quittant les Indépendants pour entrer à la Natio-
nale, le plaisir de retrouver la figure humaine.
On avait déjà vu le tableau de M. Besnard. Un trou de
lumière blanche et de vapeur marine pénètre entre les branches qui
ferment une grotte. Là deux nymphes étendues, plus molles que des
anémones de mer, dorment l'une à l’autre appuyées. L’une apparaît
tout entière, couchée sur le dos, les genoux levés, la tête basse,
éparse et fraîche, d’une chair claire, rosée et presque bleue, un
frullo di mare. Un faune, au-dessus d’elles, écartant les feuillages,
a coulé curieusement sa tête de face et son corps de profil : corps
musculeux de bête des bois, tout modelé de reflets roux. Au con-
traire des habitudes de M. Besnard, le tableau est peint du coup,
sans préparation, sur la toile blanche et fine. Et quelle peinture
prompte, légère, charmante, hardie et sûre, établie dans le dessin
et avec lui, dessin et lumière elle-même!
Il est très malaisé de parler de M. Simon. Sa peinture vaut par
des qualités que les mots ne rendent pas. Une vérité vivante lui
donne son caractère. Voyez ce charmant portrait de jeune femme en
bleu. L’œil et la bouche rient; on sent la ressemblance surprise; la
pose a l’abandon de l’être qui se meut. Sur une scène en plein air,
1. Y. Gazette des Beaux-Arts, 1910, t. I, p. 361.
(deuxième article1)
LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES BEAUX-ARTS
(Suite.)
n goûte, en quittant les Indépendants pour entrer à la Natio-
nale, le plaisir de retrouver la figure humaine.
On avait déjà vu le tableau de M. Besnard. Un trou de
lumière blanche et de vapeur marine pénètre entre les branches qui
ferment une grotte. Là deux nymphes étendues, plus molles que des
anémones de mer, dorment l'une à l’autre appuyées. L’une apparaît
tout entière, couchée sur le dos, les genoux levés, la tête basse,
éparse et fraîche, d’une chair claire, rosée et presque bleue, un
frullo di mare. Un faune, au-dessus d’elles, écartant les feuillages,
a coulé curieusement sa tête de face et son corps de profil : corps
musculeux de bête des bois, tout modelé de reflets roux. Au con-
traire des habitudes de M. Besnard, le tableau est peint du coup,
sans préparation, sur la toile blanche et fine. Et quelle peinture
prompte, légère, charmante, hardie et sûre, établie dans le dessin
et avec lui, dessin et lumière elle-même!
Il est très malaisé de parler de M. Simon. Sa peinture vaut par
des qualités que les mots ne rendent pas. Une vérité vivante lui
donne son caractère. Voyez ce charmant portrait de jeune femme en
bleu. L’œil et la bouche rient; on sent la ressemblance surprise; la
pose a l’abandon de l’être qui se meut. Sur une scène en plein air,
1. Y. Gazette des Beaux-Arts, 1910, t. I, p. 361.