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— 36 —

survivants. D’autres au contraire, âmes faites pour
aimer, se sont laissés aller à leurs rêves d'amour.
Pendant quelques années ils se sont épanouis aux
caresses de la vie, mais à mesure qu’ils s’élevaient
l’expérience grandissait avec eux, et ils ont bientôt vu
s’évanouir ces belles illusions de poète qu’ils croyaient
déjà réalisées. Ils ont dû reconnaître que les palais
bâtis trop près des nues s’écroulent au moindre souf-
fle du vent, et qu’il faut mépriser les hauteurs pour
chercher son bonheur au fond des solitudes. Comme
le saule pleureur, ils finiront lentement leurs jours au
bord d’un lac transparent, heureux du moins de con-
templer l’image du ciel en se regardant périr.

Réalité et chimère, ces deux mots nous font tou-
jours escorte pour nous avertir de notre double na-
ture : chimère que la réalité, réalité que la chimère ;
le point visible et l’invisible espace.

Nous ne pouvons comprendre le néant que dans la
disparition d’un être connu. Le néant absolu échappe
à notre entendement.

Il suffirait, pour nous inspirer le mépris de cette
vie, de faire sur la lumière, le temps et l’espace, des
calculs qui nous montreraient que la vie humaine, la
plus longue et la plus glorieuse, n’est encore, pour la
durée et l’éclat, qu’une étincelle.

Il est des astres invisibles dont la lumière se dirige
vers nous depuis des siècles, et qui ne brilleront pour
la terre que dans un temps éloigné; il est aussi des
vérités encore enfouies dans les profondeurs de l’in-
connu et dont les rayons ne pourront luire que pour
les générations à venir.

Nous ne pouvons voir d’un seul regard toutes les
faces d’un objet. Cet arbre nous est-il entièrement
apparent et lumineux, n’aura-t-il pas toujours pour
nous son côté obscur? Pourquoi voudrions-nous qu’il
en fût autrement dans le monde spirituel? Verrons-
nous la vérité, parfaite et absolue, n’aura-t-elle pas
toujours son revers mystérieux?

C’est la ferveur qui produit les poètes.

•Octave Pirmez.

BIBLIOTHÈQUE

DE FEU M. DE COUSSEMAKER.

Nous croyons que nos lecteurs ne
liront pas sans intérêt les descrip-
tions suivantes de quelques uns des
principaux manuscrits, et ouvrages
de la splendide bibliothèque de feu
M. de Coussemaker. Elles compléte-
ront et justifieront en quelque sorte
la notice publiée dans le présent nu-
méro par notre collaborateur et ami.

Nous avons maintenu les numéros
portés au catalogue très-bien fait de
cette collection.

723. Missale romanum peroptime
ordinatum : ac diligent! studio casti-
gatu : ab his erroribus : quibus vel
ignoratia vel icuria librarios adduc-
tis 'munis abusus invaluit : noviter
impressuz totu ad logum : minime

require tali folio oneratum vel imper-
fectu : sed solerti industria emendatu
atqz fideliter purgatu eu missa seti su-
darij nova ac cofirmata eu alijs missis
votiuis in fine ab hoc volumine divisis
ac bndictionibus : pparationibusqz
mis say eu marginalibus addifionib’
oim auctoritatum sacre pagine origine
lis loci i dicib’ una eu Inductus pla-
neta :ubi mod’dicedi missam traditv :
atqx plurib’ Aliis valde necessarijs i
locis suis positis : q cetera missalia
no habet : nec ohm in luce deducta
fuerunt : vt patet intuenti.

Enseigne de l’imprimeur : saint Pierre et saint
Paul soutenant la sainte Face, avec les lettres
P. V., et au-dessous une fleur de lis dans un écus-
son, en rouge, comme tout le titre sauf la première
ligne.

In fine, un colophon de 12 lignes imprimées en
rouge :

Missale secundum usurn Romanum, etc. Ad
laudem omnipotentis, z intacte virginis Marie
niatris Ejus : ac seraphini patris nostri Fra-
cisci totiusqz celestis curia. Finit féliciter. Im-
pressum per Jacobum mareschal als Roland.
Anno humane salutis M. ccccc. xij. vij Au-
gusti (T512J.

Au milieu du verso.se trouve la marque de l’im-
primeur; un écusson soutenu par une femme et
une licorne, portant le monogramme V. S. sur-
monté de la devise MEMENTO FINIS. — Cette
marque comme celle du titre, appartiennent toutes
deux à Vincent Simon, de Lyon.

petit in-8°(H. 17e, L. 12e.), relié en
mar. noir à filets, tr. dorée, avec
signets.

Ce missel est un chef-d’œuvre de typographie. Il
se compose de 16 ff. préliminaires (calendrier,
tables, etc. non chiffrés, 260 pages chiffrés et 4 ff.
non chiffrés à la fin, en tout 280 ff., imprimés en
rouge et noir sur deux colonnes réglées, avec plu-
sieurs grandes gravures sur bois et une foule de
petites vignettes et de lettrines historiées, servant
d’initiales ou d’encadrements à certaines pages. Les
scènes représentées sont toujours empruntées au
sujet qu’elles accompagnent et elles sont extrême-
ment variées. Toutes les gravures ont été coloriées
à l’époque de la publication du livre. Plusieurs
offices ou parties d’offices, hymnes, etc., sont notés
sur lignes rouges.

On y ajoute à la fin 27 ff. manuscrits du xvi° siè-
cle, sur papier, avec musique notée, contenant des
offices qui ne se trouvent pas dans le corps du
livre, en outre trois gravures du même temps,
placées l’une en tête du missel, les deux autres à la
fin. Ces gravures sur métal, qui représentent sainte
Barbe, sainte Catherine et deux autres saints ap-
partiennent à ce qu’on a nommé l’École de St-Trond.

Dans son ensemble ce volume est un des plus
coquets spécimens de l’art typographique au
xvi° siècle-

732. Graduale cartusiense. [Gra-

duel de l’ordre des Chartreux], in-40,
reliure moderne en chagrin noir,
agrafes en cuivre, filets à froid.

Manuscrit du xive siècle, sur vélin, avec musique
notée en plain-chant ; initiales contenant de petites
miniatures, lettrines peintes, majuscules ornées,
vignettes, quelques arabesques; à la p. 342, le
Perron de Liège, marque de provenance qui con-
firme la teneur de Yexplicit : Explicit graduale
secundum ordinem cartusiensem, scriptum in
domo montis omnium apostolorum et comple-
tum anno domini m. cc. Ixvij, in mense julio.
Il s’agit de la chartreuse de Liège au Mont-Cornil-
lon, et ce livre est un des premiers qui ont été
écrits dans cette maison où les Chartreux n’étaient
installés que depuis 1360, comme l’indique cette
annotation du calendrier (au 5 juin) : Incepei~unt
carthusii inhabitare locum istum anno mccclx.
transactis annis Ixx. a recessu monachorum de
Bealrepgr. Cela s’accorde avec les récits des histo-
riens , qui placent toutefois cette translation au
4 juin 1360. Beaurepaire, successivement occupée
par les Cordeliers, des Cisterciens et enfin des Pré-
montrés qu’y avait établis Albéron I. en 1123, fut
abandonnée par ces derniers en 1288, en même
temps qu’on transformait le Mont-Cornillon en cita-
delle. Un peu après, Jean de Brabant, donna tous
ses biens au chapitre de St-Jacques, qui résigna ce
legs entre les mains de l’évêque. Engelbert de La
Mark, en 1345. Le défunt ayant manifesté, dans
l’acte qui contenait ses dernières volontés, l’inten-
tion de fonder une chartreuse, Engelbert de La
Mark crut ne pouvoir mieux répondre à ce désir
qu’en donnant aux Chartreux le château et la cita-
delle du Mont-Cornillon qu’il plaça sous le patro-
nage des Douze Apôtres. La chartreuse fut bâtie
en 1357. Le manuscrit se compose de 203 feuillets
sans lacunes, mais numérotés avec quelque négli-
gence au xvie siècle : Il s’ouvre par trois pages
d’instructions relatives aux fêtes mobiles, à la re-
cherche des deux cycles, du nombre d’or, de la
lettre dominicale, etc. Le calendrier occupe les
3 feuillets suivants. On y a inscrit en bleu, après
coup, les saints particuliers au diocèse de Liège.
Viennent ensuite une instruction du xvie siècle sur
la neumation (2 pages) et, enfin, le Graduel, pro-
prement dit. Conservation à peu près irréprochable.
On a collé sur la garde finale un fragment de par-
chemin du xii° siècle, contenant au recto l’épître
et l’évangile de la veille de l'Assomption, et au
verso une antienne de l’office des morts notée en
neumes pures.

796. Gheestelycke Liedekens.—Re-
cueil de poésies flamandes et latines,
in-i2(H. 14c.; L. 10 c.), veau.brun
ancien à filets, fleurons au dos.

Manuscrit de 173 ff. dont une dizaine en vélin
et. 17 restés en blanc dans le corps de l’ouvrage.
Il porte on un endroit la date de 1527, mais cer-
taines parties sont un peu antérieures au xvi° siècle.
On y trouve des vers, de la musique, des gravures,
des miniatures, dont nous parlerons en leur place,
car ce recueil mérite, comme on verra, une descrip-
tion plus détaillée.

En tête on a écrit à rebours la solution des
énigmes latines qui occupent les pages 2-5. Puis
un Refreyn en vers paronomastiques. Les f°s 7-14
 
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