Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 2

quelques mois la compagne de l’artiste était
morte et Perraud ne se consola pas de cette
perte. « Cette chambre toujours fermée où
je n’entre que par nécessité, me navre, écrit-
il. Ah! mon ami, la vie est entièrement dé-
nuée d’intérêt et de charme pour moi. Je
suis comme la feuille d’arbre en la saison
où les fruits sont tombés. Je n’abrite plus
rien; je demeure en attendant que le vent
d’automne m’emporte. Je viens de faire pré-
parer un caveau pour elle et pour moi, elle
n’attendra pas longtemps. » Perraud ne di-
sait que trop vrai. Son âme s’était repliée sur
elle-même et la force ne lui est pas revenue.
Il est mort emportant dans la tombe une jeu-
nesse de cœur et de pensées que ni ses
ouvrages ni ses discours ne laissaient pres-
sentir.

En effet, l’intelligence, chez Perraud, de-
meura sans culture. Il ne fallait pas deman-
der à cet artiste de jeter une pensée profonde
dans le marbre ou la piei're. Un buste l’em-
barrassait.Ce qu’il y avait de moins expressif
et de moins vivant dans ses statues c’était
l’œil ou les lèvres. Il nous souvient que pen-
dant l’été de 1872 nous fûmes conduit par
un ami, M. Francis Jacquier, architecte de
mérite, dans l’atelier de Perraud. L’artiste
achevait alors le marbre de sa Galatée. La
pose de la figure était empreinte de fierté,
les formes étaient jeunes et distinguées, le
modèle délicat. Nous regardâmes avec soin
l’œuvre du maître dont nous admirions le
fin travail, mais nous ne pouvions parvenir
à démêler une pensée dans ce beau marbre.
« Galatée, Galatée, dîmes-nous au statuaire,
cette déesse serait digne sans doute d’inté-
resser Pygmalion, mais permettez-nous de
vous demander quelle scène de la légende
vous a particulièrement inspiré, quelle est
l’idée qui d’après vous doit jaillir du marbre?
— L’idée, répondit Perraud, je ne m’en in-
quiète guère. J’ai voulu faire une belle
femme et rien de plus !

On comprend ce qu’une philosophie de
l’art réduite à cette expression doit avoir de
funeste pour un statuaire. Si le maître dont
nous parlons n’avait été aussi bien doué du
côté de l’exécution, si le goût des belles for-
mes et des grandes lignes n’avait été inné
chez lui; Perraud se fut peut-être montré
l’émule de Courbet son compatriote et son
ami. Mais quelque chose d’Athénien survi-
vait dans ce paysan du Jura qui n’avait de
fécond que le cœur et d’élégant que son ci-
seau.

A ses yeux, les destins de la sculpture
n’avaient rien de très élevé. « La sculpture,
comme l’architecture, écrivait-il, a pour but
de faire pénétrer dans le goût public et chez
les nations civilisées un grand instinct d’élé-
gance dans la vie. Indépendamment des sen-
sations que les œuvres de la sculpture peu-
vent produire sur de puissantes et riches
intelligences capables de les apprécier, le
goût se propage grâce à elles d’une chose à
une autre dans l’industrie, jusqu’au verre où
vous buvez, à la tasse à café, à une paire de
ciseaux. » Ne semble-t-il pas entendre quel-
que bronzier plaider la cause de ses coupes
et de ses surtouts? Un orfèvre, un sculpteur
industriel porteraient sur l’art divin de
Praxitèle et de Phidias le jugement que for-
mulait Perraud.

Ce n’est point au développement de l’es-
prit qu’il faut s’arrêter si l’on veut assigner
à Perraud sa place dans l’Ecole contempo-
raine. L’habileté de la main, l’exécution fut

le côté dominant de l’œuvre du maître, et
depuis trente ans Perraud n’a pas connu de
rival parmi nos sculpteurs dans le travail du
marbre. Une flamme d’atticisme effleure
l’épiderme de ses statues que leur forme le
plus souvent exquise revêt de beauté chaste
et de noblesse.

Etudiez le Faune qui se défend contre les
lutineries de Bacchus, Orphée, assis et nu
sur le [rivage de la mer après l’enlèvement
d’Eurydice, Adam également assis, plon-
geant du regard dans les profondeurs de
l’horizon, la jeunesse et la force se font équi-
libre, les lignes bien cadencées, les plans
vigoureusement accusés, les extrémités ren-
dues avec un soin spécial donnent la mesure
des patientes études de l’artiste et de son
rare talent dans l’interprétention de la na-
ture. Si nous ajoutons à ces trois ouvrages
Galatée et le Jour, groupe colossal placé
dans le jardin du Luxembourg, nous aurons
signalé les grandes œuvres de Perraud.
Mais il en est une dans laquelle se résume
pour ainsi dire toute sa vie d’artiste. Il l’a
gardée vingt-cinq ans dans son atelier et la
mort l’est venu surprendre lorsqu’il s’apprê-
tait à traduire en marbre cet ouvrage tout
imprégné de jeunesse et d’espérance. Nous
voulons parler du bas-relief des Adieux, pre-
mier envoi de Rome de l’artiste.

Un vieillard aveugle, assis à gauche sur
un siège antique, pose ses deux mains sur
la poitrine et les joues de son fils debout
devant lui, tenant d’une main son casque et
de l’autre ses javelots. Derrière le jeune
homme, la tête appuyée sur son épaule, le
visage en larmes et caché est une jeune fille,
la fiancée du soldat. Ce sont les Adieux,
c’est le sacrifice qu’exige la patrie et certes
ce jeune homme, n’en doutez pas, se mon-
trera vaillant au jour des batailles, car il
faut que l’amour de la patrie soit bien grand
pour dominer chez lui l’amour d’un père et
celui d’une fiancée. Telle est l’œuvre pleine
de charme et de sentiment que Perraud mo-
delait après un an de séjour à Rome et qu’il
se reprit à traduire dans le marbre, avec
une joie d’enfant, à l’autre extrémité de sa
vie. C’est M. Thomas, membre de l’Institut,
qui doit terminer le bas-relief des Adieux
pour le prochain Salon. Personne n’est plus
capable que cet artiste de rendre pieuse-
ment la pensée de son collègue et de son
ami sans atténuer le caractère. La pensée!
C’est qu’en effet le bas-relief des Adieux,
plus que toute autre œuvre de Perraud,porte
l’empreinte d’une pensée. Ceux qui furent
témoins de l’apparition de cet ouvrage, en
1849, auguraient du talent du statuaire des
succès qu’il n’a point brigués. Son habileté
de main l’a séduit, et les médailles d’hon-
neur, les décorations, l’Institut étant venus
récompenser le travail consciencieux du
sculpteur, celui-ci n’a pas tenté d’élargir la
sphère de son activité. Praticien hors de
pair, il n’a pas eu l’ambition d’être un pen-
seur. Mais à mesure que les années passaient
sur son front, avec les deuils, les déceptions,
la satiété qui est au fond de toute gloire
humaine, l’artiste s’est reconquis lui-même
et, avec la naïveté qui lui était propre, il écri-
vait : « Charles Blanc m’a fait, ces temps der-
niers, une agréable surprise. — Je voudrais,
m’a-t-il dit, voir votre bas-relief des Adieux
en marbre : Je vous donnerai le marbre pour
l’exécution. Vous devez penser si cela m’a
fait plaisir de songer que j’allais sauver
d’une destruction prochaine, infaillible, une

de mes œuvres principales qui ne pouvait
guère avoir d’autre sort que d’aller pourrir
après moi contre un mur de jardin. »
Perraud, comme Sinart, est mort en pleine
sève, et peut-être s’il lui eût été donné de
travailler encore, désabusé par l’insuccès de
Galatée et du groupe exposé par lui en 1875,
eût-il fait dans ses œuvres nouvelles une
place moins étroite à l’idée. Quoiqu’il en soit
nous nous associons au vœu de l’un des
collègues de Perraud à l’Institut, M. Guil-
laume, en demandant qu’on place immédia-
tement au Louvre Y Adam, le Faune et les
Adieux, trois œuvres qui permettront de
porter un jugement complet et raisonné sur
l’artiste qui les a signées. Henri Jouin.

Allemagne.

COLLECTION LIPHART.

PRIX DE VENTE.

(Suite et fin.)

452. L’Effet de la Jalousie, du même.

z5o,oo.

453. La Mélancolie, du même. 568,25.

454. Les quatre femmes nues, du même.

262.50.

456. La grande Fortune, du même. 570,00.
461. L’Oriental et sa femme, du même.

650.00.

465. Le Joueur de cornemuse, du même.

325.00.

469. Le Chevalier, la Mort et le Diable,

du même. 937,5o.

470. Même sujet, du même. i5oo,oo.

471. Les Armoiries au coq, du même,

268,75.

472. Les Armoiries à la tête de mort, du

même. _ 3y5,oo.

476. Érasme de Rotterdam, du même,

750.00.

479. La grande Passion, du même, suite

de 12 feuilles. — L’Apocalypse, du même,
suite de 16 feuill. — La Vie de la Vierge, du
même, suite de 20 feuilles. 32o6,oo.

480. La petite Passion, du même. 251,25.
486. Madone entourée d’anges, du même.

387.50.

497. La Colonne, du même. 525,00.

498. Le Soldat et la Mort, du même.

25o,oo’.

5o3. Arc de Triomphe de l’empereur
Maximilien, du même, 9 feuilles. 281,25.

5o8. Char de Triomphe de l’empereur
Maximilien, du même, 8 feuilles. 25o,oo.

510. Ulrich Varnbühler, portrait en buste,
du même. 325,00.

520. Le Pestiféré, du même. i25o,oo.

521. Famille du Satyre, du même, 2 feuill.

15oo,oo.

522. Une des deux feuill. du sujet précé-
dent, du même. 375,00.

523. Dieux marins, du même. 750,00.

541. Le Christ au roseau, d’Antoine Van

Dyck. 3i2,5o.

542. Titien et sa maîtresse, du même.

250.00.

543. Jean Breughel, du même. 368,75.
545. Pierre Breughel, du même. 725,00.
549. Antoine Van Dyck, du même. 262,50.

551. Érasme de Rotterdam, du même.

376,25.

552. Frans Franck, du même. 403,25.
554. Philippe Baron Le Roy, du même.

400.00.

56o. Adam Van Noort, du même. 3i2,5o.
 
Annotationen