L’ART A CRAGOVIE
501
Mais c’est surtout pendant le règne brillant des deux derniers Ja-
gellons : Sigismond Ier (1506-1548) et son fils Sigismond-Auguste (1548-
1572), que la culture italienne fait de rapides progrès en Pologne.
Le mariage de Sigismond Ier avec l’Italienne Bona Sforza, en 1518,
fut un événement aussi décisif pour l’orientation de la culture polo-
naise que l’avait été au siècle précédent, en 1454, le mariage du
roi Casimir IV avec l’Allemande Elisabeth de Habsbourg1. La nou-
velle reine était la fille du duc de Milan Jean Galéas Sforza. A partir
de ce moment, les artistes italiens affluent : des concerts de mu-
sique italienne se font entendre
sur le Wawel. Les étudiants de
l’Université de Cracovie vont, à
l’exemple de Copernic, achever
leurs études à Padoue et à Bo-
logne. Les pans polonais singent
les manières des gentilshommes
d’Urbinoet Lucas Gornicki com-
pose à leur usage son Cour-
tisan polonais sur le modèle
du célèbre Cortegiano de Bal-
dassare Castiglione2 qui fut avec
le Prince de Machiavel la Bible
des hommes de la Renaissance.
Les humanistes de Cracovie
entretiennent des rapports d’ami-
tié avec Erasme. Sigismond Ier
essaie de l’attirer à sa cour, échange des lettres avec lui, lui envoie
des cadeaux, notamment un médaillon en or frappé à son effigie qui
est conservé au musée de Bâle.
Cette révolution de la mode et du goût s’opère aux dépens des
Allemands, qui jusqu’alors avaient seuls représenté en Pologne la
civilisation occidentale. Leur principale colonie slave leur échappe :
PORTRAIT DE LA REINE BONA SFORZA
FEMME DE SIGISMOND Ier
(Musée Czartoryski, Cracovie.)
1. Le Musée Czartoryski possède deux portraits, faussement attribués à Lucas
Cranach, qui représentent le roi Sigismond avec sa lippe et son collier de barbe
blanche et la reine Bona sous les traits d’une matrone bouftie. LTn autre portrait,
qui se trouve à la cathédrale, représente la reine à genoux, coiffée d’un béguin à
mentonnière et enveloppée d’un long voile blanc. Elle mourut à Bari en 1558.
2. Le Cortegiano de Baltasar Castiglione, achevé en 1518, fut traduit au
xvie siècle dans presque toutes les langues de l’Europe. Dès 1537 il était traduit
en français. Sir Thomas Hoby le traduisit en anglais en 1561 sous le titre : The
Courtyer of count Baldessar Castilio.
501
Mais c’est surtout pendant le règne brillant des deux derniers Ja-
gellons : Sigismond Ier (1506-1548) et son fils Sigismond-Auguste (1548-
1572), que la culture italienne fait de rapides progrès en Pologne.
Le mariage de Sigismond Ier avec l’Italienne Bona Sforza, en 1518,
fut un événement aussi décisif pour l’orientation de la culture polo-
naise que l’avait été au siècle précédent, en 1454, le mariage du
roi Casimir IV avec l’Allemande Elisabeth de Habsbourg1. La nou-
velle reine était la fille du duc de Milan Jean Galéas Sforza. A partir
de ce moment, les artistes italiens affluent : des concerts de mu-
sique italienne se font entendre
sur le Wawel. Les étudiants de
l’Université de Cracovie vont, à
l’exemple de Copernic, achever
leurs études à Padoue et à Bo-
logne. Les pans polonais singent
les manières des gentilshommes
d’Urbinoet Lucas Gornicki com-
pose à leur usage son Cour-
tisan polonais sur le modèle
du célèbre Cortegiano de Bal-
dassare Castiglione2 qui fut avec
le Prince de Machiavel la Bible
des hommes de la Renaissance.
Les humanistes de Cracovie
entretiennent des rapports d’ami-
tié avec Erasme. Sigismond Ier
essaie de l’attirer à sa cour, échange des lettres avec lui, lui envoie
des cadeaux, notamment un médaillon en or frappé à son effigie qui
est conservé au musée de Bâle.
Cette révolution de la mode et du goût s’opère aux dépens des
Allemands, qui jusqu’alors avaient seuls représenté en Pologne la
civilisation occidentale. Leur principale colonie slave leur échappe :
PORTRAIT DE LA REINE BONA SFORZA
FEMME DE SIGISMOND Ier
(Musée Czartoryski, Cracovie.)
1. Le Musée Czartoryski possède deux portraits, faussement attribués à Lucas
Cranach, qui représentent le roi Sigismond avec sa lippe et son collier de barbe
blanche et la reine Bona sous les traits d’une matrone bouftie. LTn autre portrait,
qui se trouve à la cathédrale, représente la reine à genoux, coiffée d’un béguin à
mentonnière et enveloppée d’un long voile blanc. Elle mourut à Bari en 1558.
2. Le Cortegiano de Baltasar Castiglione, achevé en 1518, fut traduit au
xvie siècle dans presque toutes les langues de l’Europe. Dès 1537 il était traduit
en français. Sir Thomas Hoby le traduisit en anglais en 1561 sous le titre : The
Courtyer of count Baldessar Castilio.