LE GRELOT
Si on supprimait la présidence du Sénat ?
Si môme on supprimait le Sénat ?
***
On télégraphie de New-York en date du
15 mai : ,
« M. Uriarte, consul général d'Espagne à
New-York, a reçu par la poste, dans un pa-
quet, une machine infernale qui a sauté dès
que le paquet a été décacheté. t ^
Personne n'a été blessé. O"
La machine infernale avait été expédiée de
Philadelphie. »
Si le czar apprend cela, pour ne plus avoir
à décacheter de lettres, il est capable de pro-
mulguer une loi défendant de lui écrire autre-
ment que sur carte postale.
Est-il vrai, comme l'affirme le Figaro, que
l'on peut découper dans le tarif des Douanes
cette ligne fantastiquement invraisemblable :
Droit d'entrée sur le diament.... 50 francs les
100 kilogs.
*** .....
Les instituteurs de la Charente ont télégra-
phié à M. Ferry pour lui assurer qu'ils se sou-
mettraient avec plaisir au service militaire
que leur imposerait la loi Paul Bert.
Los séminaristes du môme département,
loin de suivre cet exemple, ont gardé un de
ces silences dont Gonrard et les carpes pas-
saient jusqu'ici pour avoir l'exclusive pro-
priété.
***
La semaine dernière, nous parlions d'un cas
rare de fécondité qui s'est produit à Guin-
gamp.
Aujourd'hui, le Journal d'Hazebrouck nous
en cite encore un plus extraordinaire :
« Il y a deux mois, la femme de Justin Our-
douille, habitant le quartier du Nouveau-
Monde, à Hazebrouck, accouchaitd'un garçon
qui ne vécut que quelques jours. Samedi der-
nier, chose extraordinaire, elle donna le jour
à un autre enfant, à une fille. Mère et enfant
se portent à merveille. »
Si cette mère phénoménale fait école, nous
pourrons donc voir se réaliser cette invraisem-
blable situation, rêvée par feu l'ultra-fantai-
siste Simen, d'une femme, mère de sept en-
fants, dont l'aîné est âgé de quinze mois.
***
Un curé d'une paroisse voisine de Mazamet
vient d'être arrêté pour avoir abusé de l'inno-
cence de treize jeunes filles.
Treize jeunes filles, nombre fatal !
Quand on voit cela, il est impossible d'é-
prouver un grand respect pour une religion
dont les prêtres se conduisent ainsi, mais il
est difficile de ne pas devenir superstitueux.
***
Les grands journaux politiques ont l'ama-
bilité de nous prévenir que, pour arriver à
l'aplanissement des différents entre le Monté-
négro et les Albanais, la Russie a proposé des
mesures qu'elle qualifie elle-même d'efficaces.
Je me figure difficilement le gouveraement
paternel du czar venant proposer son petit
plan en se faisant cette singulière apologie de
le déclarer aussi inutile que celui suivi contre
les nihilistes!
***
Et la question grecque, que devient-elle ?
J'y songeais vendredi, dans un entr'acte, à
Y Athénée.
Et je me disais que les bonnes gens d'Athè-
nes pourraient bien être les dindons de la
farce (Rien de Monselet).
***
Les journaux duhigh-life, à propos du fes-
tival donné lundi au Trocadéro, nous appren-
nent que le prince A. de liesse est aveugle.
Pour un souverain aveugle au physique,
combien le sont intellectuellement ?
" ***
Parmi les illustres immortels qui ont fait de
M. Rousse le confrère de Maxime du Camp, on
remarque le comte de Champagny.
Je ne suis qu'un écrivassier ignare et peu
fortune.
Mais tout comme je donnerais de grand
cœur les œuvres entières du duc d'Aumale
pour un chapitre de Salammbô, je me fendrais
volontiers de cent sous pour avoir la photo-
graphie d'une personne pouvant se vanter
d'avoir lu toutes les innombrables produc-
tions de ce flambeau de la littérature française
qui a nom comte de Champagny.
***
Chanzy est encore à Paris.
Il a déjeûné vendredi avec M.,Grévy et le
général Pittié. ' •!_:•>
Société toute d'allusion. L'intègre président
aura voulu faire entendre que, si ce général-
ambassadeur-voyageur-centre-gaucher ne le
faisait pas tant suer, il lui feraitj réellement
pittié.
***
Si le fait est faux, prenez-vous-en à Al-
phonse Laffitte, qui me l'a raconté comme
vrai: , , ,
Une noce se célébrait samedi dernier a La
Villette. Les mariés se rendaient à l'église
pour régulariser leur union et 1* naissance
d'un enfant âgé de six ans.
La mariée n'avait pas naturellement arboré
la toilette, virginale.
Mais son fils marchait derrière elle, portant
fièrement sur un coussin une superbe cou-
ronne de fleurs d'oranger.
La couronne de sa mère !
Buridan.
ACTUALITÉ, par DARRÉ
GAZETTE DEMONTRETOUT
Demain on rasera gratis
Demain...
Toujours demain 1
— Quand aurons-nous la liberté de la presse?
—Demain.
— Bientôt plus un endroit pour reposer ma tête.
— Le droit de réunion ?
— Demain.
— Quand supprimera-t-on la censure ?
— Demain.
Demain on séparera l'Eglise d'avec l'Etat...
Demain on nous accordera le droit de dire
tout haut ce que nous pensons tout bas...
Demain les alouettes nous tomberont toutes
rôties...
Demain 1 1
— Mais sacré mille millions de Mac-Mahons I
pourquoi pas aujourd'hui, s'il vous plaît?
— Ah voilà 1 c'est que la France n'est pas
mûre.
— Pas mûre la France 1 Vous nous la bail-
lez belle, tas de melons !
Comment, la France, après avoir été violée
tant de fois, après avoir fait tant de fausses-
couches sociales, après avoir rôti le balai et
cascadé de rois en empereurs, d'empereurs en
communards et de communards en républi-
cains modérés — la France n'est pas encore
mûre!
Je crois, moi, qu'elle deviendrait diantre-
ment blette, la pauvre vieille, si elle continuait
de mettre des rallonges à sa patience.
Mais cette fois c'est bien fini.
Il va falloir s'exécuter, messieurs les parti-
cipes présents du verbe gouverner.
Ou sinon plier bagage et aller mettre en
pratique ce -.jucunda oblivia vitœ si cher à feu
Changarnier.
Qui nous délivrera des pions et des censeurs.
des éternels fumistes, des Calinos politiques,
et des yrocrastinateurs.
Nous commençons à en avoir par dessus les
cornes de toutes ces jobarderies parlemen-
taires.
Nous voulons récolter ce que nous avons
semé ; nous voulons le triomphe à courte
échéance des idées vraiment libérales ; nous
voulons biffer le mot demain du vocabulaire
politique.
Car il n'y a plus en France un seul Fran-
çais qui se laisserait prendre à la promesse
jésuitique du barbier légendaire :
demain on rasera gratis...
Les commandements de Gambetta.
Tudieu ! quelle poigne !
Monsieur le duc de Gambetta, marquis
de la sonnette, comte du rappel à l'ordre,
baron de l'admonestation, vous a une façon de
présider qui menace de dégénérer en dicta-
ture parlementaire.
Jamais culotte de peau n'a traité plus cava-
lièrement son bataillon; jamais pion n'a mis
plus brutalement ses cancres en retenue.
Le président de la Chambre des députés
semble oublier qu'il parle à des collègues et
non à des domestiques ou â des esclaves.
Tant que les foudres de Jupin-Gambetta
n'ont été lancées que contre la droite, la gauche
a jubilé ; mais aujourd'hui que MM. Ctémen-
ceau, Perrin, Lockroy sont traités comme de
vulgaires Baudry-d'Asson, la moutarde com-
mence à grimper à l'organe olfactif des radi-
caux... et il pourrait bien se faire que l'an
prochain, le Palais-Bourbon changeât le loca-
taire.
Après la fameuse séance de l'autre jour,
l'irascible briseur de règles a trouvé chez son
concierge le petite poésie qu'on va lire :
La chambre tu présideras
De plus en plus insolemment;
A l'ordre tu rappelleras
Tout le monde indistinctement,
Tes collègues obligeras
A se prosterner humblement.
Et de chaînes tu chargeras
Quiconque aura l'air mécontent;
Cré nom de Dieu! tu jureras
Extra-parlementairement.
Ta sonnette archi-secoùras
A rendre sourd le parlement;
Si on supprimait la présidence du Sénat ?
Si môme on supprimait le Sénat ?
***
On télégraphie de New-York en date du
15 mai : ,
« M. Uriarte, consul général d'Espagne à
New-York, a reçu par la poste, dans un pa-
quet, une machine infernale qui a sauté dès
que le paquet a été décacheté. t ^
Personne n'a été blessé. O"
La machine infernale avait été expédiée de
Philadelphie. »
Si le czar apprend cela, pour ne plus avoir
à décacheter de lettres, il est capable de pro-
mulguer une loi défendant de lui écrire autre-
ment que sur carte postale.
Est-il vrai, comme l'affirme le Figaro, que
l'on peut découper dans le tarif des Douanes
cette ligne fantastiquement invraisemblable :
Droit d'entrée sur le diament.... 50 francs les
100 kilogs.
*** .....
Les instituteurs de la Charente ont télégra-
phié à M. Ferry pour lui assurer qu'ils se sou-
mettraient avec plaisir au service militaire
que leur imposerait la loi Paul Bert.
Los séminaristes du môme département,
loin de suivre cet exemple, ont gardé un de
ces silences dont Gonrard et les carpes pas-
saient jusqu'ici pour avoir l'exclusive pro-
priété.
***
La semaine dernière, nous parlions d'un cas
rare de fécondité qui s'est produit à Guin-
gamp.
Aujourd'hui, le Journal d'Hazebrouck nous
en cite encore un plus extraordinaire :
« Il y a deux mois, la femme de Justin Our-
douille, habitant le quartier du Nouveau-
Monde, à Hazebrouck, accouchaitd'un garçon
qui ne vécut que quelques jours. Samedi der-
nier, chose extraordinaire, elle donna le jour
à un autre enfant, à une fille. Mère et enfant
se portent à merveille. »
Si cette mère phénoménale fait école, nous
pourrons donc voir se réaliser cette invraisem-
blable situation, rêvée par feu l'ultra-fantai-
siste Simen, d'une femme, mère de sept en-
fants, dont l'aîné est âgé de quinze mois.
***
Un curé d'une paroisse voisine de Mazamet
vient d'être arrêté pour avoir abusé de l'inno-
cence de treize jeunes filles.
Treize jeunes filles, nombre fatal !
Quand on voit cela, il est impossible d'é-
prouver un grand respect pour une religion
dont les prêtres se conduisent ainsi, mais il
est difficile de ne pas devenir superstitueux.
***
Les grands journaux politiques ont l'ama-
bilité de nous prévenir que, pour arriver à
l'aplanissement des différents entre le Monté-
négro et les Albanais, la Russie a proposé des
mesures qu'elle qualifie elle-même d'efficaces.
Je me figure difficilement le gouveraement
paternel du czar venant proposer son petit
plan en se faisant cette singulière apologie de
le déclarer aussi inutile que celui suivi contre
les nihilistes!
***
Et la question grecque, que devient-elle ?
J'y songeais vendredi, dans un entr'acte, à
Y Athénée.
Et je me disais que les bonnes gens d'Athè-
nes pourraient bien être les dindons de la
farce (Rien de Monselet).
***
Les journaux duhigh-life, à propos du fes-
tival donné lundi au Trocadéro, nous appren-
nent que le prince A. de liesse est aveugle.
Pour un souverain aveugle au physique,
combien le sont intellectuellement ?
" ***
Parmi les illustres immortels qui ont fait de
M. Rousse le confrère de Maxime du Camp, on
remarque le comte de Champagny.
Je ne suis qu'un écrivassier ignare et peu
fortune.
Mais tout comme je donnerais de grand
cœur les œuvres entières du duc d'Aumale
pour un chapitre de Salammbô, je me fendrais
volontiers de cent sous pour avoir la photo-
graphie d'une personne pouvant se vanter
d'avoir lu toutes les innombrables produc-
tions de ce flambeau de la littérature française
qui a nom comte de Champagny.
***
Chanzy est encore à Paris.
Il a déjeûné vendredi avec M.,Grévy et le
général Pittié. ' •!_:•>
Société toute d'allusion. L'intègre président
aura voulu faire entendre que, si ce général-
ambassadeur-voyageur-centre-gaucher ne le
faisait pas tant suer, il lui feraitj réellement
pittié.
***
Si le fait est faux, prenez-vous-en à Al-
phonse Laffitte, qui me l'a raconté comme
vrai: , , ,
Une noce se célébrait samedi dernier a La
Villette. Les mariés se rendaient à l'église
pour régulariser leur union et 1* naissance
d'un enfant âgé de six ans.
La mariée n'avait pas naturellement arboré
la toilette, virginale.
Mais son fils marchait derrière elle, portant
fièrement sur un coussin une superbe cou-
ronne de fleurs d'oranger.
La couronne de sa mère !
Buridan.
ACTUALITÉ, par DARRÉ
GAZETTE DEMONTRETOUT
Demain on rasera gratis
Demain...
Toujours demain 1
— Quand aurons-nous la liberté de la presse?
—Demain.
— Bientôt plus un endroit pour reposer ma tête.
— Le droit de réunion ?
— Demain.
— Quand supprimera-t-on la censure ?
— Demain.
Demain on séparera l'Eglise d'avec l'Etat...
Demain on nous accordera le droit de dire
tout haut ce que nous pensons tout bas...
Demain les alouettes nous tomberont toutes
rôties...
Demain 1 1
— Mais sacré mille millions de Mac-Mahons I
pourquoi pas aujourd'hui, s'il vous plaît?
— Ah voilà 1 c'est que la France n'est pas
mûre.
— Pas mûre la France 1 Vous nous la bail-
lez belle, tas de melons !
Comment, la France, après avoir été violée
tant de fois, après avoir fait tant de fausses-
couches sociales, après avoir rôti le balai et
cascadé de rois en empereurs, d'empereurs en
communards et de communards en républi-
cains modérés — la France n'est pas encore
mûre!
Je crois, moi, qu'elle deviendrait diantre-
ment blette, la pauvre vieille, si elle continuait
de mettre des rallonges à sa patience.
Mais cette fois c'est bien fini.
Il va falloir s'exécuter, messieurs les parti-
cipes présents du verbe gouverner.
Ou sinon plier bagage et aller mettre en
pratique ce -.jucunda oblivia vitœ si cher à feu
Changarnier.
Qui nous délivrera des pions et des censeurs.
des éternels fumistes, des Calinos politiques,
et des yrocrastinateurs.
Nous commençons à en avoir par dessus les
cornes de toutes ces jobarderies parlemen-
taires.
Nous voulons récolter ce que nous avons
semé ; nous voulons le triomphe à courte
échéance des idées vraiment libérales ; nous
voulons biffer le mot demain du vocabulaire
politique.
Car il n'y a plus en France un seul Fran-
çais qui se laisserait prendre à la promesse
jésuitique du barbier légendaire :
demain on rasera gratis...
Les commandements de Gambetta.
Tudieu ! quelle poigne !
Monsieur le duc de Gambetta, marquis
de la sonnette, comte du rappel à l'ordre,
baron de l'admonestation, vous a une façon de
présider qui menace de dégénérer en dicta-
ture parlementaire.
Jamais culotte de peau n'a traité plus cava-
lièrement son bataillon; jamais pion n'a mis
plus brutalement ses cancres en retenue.
Le président de la Chambre des députés
semble oublier qu'il parle à des collègues et
non à des domestiques ou â des esclaves.
Tant que les foudres de Jupin-Gambetta
n'ont été lancées que contre la droite, la gauche
a jubilé ; mais aujourd'hui que MM. Ctémen-
ceau, Perrin, Lockroy sont traités comme de
vulgaires Baudry-d'Asson, la moutarde com-
mence à grimper à l'organe olfactif des radi-
caux... et il pourrait bien se faire que l'an
prochain, le Palais-Bourbon changeât le loca-
taire.
Après la fameuse séance de l'autre jour,
l'irascible briseur de règles a trouvé chez son
concierge le petite poésie qu'on va lire :
La chambre tu présideras
De plus en plus insolemment;
A l'ordre tu rappelleras
Tout le monde indistinctement,
Tes collègues obligeras
A se prosterner humblement.
Et de chaînes tu chargeras
Quiconque aura l'air mécontent;
Cré nom de Dieu! tu jureras
Extra-parlementairement.
Ta sonnette archi-secoùras
A rendre sourd le parlement;
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Actualité, par Darré
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le Grelot: journal illustré, politique et satirique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
Sf 25/34
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: - Bientôt plus un endroit pour reposer ma tête. Signatur: G. Darré Sonstige Angaben: „Lefman Sc“
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1880
Entstehungsdatum (normiert)
1870 - 1890
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le Grelot: journal illustré, politique et satirique, 10.1880, Nr. 476, S. 476_2
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg