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des sombres boutiques des rues et des échop-
pes dépenaillées des ruelles, surgissait la re-
doutable milice des Métiers et des Corpora-
tions armées. Gildemans du Hand et du
Voetboog, archers et arbalétriers — arbitres en
ce temps du sort des batailles — portant l’arc
solide en bois de frêne ou la pesante arbalète ;
accompagnés de leurs Knapen chargés des
carquois de guerre bondés de viretons et de
carreaux, rendant à chaque pas un bruit sinis-
tre ; Schermers, aux espadrons flamboyants
de six pieds de haut, qui feront la trouée dans
la muraille vivante aux corselets de fer; Col-
veniers redoutables, allumant aux derniers
tisons du foyer domestique la longue mèche
qui s’enroule autour de leur bras ; toute la
redoutable « piétaille » flamande , enfin ,
allant courir sus aux Leliaerts.
Le tocsin de la banklok constituait pour
nos vaillants Clauwaarts le bardit germa-
nique des compagnons d’Ambiorix. A cet
appel suprême de la patrie, ils savaient qu’il
s’agissait de défendre au prix de leur sang
leurs privilèges, leur liberté. Les rues s’em-
plissaient de combattants impatients de l’at-
taque, leurs visages étaient sombres et farou-
ches mais ils souriaient quand il fallait
mourir.
VI.
Le programme de la journée du dimanche
19 août,par ses dispositions plantureusement
touffues, était vraiment « rubénien »; il en-
combrait neuf pages entières du Livret rose
officiel.
A neuf heures précises, dans vingt huit
locaux désignés se réunissaient, pour se for-
mer en corps Place de la Commune , les
diverses Sociétés de jeux, accourues de toutes
les provinces et même de l’étranger, depuis
les antiques Serments de l’arc, de la grande
et de la petite arbalète jusqu’aux « prud’hom-
mesques » et inoffensives phalanges d’ama-
teurs du Krulbol, du Vogelpik, de canaris et
de la pêche à la ligne.
L’interminable cortège se dirigea vers
l'Hôtel de ville où les prix alloués par le Con-
seil échevinal furent confiés aux Présidents
des Sociétés directrices.
Ce défilé attire toujours la foule ; quelle
famille de la petite bourgeoisie n’y compte
pas l’un de ses membres parmi les lutteurs?
Il n’est point, à notre avis, de véritable fête
flamande sans cet appoint d’éléments pitto-
resques. Nous aimons le fouilli de cet omme-
gang original et bizarre, traversant fièrement
les rues bondées de spectateurs sympatiques
qu’« ébaudissent » ses tambours battants, sa
cacophonie d’instrumentistes de bonne vo-
lonté, ses Keersen ou torchères, parfois his-
toriques ; ses oriflammes brodées d’or — bien
souvent remarquables œuvres d’art — aux
hampes garnies d’innombrables médailles ;
ses Rois et ses Présidents rengorgés avec une
gravité comique dans ces riches colliers, dont
nos Musées s’enorgueillissent de conserver
les spécimens; ses alléchants cartels enfin,
où s’étale — sur champ d’azur — l’argenterie
communale, battant neuve, qui deviendra,
dans quelques heures, le prix envié du plus
adroit ou du plus heureux.
Les rayons d’un chaud soleil ajoutaient
encore à l’éclat de toutes ces paillettes et de
toutes ces dorures. Du balcon de la Société
de la Concorde, place de Meir, d’où nous
contemplions le cortège, il nous apparaissait
comme un long serpent à la robe diaprée de
toutes les couleurs du prisme. Ses ondulations,
mobilisées à chaque seconde, allaient enfin
s’engouffrer et se perdre sous le colossal Arc
de triomphe — inspiré de ceux qu’imagina
Rubens pour la J oyeuse-Entrée du Cardinal-
Infant — dont la «robustesse» architecturale
se dressait devant nous.
Franchement, nous avons regretté le len-
demain, à l’inauguration du buste de Rubens
au Musée; au Te Deum; à Saint-Jacques au
tombeau du maître anversois; les mille ban-
nières des Gildes. Ce naif et loyal appoint
populaire eut relevé encore le magnifique et
solennel hommage rendu à sa mémoire par
les pouvoirs publics, les artistes et les lettrés
délégués par les grandes institutions artisti-
ques Européennes.
Ignore-t-on que de son vivant Rubens se
délectait à voir passer, enseignes déployées
et tambours battants, ses voisins les Colve-
niers et recevait en souriant le salut de leurs
Alfères.
A l’appui de notre remarque nous invo-
querons un précédent glorieux : à Florence,
au quatrecentième anniversaire de Michel-
Ange en 1875, les délégués des villes et des
corporations avec leurs Gonfanons diaprés
précédèrent à Santa Croce, à la Via Ghibel-
lina et au Piaq\ale le cortège officiel des re-
présentants des Académies italiennes et étran-
gères.
Nous avons retrouvé ensuite cette masse
d’oriflammes pieusement déposés par les dé-
putations dans l’une des salles de Y Académie
des Beaux-Arts de la Via Ricasoli à Flo-
rence. Nous avions déjà rencontré à Venise
une salle tapissée des bannières portées par
les députations des villes italiennes au cortège
des funérailles de Daniel Manin.
VII.
Nous ne parlerons pas du Concours inter-
national de chant d'ensemble organisé sous
les auspices de la ville par le Cercle Albert
Grisar, auquel quarante-sept sociétés belges,
françaises allemandes et néerlandaises prirent
part. Les délégués de ces Liedertafelen
concurrentes se réunissaient également à
9 heures à la Station du chemin de fer de
l’Etat pour se rendre à l’Hôtel de ville où ils
furent reçu par l’inlàtigable bourgmestre et
les membres du collège échevinal.
Une heure plus tard, à dix heures, se rou-
vrait — car l’ouverture officielle avait été
faite anticipativement la veille — le Musée
Plantin-Moretus, marché du Vendredi;
à 10 1/2 heures, rue des Aveugles, l’on inau-
gurait l’Exposition de gravures d’après les
œuvres de Rubens, de dessins autographes
du maître et d’objets lui ayant appartenu,
organisée sous le patronage de la ville par
Y Académie dé archéologie de Belgique; en-
fin, à 11 heures, dans les salles de la rue de
Vénus, l’Exposition de tableaux et d’objets
d’art ancien, due à l’initiative de la Société
pour l'encouragement des Beaux-Arts,
ouvrait ses portes.
Avions-nous tort de signaler tout-à-l’heure
le pléthorique ordre du jour du dimanche
19 août. N’oublions pas, qu’à 10 heures éga-
lement, s’ouvrait sous les auspices de la So-
ciété agricole du Nord, une magnifique
exhibition d’instruments oratoires et de pro-
duits agricoles et horticoles. Le portique
d’entrée en forme d’arc de triomphe, du style
Rubénien, était vraiment remarquable.
L’inauguration de l’Exposition des gravures
de l’œuvre de Rubens et celle de l’Exposition
d’œuvres anciennes, se sont faites modeste-
ment, sans bruit ni discours. A l’heure dite,
les portes ont été ouvertes au public et le
public par son empressement a bien montré
que là surtout se. condensait la valeur future
et l’intérêt artistique des festivités du trois
centième anniversaire de Rubens.
Le catalogue de l’Exposition de gravures
est un véritable document historique : la col-
laboration de MM. Alvin, Ruelens, Henri
Hymans, Rombouts etc. en a fait une nomen-
clature à côté de laquelle s’effacent désormais
Basan, Smith et Voorhelm-Scheevoogt.
L’impression première, quand on embrasse
l’ensemble de ce Musée — nous soulignons
le mot — est une admiration respectueuse
illimitée pour l’artiste de génie qui, dans le
cours d’une existence relativement courte, a
fait jaillir de son cerveau tant de composi-
tions magistrales et grandioses, en même
temps qu’un choix si riche et si varié d’œu-
vres, accessoires et un nombre aussi considé-
rable d’impressions fugitives où toujours
l’on reconnaît la griffe au lion.
La bible, la mythologie, l’histoire, le ro-
man, l’ont inspiré tour à tour, c’est là que
nous pouvons admirer le vol audacieux de
l’aigle. Le portrait, le genre, le paysage, les
animaux, l’architecture, l’ornementation la
gravure à l’eau-forte même, nous montrent
sous autant de multiples aspects,l’inimitable
virtuose du pinceau et le naturaliste par ex-
cellence.
Si l’Exposition organisée par Y Académie
d'archéologie de Belgique à mis en relief la
facilité inouïe et l’inépuisable verve du co-
losse Anversois, elle a fourni en même temps
à l’art chalcographique et xylogliphique en
général et à l’école néerlandaise de gravure
en particulier, l’un de ses plus incontestables
et de ses plus savoureux triomphes.
Le salon rétrospectif de la Société pour
l'Encouragement des Beaux-Arts était d’une
richesse peu commune. Il y avait, il est vrai,
pas mal de grains de sable : on avait fait «trop
de zèle » à l’endroit des œuvres inédites de
l’immortel jubilaire, mais par contre, que de
perles de la plus belle eau! S. M. Léopold II
avait envoyé les fameuses Têtes de lions, Le
Christ vainqueur du mal et Le Christ appa-
raissant à Sle- Thérèse, œuvres authentiques
de l’anversois ; un Paysage de Meindert Hob-
bema et le portrait de François Du Quesnoy
par van Dyck complétaient l’envoi royal.
Les portraits de van Dyck abondaient.
Il y avait d’abord,le grand et beau portrait
appartenant à M. Alvin; cet amateur avait
encore envoyé la « ressemblance » du Domi-
nicain Michel Ophovius confesseur de Ru-
bens, par son illustre pénitent. Celui de
Messire Pierre Roose, Président du Grand
Conseil de Malines — dont l’Hôtel, en pur
style « Rocaille, » de la place de Meir sert ac-
tuellement de résidence Royale, — envoyé par
M. le comte de Beauffort,Gouverneur de la
Province de Namur. Puis, venait un su-
perbe portrait anonyme en possession du
ministre de S. M. Britannique à Bruxelles,
sir John Savile Lumley; un autre delà Fille
de Charles Ier appartenant à M. Koninckx-
van de Wouwer. Ajoutons au compte de
van Dyck une délicieuse grisaille offrant les
traits d’Adrien van Stalbemt — comme Jor-
daens enterré à Putte—dont le médaillon en
bronze fait pendant à celui de Jan de Paepe
aux faces latérales du monument inauguré
le 22 août dernier à la mémoire de lemule
de Rubens. Mentionnons encore une Tête de
moine, à M. van Roeij ; un portrait de
des sombres boutiques des rues et des échop-
pes dépenaillées des ruelles, surgissait la re-
doutable milice des Métiers et des Corpora-
tions armées. Gildemans du Hand et du
Voetboog, archers et arbalétriers — arbitres en
ce temps du sort des batailles — portant l’arc
solide en bois de frêne ou la pesante arbalète ;
accompagnés de leurs Knapen chargés des
carquois de guerre bondés de viretons et de
carreaux, rendant à chaque pas un bruit sinis-
tre ; Schermers, aux espadrons flamboyants
de six pieds de haut, qui feront la trouée dans
la muraille vivante aux corselets de fer; Col-
veniers redoutables, allumant aux derniers
tisons du foyer domestique la longue mèche
qui s’enroule autour de leur bras ; toute la
redoutable « piétaille » flamande , enfin ,
allant courir sus aux Leliaerts.
Le tocsin de la banklok constituait pour
nos vaillants Clauwaarts le bardit germa-
nique des compagnons d’Ambiorix. A cet
appel suprême de la patrie, ils savaient qu’il
s’agissait de défendre au prix de leur sang
leurs privilèges, leur liberté. Les rues s’em-
plissaient de combattants impatients de l’at-
taque, leurs visages étaient sombres et farou-
ches mais ils souriaient quand il fallait
mourir.
VI.
Le programme de la journée du dimanche
19 août,par ses dispositions plantureusement
touffues, était vraiment « rubénien »; il en-
combrait neuf pages entières du Livret rose
officiel.
A neuf heures précises, dans vingt huit
locaux désignés se réunissaient, pour se for-
mer en corps Place de la Commune , les
diverses Sociétés de jeux, accourues de toutes
les provinces et même de l’étranger, depuis
les antiques Serments de l’arc, de la grande
et de la petite arbalète jusqu’aux « prud’hom-
mesques » et inoffensives phalanges d’ama-
teurs du Krulbol, du Vogelpik, de canaris et
de la pêche à la ligne.
L’interminable cortège se dirigea vers
l'Hôtel de ville où les prix alloués par le Con-
seil échevinal furent confiés aux Présidents
des Sociétés directrices.
Ce défilé attire toujours la foule ; quelle
famille de la petite bourgeoisie n’y compte
pas l’un de ses membres parmi les lutteurs?
Il n’est point, à notre avis, de véritable fête
flamande sans cet appoint d’éléments pitto-
resques. Nous aimons le fouilli de cet omme-
gang original et bizarre, traversant fièrement
les rues bondées de spectateurs sympatiques
qu’« ébaudissent » ses tambours battants, sa
cacophonie d’instrumentistes de bonne vo-
lonté, ses Keersen ou torchères, parfois his-
toriques ; ses oriflammes brodées d’or — bien
souvent remarquables œuvres d’art — aux
hampes garnies d’innombrables médailles ;
ses Rois et ses Présidents rengorgés avec une
gravité comique dans ces riches colliers, dont
nos Musées s’enorgueillissent de conserver
les spécimens; ses alléchants cartels enfin,
où s’étale — sur champ d’azur — l’argenterie
communale, battant neuve, qui deviendra,
dans quelques heures, le prix envié du plus
adroit ou du plus heureux.
Les rayons d’un chaud soleil ajoutaient
encore à l’éclat de toutes ces paillettes et de
toutes ces dorures. Du balcon de la Société
de la Concorde, place de Meir, d’où nous
contemplions le cortège, il nous apparaissait
comme un long serpent à la robe diaprée de
toutes les couleurs du prisme. Ses ondulations,
mobilisées à chaque seconde, allaient enfin
s’engouffrer et se perdre sous le colossal Arc
de triomphe — inspiré de ceux qu’imagina
Rubens pour la J oyeuse-Entrée du Cardinal-
Infant — dont la «robustesse» architecturale
se dressait devant nous.
Franchement, nous avons regretté le len-
demain, à l’inauguration du buste de Rubens
au Musée; au Te Deum; à Saint-Jacques au
tombeau du maître anversois; les mille ban-
nières des Gildes. Ce naif et loyal appoint
populaire eut relevé encore le magnifique et
solennel hommage rendu à sa mémoire par
les pouvoirs publics, les artistes et les lettrés
délégués par les grandes institutions artisti-
ques Européennes.
Ignore-t-on que de son vivant Rubens se
délectait à voir passer, enseignes déployées
et tambours battants, ses voisins les Colve-
niers et recevait en souriant le salut de leurs
Alfères.
A l’appui de notre remarque nous invo-
querons un précédent glorieux : à Florence,
au quatrecentième anniversaire de Michel-
Ange en 1875, les délégués des villes et des
corporations avec leurs Gonfanons diaprés
précédèrent à Santa Croce, à la Via Ghibel-
lina et au Piaq\ale le cortège officiel des re-
présentants des Académies italiennes et étran-
gères.
Nous avons retrouvé ensuite cette masse
d’oriflammes pieusement déposés par les dé-
putations dans l’une des salles de Y Académie
des Beaux-Arts de la Via Ricasoli à Flo-
rence. Nous avions déjà rencontré à Venise
une salle tapissée des bannières portées par
les députations des villes italiennes au cortège
des funérailles de Daniel Manin.
VII.
Nous ne parlerons pas du Concours inter-
national de chant d'ensemble organisé sous
les auspices de la ville par le Cercle Albert
Grisar, auquel quarante-sept sociétés belges,
françaises allemandes et néerlandaises prirent
part. Les délégués de ces Liedertafelen
concurrentes se réunissaient également à
9 heures à la Station du chemin de fer de
l’Etat pour se rendre à l’Hôtel de ville où ils
furent reçu par l’inlàtigable bourgmestre et
les membres du collège échevinal.
Une heure plus tard, à dix heures, se rou-
vrait — car l’ouverture officielle avait été
faite anticipativement la veille — le Musée
Plantin-Moretus, marché du Vendredi;
à 10 1/2 heures, rue des Aveugles, l’on inau-
gurait l’Exposition de gravures d’après les
œuvres de Rubens, de dessins autographes
du maître et d’objets lui ayant appartenu,
organisée sous le patronage de la ville par
Y Académie dé archéologie de Belgique; en-
fin, à 11 heures, dans les salles de la rue de
Vénus, l’Exposition de tableaux et d’objets
d’art ancien, due à l’initiative de la Société
pour l'encouragement des Beaux-Arts,
ouvrait ses portes.
Avions-nous tort de signaler tout-à-l’heure
le pléthorique ordre du jour du dimanche
19 août. N’oublions pas, qu’à 10 heures éga-
lement, s’ouvrait sous les auspices de la So-
ciété agricole du Nord, une magnifique
exhibition d’instruments oratoires et de pro-
duits agricoles et horticoles. Le portique
d’entrée en forme d’arc de triomphe, du style
Rubénien, était vraiment remarquable.
L’inauguration de l’Exposition des gravures
de l’œuvre de Rubens et celle de l’Exposition
d’œuvres anciennes, se sont faites modeste-
ment, sans bruit ni discours. A l’heure dite,
les portes ont été ouvertes au public et le
public par son empressement a bien montré
que là surtout se. condensait la valeur future
et l’intérêt artistique des festivités du trois
centième anniversaire de Rubens.
Le catalogue de l’Exposition de gravures
est un véritable document historique : la col-
laboration de MM. Alvin, Ruelens, Henri
Hymans, Rombouts etc. en a fait une nomen-
clature à côté de laquelle s’effacent désormais
Basan, Smith et Voorhelm-Scheevoogt.
L’impression première, quand on embrasse
l’ensemble de ce Musée — nous soulignons
le mot — est une admiration respectueuse
illimitée pour l’artiste de génie qui, dans le
cours d’une existence relativement courte, a
fait jaillir de son cerveau tant de composi-
tions magistrales et grandioses, en même
temps qu’un choix si riche et si varié d’œu-
vres, accessoires et un nombre aussi considé-
rable d’impressions fugitives où toujours
l’on reconnaît la griffe au lion.
La bible, la mythologie, l’histoire, le ro-
man, l’ont inspiré tour à tour, c’est là que
nous pouvons admirer le vol audacieux de
l’aigle. Le portrait, le genre, le paysage, les
animaux, l’architecture, l’ornementation la
gravure à l’eau-forte même, nous montrent
sous autant de multiples aspects,l’inimitable
virtuose du pinceau et le naturaliste par ex-
cellence.
Si l’Exposition organisée par Y Académie
d'archéologie de Belgique à mis en relief la
facilité inouïe et l’inépuisable verve du co-
losse Anversois, elle a fourni en même temps
à l’art chalcographique et xylogliphique en
général et à l’école néerlandaise de gravure
en particulier, l’un de ses plus incontestables
et de ses plus savoureux triomphes.
Le salon rétrospectif de la Société pour
l'Encouragement des Beaux-Arts était d’une
richesse peu commune. Il y avait, il est vrai,
pas mal de grains de sable : on avait fait «trop
de zèle » à l’endroit des œuvres inédites de
l’immortel jubilaire, mais par contre, que de
perles de la plus belle eau! S. M. Léopold II
avait envoyé les fameuses Têtes de lions, Le
Christ vainqueur du mal et Le Christ appa-
raissant à Sle- Thérèse, œuvres authentiques
de l’anversois ; un Paysage de Meindert Hob-
bema et le portrait de François Du Quesnoy
par van Dyck complétaient l’envoi royal.
Les portraits de van Dyck abondaient.
Il y avait d’abord,le grand et beau portrait
appartenant à M. Alvin; cet amateur avait
encore envoyé la « ressemblance » du Domi-
nicain Michel Ophovius confesseur de Ru-
bens, par son illustre pénitent. Celui de
Messire Pierre Roose, Président du Grand
Conseil de Malines — dont l’Hôtel, en pur
style « Rocaille, » de la place de Meir sert ac-
tuellement de résidence Royale, — envoyé par
M. le comte de Beauffort,Gouverneur de la
Province de Namur. Puis, venait un su-
perbe portrait anonyme en possession du
ministre de S. M. Britannique à Bruxelles,
sir John Savile Lumley; un autre delà Fille
de Charles Ier appartenant à M. Koninckx-
van de Wouwer. Ajoutons au compte de
van Dyck une délicieuse grisaille offrant les
traits d’Adrien van Stalbemt — comme Jor-
daens enterré à Putte—dont le médaillon en
bronze fait pendant à celui de Jan de Paepe
aux faces latérales du monument inauguré
le 22 août dernier à la mémoire de lemule
de Rubens. Mentionnons encore une Tête de
moine, à M. van Roeij ; un portrait de