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https://doi.org/10.11588/diglit.6814#0120
LE GRELOT
Eies Gulcux dans le pays de Galles.
V Univers annonce que les jésuites exilés
(exilés est tout un poëme) viennent de louer
pour 21 ans l'hôtel Corbett à Aberdovey, dans
le pays de Galles. Ces galeux qui mériteraient
les galères ont naturellement choisi le pays de
Galles, quel comble 1
On lit dan» le Vigaro.
i Une nouvelle tout à la louange de celui
« qu'elle concerne : Le comité Raynald de
« Choiseul-Praslin, qui a jadis dévoré une belle
« fortune dans les entraînements de la vie
« parisienne, est aujourd'hui à Haïti, professeur
« d'éloquence française et secrétaire du Comité
« d'instruction publique. »
Àhl ahl il paraît que M. le comte travailla
pour vivre ; un noble qui gagne son pain à la
sueur de son front, il y a de quoi emboucher
toutes les trompettes de la réclame. Le Figaro
lui-même en est épaté. Mais que va dire son
aristocratique clientèle. Les désabonnements
vont pleuvoir. Ces gens-là n'aiment pas qu'on
puisse les supposer capables de faire jamais
œuvre de leurs dix doigts.
Depuis les croisades il est de bon goût, quand
on est titré de passer son existerjce à se
croiser... les bras 1
C'est dégoûtant!
Il y a des banquiers bien prosaïques !
J'en connais deux qui demeurent sur le
même palier (rue Chauchat pour tel incré-
dules).
Sur la porte du premier on lit :
Javal Loignon.
Sur celle du second :
Tellier Henrottb.
Est«-ce assez naturaliste I
Calembredaines.
— M- Philippartva publier ses mémoires...
— Des mémoires impayables?
— Non, impayés.
***
L'abbé Tise disait hier à sçm tailleur :
— Je ne suis pas content de la dernière sou-
tane que vous m'avez faite; elle est trop
étroite, aux bras surtout, aussi quand je veux
lever le bon Dieu, c'est le diable 1
montretout.
LES CAQmIe PICHENETTE
Le 14 juillet
Au moment où paraîtront ces lignes, te que
Je nommé Francis Magnard nomme les «satur-
nales imbéciles du M juillet * auront été célé-
brées avec une splendeur jusqu'ici inconnue.
La mise de la Bastille que les royalistes trai-
tent Simeute immonde—eut un retentissement
dans le monde entier.
L'Angleterre l'applaudit. L'université de
Cambridge donna pour sujet de composition à
ees élèves la. Prise de la Bastille, et un an après
l'anniversaire en fut célébré dans un banquet
que présidait lord Stanhop, un des plus illus-
tres nommes d'Etat de l'Angleterre.
En Russie même, dans cet empire de l'es-
clavage et où l'on gouvernait à coups de knout,
la grande nouvelle produisit une explosion de
joie telle que Ton «s'embrassait en pleurant de
joie sur les places publiques »
C'est l'ambassadeur de France, M. de Ségur,
qui nous l'a appris.
Voilà, ami Magnard,
ce qu'a été cette émeute.
Quelques détails peu connus :
Celui qui posa la première pierre, le prévôt
des marchands Hugues Aubryot y fut enfermé
plus tard, pour crime de perfidie judaïque.
Ce brave homme avait eu l'audace de rendre
à leur famille des enfants juifs que le clergé
enlevait pour en faire des chrétiens.
C'est comme ça que les cléricaux respectaient
la t liberté des'pères de familles. »
L'horloge de la Bastille était célèbre; elle
était en quelque sorte comme les « armes par-
lantes » de ce « lieu de délices. »
Le cadran était orné de fers parfaitement
sculptés ; il avait pour support deux figures
enchaînées par le cou, par les pieds et par le
milieu du corps.
Pour prouver que tous les âges avaient droit
d'être emfermé dans cette prison, l'une de ces
figure représentait un vieillard, l'autre un jeune
homme.
***
On avait varié les jouissances de l'empri-
sonnement.
Il y avait, tout en haut, les calottes, où l'on
gelait l'hiver et où l'on grillait en été.
Et tout en bas des cachots, à sept mètres
sous terre.
Il est vrai quel'on y mettait que la plèbe; les
nobles étaient moins mal logés.
Pour obtenir la faveur d'habiter ce lieu de
délices, il suffisait d'une lettre de cachet.
Et ce n'était pas difficile à obtenir. Les maî-
tresse des ministres en faisaient un trafic pu-
blic.
Elles les vendaient 25 louis pièce.
Un mari et une femme— qui se détestaient
cordialement — s'en procurèrent chacun une à
ce taux; en arrivant prisonniers à la Bastille
ils se trouvèrent face à face. Pas de chance !
C'est la partie comique ; mais voici qui ne
l'est pas :
Laplace m'a appris que quelques jours avant
l'attentat de Damiens contre Louis XV, un
Lyonnais, qui retournait dans son pays, en-
tendit à travers la cloison d'une chambre d'au-
berge le récit du complot formé contre le roi.
Il rebrousse chemin, va à Versailles, en donne
avis au premier ministre et repart.
Après l'attentat, le ministre, qui avait né-
fligé l'avis, s'en souvient. Craignant une in-
iscrélion, il fait courir après le Lyonnais et, à j
l'aide d'une lettre de cachet, le fait enfermer à
la Bastille.
Le malheureux y resta trente-deux ans....
Le 14 juillet 1790 l'anniversaire de la prise de
la prise de la Bastille fut célébré avec une
grande pompe au Champ-de-Mars.
Des députations arrivèrent de tous les points
du royaume.
Trois cent mille spectateurs assis sur les
tertres latéraux assistèrent à la inesse célébrée
sur l'Autel de la Patrie par Talleyrand, en-
toura de deux cents prêtres.
La journée fut pluvieuse; mais la gaieté na-
tionale et l'enthousiasme patriotique triom-
phèrent de ce contre temps.
— Le bon Dieu est. aristocrate, disait l'un.
— Parbleu! je le savais de loDgue date, ré-
pondait l'autre.
— Et même, ajoutait un troisième, l'Eternel
n'est probablement par très bon catholique,
puisqu'il fait crever tant de nuages sur l'autel
où l'on va dire la messe et sur la chasuble du
célébrant.
Etc., etc.
L'anniversaire de la Bastille fut célébré jus-
qu'au Consulat.
Anastn.iie s'humanise
Nous apprenons que la censure a autorisé la
vente dans les gares des Anecdotes Parisiennes
de notre ami Louis Loire.
Les autres volumes de la Bibliotiikque des
Curieux n'avaient pu obtenir cette faveur. »
Et ceci fut une véritable perte pour Louis
Loire, qui imprime ses volumes à ses frais.
Dans ses prévisions, sa curieuse collection
d'anecdotes devait avoir un grand attrait pour
les voyageurs «uii redoutent les ennuis du
trajet.
C'est un compagnon toujours gai, toujours
spirituel, que l'on quitte et reprend tour à
tour sans aucun effort de mémoire pour se rap-
peler la page interrompue.
Il est vrai que ce refus lui fut fait sous le
ministère Broglie-Fourtou, braves gens qui
combattent aujourd'hui pour la liberté... des
jésuites.
Pichenette.
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rature, beaux-arts, nouvelles, modes, tribu-
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M. Isaac Pereire est mort. Il s'en est suivi
tout d'abord une belle débâcle, non-seule-
ment sur le Crédit Mobilier Espagnol et des
valeurs du groupe, mais aussi sur les grosses
et bonnes valeurs qui ont noms, rente 3 0/0,
Crédit Foncier, Crédit Lyonnais, Chemin du
Midi, Chemin Autrichien, actions et déléga-
tions du Canal de Suez.
Puis, après réflexion, on s'est dit : mais
puisque le plus gros du portefeuille de M.
Isaac Pereire se compose d'aussi bons titres,
ces messieurs qui sont déjà lort riches, et
n'ont probablement pas des besoins qu'ils ne
puissent largement satisfaire, garderont tout
ce qui est bon. Aucun écrasement des cours
n'est à craindre de leur part.
Aussi, le 3 0/0, le Crédit Foncier, le Lyon-
nais, le Midi, l'Autrichien, l'action et la délé-
gation de Suez, se sont-ils remis de leurs
alarmes, et ont-ils retrouvé des cours plus
hauts que ceux qu'ils faisaient, lorsque
M. Pereire était en vie et tout disposé à en
toucher encore les coupons pendant de lon-
gues années.
On s'est dit que si cette mort devait être
une occasion de perte réelle, ce ne pourrait
être que pour le Crédit Mobilier et ses dépen-
dances.
Le Crédit Mobilier Espagnol a en effet baissé
de plus de 300 fr. Il est tombé de 824 à 490, le
Transatlantique, de 032 à 490, le Nord de
l'Espagne a perdu une trentaine de france, le
Gaz de Madrid une cinquantaine de francs.
Puis, comme si M. Pereire avait trouvé un
esprit suffisamment financier pour prendre la
suite de ses affaires, petites et grosses, toutes
ces valeurs ont aussi remonté, et de la
belle façon. Le Nord de l'Espagne et le Gaz
de Madrid ont retrouvé leurs hauts cours d'il
y a quelques jours.
Le Mobilier a regagné 200 sur ses plus bas
cours, et le Transailantique 100.
En résumé cette mort, — au point de vue
boursier, — n'aura été mauvaise que pour les
gens qui auront perdu la tète, et aura été
excellente pour les gens qui auront pu saisir
au bond, cette occasion de faire une belle
fortune.
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les galères ont naturellement choisi le pays de
Galles, quel comble 1
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« qu'elle concerne : Le comité Raynald de
« Choiseul-Praslin, qui a jadis dévoré une belle
« fortune dans les entraînements de la vie
« parisienne, est aujourd'hui à Haïti, professeur
« d'éloquence française et secrétaire du Comité
« d'instruction publique. »
Àhl ahl il paraît que M. le comte travailla
pour vivre ; un noble qui gagne son pain à la
sueur de son front, il y a de quoi emboucher
toutes les trompettes de la réclame. Le Figaro
lui-même en est épaté. Mais que va dire son
aristocratique clientèle. Les désabonnements
vont pleuvoir. Ces gens-là n'aiment pas qu'on
puisse les supposer capables de faire jamais
œuvre de leurs dix doigts.
Depuis les croisades il est de bon goût, quand
on est titré de passer son existerjce à se
croiser... les bras 1
C'est dégoûtant!
Il y a des banquiers bien prosaïques !
J'en connais deux qui demeurent sur le
même palier (rue Chauchat pour tel incré-
dules).
Sur la porte du premier on lit :
Javal Loignon.
Sur celle du second :
Tellier Henrottb.
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Calembredaines.
— M- Philippartva publier ses mémoires...
— Des mémoires impayables?
— Non, impayés.
***
L'abbé Tise disait hier à sçm tailleur :
— Je ne suis pas content de la dernière sou-
tane que vous m'avez faite; elle est trop
étroite, aux bras surtout, aussi quand je veux
lever le bon Dieu, c'est le diable 1
montretout.
LES CAQmIe PICHENETTE
Le 14 juillet
Au moment où paraîtront ces lignes, te que
Je nommé Francis Magnard nomme les «satur-
nales imbéciles du M juillet * auront été célé-
brées avec une splendeur jusqu'ici inconnue.
La mise de la Bastille que les royalistes trai-
tent Simeute immonde—eut un retentissement
dans le monde entier.
L'Angleterre l'applaudit. L'université de
Cambridge donna pour sujet de composition à
ees élèves la. Prise de la Bastille, et un an après
l'anniversaire en fut célébré dans un banquet
que présidait lord Stanhop, un des plus illus-
tres nommes d'Etat de l'Angleterre.
En Russie même, dans cet empire de l'es-
clavage et où l'on gouvernait à coups de knout,
la grande nouvelle produisit une explosion de
joie telle que Ton «s'embrassait en pleurant de
joie sur les places publiques »
C'est l'ambassadeur de France, M. de Ségur,
qui nous l'a appris.
Voilà, ami Magnard,
ce qu'a été cette émeute.
Quelques détails peu connus :
Celui qui posa la première pierre, le prévôt
des marchands Hugues Aubryot y fut enfermé
plus tard, pour crime de perfidie judaïque.
Ce brave homme avait eu l'audace de rendre
à leur famille des enfants juifs que le clergé
enlevait pour en faire des chrétiens.
C'est comme ça que les cléricaux respectaient
la t liberté des'pères de familles. »
L'horloge de la Bastille était célèbre; elle
était en quelque sorte comme les « armes par-
lantes » de ce « lieu de délices. »
Le cadran était orné de fers parfaitement
sculptés ; il avait pour support deux figures
enchaînées par le cou, par les pieds et par le
milieu du corps.
Pour prouver que tous les âges avaient droit
d'être emfermé dans cette prison, l'une de ces
figure représentait un vieillard, l'autre un jeune
homme.
***
On avait varié les jouissances de l'empri-
sonnement.
Il y avait, tout en haut, les calottes, où l'on
gelait l'hiver et où l'on grillait en été.
Et tout en bas des cachots, à sept mètres
sous terre.
Il est vrai quel'on y mettait que la plèbe; les
nobles étaient moins mal logés.
Pour obtenir la faveur d'habiter ce lieu de
délices, il suffisait d'une lettre de cachet.
Et ce n'était pas difficile à obtenir. Les maî-
tresse des ministres en faisaient un trafic pu-
blic.
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Un mari et une femme— qui se détestaient
cordialement — s'en procurèrent chacun une à
ce taux; en arrivant prisonniers à la Bastille
ils se trouvèrent face à face. Pas de chance !
C'est la partie comique ; mais voici qui ne
l'est pas :
Laplace m'a appris que quelques jours avant
l'attentat de Damiens contre Louis XV, un
Lyonnais, qui retournait dans son pays, en-
tendit à travers la cloison d'une chambre d'au-
berge le récit du complot formé contre le roi.
Il rebrousse chemin, va à Versailles, en donne
avis au premier ministre et repart.
Après l'attentat, le ministre, qui avait né-
fligé l'avis, s'en souvient. Craignant une in-
iscrélion, il fait courir après le Lyonnais et, à j
l'aide d'une lettre de cachet, le fait enfermer à
la Bastille.
Le malheureux y resta trente-deux ans....
Le 14 juillet 1790 l'anniversaire de la prise de
la prise de la Bastille fut célébré avec une
grande pompe au Champ-de-Mars.
Des députations arrivèrent de tous les points
du royaume.
Trois cent mille spectateurs assis sur les
tertres latéraux assistèrent à la inesse célébrée
sur l'Autel de la Patrie par Talleyrand, en-
toura de deux cents prêtres.
La journée fut pluvieuse; mais la gaieté na-
tionale et l'enthousiasme patriotique triom-
phèrent de ce contre temps.
— Le bon Dieu est. aristocrate, disait l'un.
— Parbleu! je le savais de loDgue date, ré-
pondait l'autre.
— Et même, ajoutait un troisième, l'Eternel
n'est probablement par très bon catholique,
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Et ceci fut une véritable perte pour Louis
Loire, qui imprime ses volumes à ses frais.
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d'anecdotes devait avoir un grand attrait pour
les voyageurs «uii redoutent les ennuis du
trajet.
C'est un compagnon toujours gai, toujours
spirituel, que l'on quitte et reprend tour à
tour sans aucun effort de mémoire pour se rap-
peler la page interrompue.
Il est vrai que ce refus lui fut fait sous le
ministère Broglie-Fourtou, braves gens qui
combattent aujourd'hui pour la liberté... des
jésuites.
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et bonnes valeurs qui ont noms, rente 3 0/0,
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Puis, après réflexion, on s'est dit : mais
puisque le plus gros du portefeuille de M.
Isaac Pereire se compose d'aussi bons titres,
ces messieurs qui sont déjà lort riches, et
n'ont probablement pas des besoins qu'ils ne
puissent largement satisfaire, garderont tout
ce qui est bon. Aucun écrasement des cours
n'est à craindre de leur part.
Aussi, le 3 0/0, le Crédit Foncier, le Lyon-
nais, le Midi, l'Autrichien, l'action et la délé-
gation de Suez, se sont-ils remis de leurs
alarmes, et ont-ils retrouvé des cours plus
hauts que ceux qu'ils faisaient, lorsque
M. Pereire était en vie et tout disposé à en
toucher encore les coupons pendant de lon-
gues années.
On s'est dit que si cette mort devait être
une occasion de perte réelle, ce ne pourrait
être que pour le Crédit Mobilier et ses dépen-
dances.
Le Crédit Mobilier Espagnol a en effet baissé
de plus de 300 fr. Il est tombé de 824 à 490, le
Transatlantique, de 032 à 490, le Nord de
l'Espagne a perdu une trentaine de france, le
Gaz de Madrid une cinquantaine de francs.
Puis, comme si M. Pereire avait trouvé un
esprit suffisamment financier pour prendre la
suite de ses affaires, petites et grosses, toutes
ces valeurs ont aussi remonté, et de la
belle façon. Le Nord de l'Espagne et le Gaz
de Madrid ont retrouvé leurs hauts cours d'il
y a quelques jours.
Le Mobilier a regagné 200 sur ses plus bas
cours, et le Transailantique 100.
En résumé cette mort, — au point de vue
boursier, — n'aura été mauvaise que pour les
gens qui auront perdu la tète, et aura été
excellente pour les gens qui auront pu saisir
au bond, cette occasion de faire une belle
fortune.
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